La Défense sans pareil de la forteresse Deutschkreutz (1967)

En 1962, Herzog finissait de monter son premier court-métrage, Herakles. L'expérience affermit sa volonté de consacrer sa vie au cinéma, mais ne l'encourage nullement à s'enfermer chez lui pour plancher sur son prochain script. Au contraire, du haut de ses vingt ans, conscient des limites de ses connaissances du monde encore plus que du savoir-faire cinématographique qui lui reste à acquérir, il laisse libre cours à…

Les huit salopards (2015)

Alors parce qu'il y a des têtes qui explosent et des couilles en bouillie je devrais me marrer, c'est ça ? Contrairement à Django Unchained, dont les deux passages les plus marquants (le pugilat mandingo et l'esclave dévoré par les chiens) voyaient enfin Tarantino s'essayer au suggéré, et avec réussite, pour imprimer dans l'esprit du spectateur la malfaisance absolue de l'esclavagisme, The Hateful Eight se vautre da…

Pink Floyd: The Wall (1982)

Alan Parker fait de son mieux pour adapter l'opéra rock de Roger Wat... de Pink Floyd, mais le résultat, souvent trop proche d'une succession de clips qui n'aurait rien à faire dans un cinéma, reflète de façon gênante le sentiment de *self-indulgence* que me laisse l'album à chaque nouvelle écoute. L'imagerie surréaliste, dopée aux cauchemars symboliques, colle fidèlement à l'ambiance musicale sombre et psychédéliqu…

La chambre interdite (2015)

C'est amusant, parce que je ne connaissais rien du film avant d'entrer dans la salle, rien en-dehors du titre déformé sur l'affiche promotionnelle et des avis (partagés) de mes éclaireurs, avec un mot-clé qui revenait souvent et m'a ultimement convaincu de me déplacer : "rêve". Collaboration du centre Pompidou ? Résurrection de films disparus ? Tournage en public ? Guy Maddin ? Nada, je savais rien du contexte pourt…

Rosetta (1999)

Je voulais m'assurer avec leur première Palme que j'avais bien compris ce que faisaient les Dardenne. Sans surprise ni animosité, je me suis donc ennuyé devant Rosetta. Ou plus exactement, j'ai froidement examiné la mise en scène des deux frères au début du film, et je classais ma musique vers la fin. On ne peut pas les prendre en défaut sur la cohérence de leur démarche naturaliste, ni sur leur attention portée à u…

Touristes (2012)

Après Down Terrace et Kill List du même Ben Wheatley, la surprise face aux éléments de thriller qui s'insinuent dans le cinéma social anglais est toute relative. Contrairement aux deux précédents, Sightseers reste fidèle jusqu'au bout à sa première inspiration (la romance plutôt que les meurtres), mais c'est aussi là qu'on commence à voir les limites du procédé : en empilant les cadavres, le scénario n'en dévoile pa…

Autopsie d'un meurtre (1959)

Deux ans après 12 Angry Men, Otto Preminger se penche sur le film de procès, continuant d'ignorer les éléments les plus sensationnels tels que l'arrestation, la reconstitution du crime (tout ce qui a rapport avec l'exécutif, en fait) ainsi que les plaidoiries des avocats. Comme l'indique particulièrement le premier tiers du film, hors chambres, consacré à la présentation des personnages avant leur confrontation avec…

Toto et ses sœurs (2014)

Un témoignage intime et sans concession sur la désintégration d'une famille roumaine, perdue dans une banlieue déshéritée de Bucarest. Papa est au diable vauvert, maman est en prison, la grande sœur se shoote à l'héro, la petite se réfugie chez ses copines, et Totonel, du haut de ses dix ans, tente d'éviter son propre naufrage. Le contexte est violemment morbide, mais le docu fait la part belle aux éclairs d'espoir …

Le garçon et la bête (2015)

Toujours peu de poésie chez Hosoda, ce qui fera grincer des dents les esprits fixés sur les productions Ghibli, mais Le Garçon et la Bête n'en est pas pour autant dénué de message. La première heure, assez poussive, est consacrée à l'introduction de personnages somme toute archétypaux, et d'une mythologie fantastique plutôt inoffensive. Hosoda a parfois la main lourde pour exprimer des sentiments et n'hésite pas à f…

Gaz de France (2015)

Il est tentant d'évoquer La fille du 14 juillet pour se réjouir des quelques auteurs qui s'échinent à élargir les horizons de la comédie (qu'elle soit française ou non, en fait), mais la comparaison tournerait court. Peretjatko faisait preuve d'une exubérance parfois épuisante, et dans une certaine mesure Forgeard est tout aussi généreux, mais c'est bien plus la recherche de minimalisme qui prime ici. Économie de ré…

La chevauchée fantastique (1939)

Il y a une diligence qui doit aller d'un point A à un point B, on nous dit qu'il y aura des indiens et effectivement il y en a, voilà-voilà. Je me suis jamais senti concerné par les personnages archétypaux ni l'histoire en général, relativement creuse. Vu tout le temps que la caméra passe dans le véhicule à filmer les acteurs discuter, et que le conducteur parle d'un passage neigeux (qui n'arrivera jamais) je me dem…

Jeremiah Johnson (1972)

Into the Wild unrated pour un Robert Redford brut (mais parfaitement coiffé, faut pas déconner non plus). Plus solitaire que jamais, il tente d'échapper aux emmerdes de la civilisation en partant pour un camping prolongé dans les Rocheuses. Rencontre après rencontre, il itinère au sein d'extérieurs à tomber par terre, forêt enneigée ou rêche aridité, en veux-tu en voilà. Point d'orgue au milieu du film, il monte sa …

T'aime (2000)

Ouah je comprends pas cette quantité écrasante de notes impitoyables. Patrick Sébastien, je me moque de lui pas moins que n'importe qui, mais tout n'est pas à jeter dans son seul et unique film, et je dirais même qu'il y a plus à garder qu'à jeter. Ce qui prime d'emblée, c'est la sincérité du projet, dans le jeu des acteurs, dans le personnage no-bullshit de Patrick, dans le premier degré absolu du scénario. Que ce …

Cobain: Montage of Heck (2015)

Je pensais que ce Montage of Heck serait garant d'un minimum d'expérimentation cinématographique. Et je croyais que ce Kurt Cobain allait enfin me faire comprendre ce que le martyr blondinet avait de génial, n'ayant jamais cerné pourquoi les foules se pâmaient devant ses gémissements dépressifs. Je confesse pourtant, avec un sourire en coin attendri et condescendant envers mon adolescence tendrement acnéique, une ph…

Herakles (1962)

La légende veut que Werner Herzog, quelque part vers la fin de son adolescence, ait fait acquisition de sa première caméra 35mm en piochant dans les réserves de l'École du film de Munich. Sans autorisation de prêt. Et sans jamais y avoir étudié le cinéma, en fait. « À mes yeux, ce n'était pas du vol. C'était une nécessité. J'avais un genre de droit naturel à posséder une caméra, un outil pour travailler. » Il racont…

Star Wars: Épisode VII - Le réveil de la Force (2015)

Le meilleur depuis la trilogie originale Le meilleur depuis la reprise de la franchise par Disney Kevin Feige : "À quand un cross-over ?" La meilleure 3D depuis 007 Spectre (oh wait) Et le meilleur rôle de Daniel Craig depuis Skyfall Bill Weasley dans le rôle de Hitler Lupita Nyong'o dans le rôle de Andy Serkis Le First Order dans le rôle de l'Empire La République ? lol Kylo pas content, K…

From What Is Before (2014)

5h38 de cinéma philippin. Et pourtant ce n'est pas la durée qui m'a gêné. Déjà... Lav Diaz serait-il sourd ? La prise de son est un désastre de proportions bibliques (en tout cas j'ai jamais entendu pire), c'est pas du tout égalisé entre les scènes. Et même souvent à l'intérieur d'une même séquence, il y a un seuillage dynamique (ou alors c'est comme ça que j'appellerais la chose si je l'avais inventée) qui fait …

007 Spectre (2015)

Je vais sauter quelques paragraphes déjà écrits ailleurs et passer directement à la scène de torture. Pourquoi la menace de ces perceuses de poche lobotomisantes se dégonfle-t-elle totalement une fois mise à exécution ? Ce qui aurait pu être un traumatisme pour Bond et les spectateurs prend des allures de pétard noyé dès que 007 saute de sa chaise et emballe Léa Seydoux. La minute clinquante qui suit confirme l'inco…

Le fils de Saul (2015)

8+, Cannes s'est planté sur la Palme mais pas sur le Grand Prix. En gros c'est Schindler sans mièvrerie et tourné avec l'intensité de Gravity. Pas grand-chose à voir avec une leçon d'histoire utile (que les détracteurs du film s'efforcent en vain de chercher), c'est plutôt un cauchemar claustro baigné dans l'horreur et la mort au-delà du tolérable. Pour proposer un autre parallèle foireux : ça s'appuie sur l'Holo…

Coups de feu dans la Sierra (1962)

Un western de bonne facture, qui se révèle plus malin que ses débuts ne le laissaient présager, mais ne surprend pas beaucoup pour autant (pour un public de 2015, en tout cas). Je ne m'explique pas pourquoi Peckinpah était déjà obsédé par la mélancolie de la vieillesse à 35 ans, mais il a malheureusement moins l'air de s'exprimer que de rapporter. Une poignée d'années plus tard, The Wild Bunch s'avérera plus authent…