Rétrospective 2019

J'avais terminé 2018 sur les rotules. Il a fallu se relever.


En 2019 :

  • j'ai cessé de considérer ma dépression comme une simple affectation de caractère, et plus comme une maladie plombante dont je pouvais peut-être me détacher. Sans compter les soutiens combinés de ma compagne et de ma mère, j'ai eu recours à plusieurs dispositifs :
    • la prise de microdoses de LSD de janvier à avril ;
    • la prise d'antidépresseurs, et occasionnellement d'anxiolytiques, depuis le mois d'avril ;
    • la prise de mélatonine, pour réguler le sommeil, depuis le mois d'octobre ;
    • le suivi régulier d'une généraliste bienveillante ;
    • la poursuite d'un diagnostic d'autisme auprès d'une psychiatre ;
    • l'utilisation de LeechBlock, un bloqueur autorégulé de sites web, pour casser mes consultations machinales de Google News, Facebook, Twitter, Pitchfork et A.V. Club.
    L'équilibre semble parfois précaire, mais les pires symptômes se sont résorbés :
    • les fantasmes suicidaires les plus prégnants ;
    • le fait de me frapper au visage ;
    • les crises de larmes ;
    • le déni de la souffrance ;
    • l'enfermement et l'isolement social ;
    • le sentiment d'imposture face à la dépression ;
    • le manque de confiance en mes propres pensées ;
    • la peur d'inquiéter, d'être perçue comme faible ou demandeuse d'attention, etc.
    Restent plusieurs manifestations, causes ou conséquences, qui compliquent le quotidien :
    • une apathie étendue, des sens émoussés, un plaisir difficile à convoquer ;
    • une motivation généralement faible, une inspiration en berne ;
    • de fortes réticences à accepter la moindre validation ;
    • des troubles du sommeil ;
    • des rêves peu créatifs ;
    • un détachement difficile du travail et du quotidien, en particulier au coucher ;
    • un désir de préserver le mal-être en tant que composante essentielle de ma personne.

  • j'ai développé mon activité de photographie, en m'installant pour neuf mois dans un studio de travail, en réalisant une nouvelle série de light painting, en m'aventurant dans les portraits, en échangeant avec un laboratoire dont les impressions répondent à mes exigences, en participant à une exposition, en animant un atelier public, et en commençant à vendre des tirages ;

  • j'ai consolidé mon site avec de nombreuses fonctionnalités significatives, codées à la main et plus ou moins apparentes, dont la nouvelle navigation entre les galeries photo, le système de galeries privées, et le lazy-loading pour les images volumineuses ;

  • j'ai poursuivi mon carnet de notes culturelles, bien qu'avec moins d'assiduité qu'auparavant, et par ailleurs j'ai participé au podcast La Troisième Rangée en tant qu'invitée ;

  • j'ai abandonné mon dual-boot Linux/Windows au profit de Linux seul... mais je ne tarderai plus à faire machine arrière, afin de pouvoir jouer sans obstacle de compatibilité ;

  • j'ai adopté un nouveau prénom, et mis à jour les divers documents en rapport ;

  • je me suis sentie désirable en tant que femme, et c'est assez chouette ;

  • j'ai marché pour neuf jours de randonnée, en passant d'ailleurs ma première nuit sous tente ;

  • j'ai été accueillie dix jours par ma cousine et sa famille, beignets de batailles et de rêves ;

  • je n'ai pas réussi à plus m'investir dans la calligraphie, mais j'ai découvert le point de croix ;

  • j'ai donné et reçu une partie de moi au cours d'un week-end aux tonalités hippies ;

  • j'ai assisté à un concert déchaîné des Portron Portron Lopez ;

  • j'ai progressé avec acharnement sur Crypt of the Necrodancer, ça vaut ce que ça vaut ;

  • j'ai intégré une équipe de bénévoles qui mènent des maraudes dans le bois de Vincennes ;

  • j'ai continué de cuisiner régulièrement ;

  • je n'ai pas pris l'avion une seule fois, par choix ;

  • j'ai maintenu mon régime végétarien, avec d'exceptionnelles transgressions ;

  • j'ai passé une dizaine de commandes Amazon, bien trop par rapport à mes velléités de boycott ;

  • je me suis fait décolorer les cheveux pour un gris-bleu, à ce jour j'ai zéro regret ;

  • j'ai pris des distances avec mon père, en attendant que soient résolus des griefs de longue date ;

  • j'ai accumulé un retard phénoménal dans mes correspondances, alors que tous les jours je m'interroge sur ce à quoi pourrait ressembler le quotidien si j'arrivais à communiquer avec Ronnie, Maud, Fabrice, Marie, Patrick, Charlotte, Victor, Lorène, Robin, Alina, Nathanaël, Manuel, Servann, Leïla, Chloé, à la hauteur de la curiosité et de l'estime que je leur porte ;

  • j'ai décidé, au regret de ma compagne, de mettre fin à notre couple, après trois années d'épreuves, de joies, d'idées et de bêtise partagées.


Je suis à peu près debout, mais ça n'aura d'intérêt que lorsque je parviendrai à danser.