Toujours peu de poésie chez Hosoda, ce qui fera grincer des dents les esprits fixés sur les productions Ghibli, mais Le Garçon et la Bête n'en est pas pour autant dénué de message. La première heure, assez poussive, est consacrée à l'introduction de personnages somme toute archétypaux, et d'une mythologie fantastique plutôt inoffensive. Hosoda a parfois la main lourde pour exprimer des sentiments et n'hésite pas à faire dire à ses héros ce qu'il était parvenu à montrer par leurs corps ou le cadre dès la première seconde, ce qui est regrettable. Le mixage son et les (humbles) effets visuels qui permettent à certaines scènes de se démarquer sauvent cette partie de l'ennui poli.
Il faut attendre la seconde moitié pour comprendre ce que veut raconter Hosoda, et le film en devient nettement plus intéressant. En mettant en scène une galerie de parias et en les faisant grandir d'un bout à l'autre de l'aventure (les adultes avec plus d'inertie que les enfants, mais eux aussi tout de même), il dessine une morale à contre-courant des coming-of-age classiques : ici, pas de destin universel, pas d'absolu à viser, pas de héros auquel se référer, sinon soi-même. L'apprentissage de Ren ne s'arrête pas à la quête de force, ni même à la recherche de savoir subséquente ; Hosoda balaye cette fausse dualité en montrant de plus en plus clairement que Ren est animé par un désir presque irrationnel de fuite, ainsi qu'une posture maladivement défensive, hérités de la perte de sa mère. De même, Ichirohiko, autant par son apparence que par ses actes, trahit un profond trouble d'identité inhérent à l'origin story finalement révélée. Contrairement aux apparences, le drame n'est donc pas dans les choix du présent, mais dans l'acceptation du passé. Si le film avait une morale, elle serait stoïcienne : appréhender mais aussi tolérer les changements qui se présentent à nous. Sachant qu'en plus, tout ce sous-texte se déroule sur fond d'action sympatoche et de boule de poil kawaii, je suis prêt à fermer les yeux sur les aspects maladroits déjà évoqués et encore présents, dont la répétition spectaculaire de références à Moby Dick, en fin de parcours littéralement grosses comme des paquebots.
Comme le film parle d'angoisses intérieures et des multiples attentes qu'on a de la vie et de nos propres choix, j'aurais intitulé ma critique "Black Holes and Expectations", ouais ouais.
Toujours peu de poésie chez Hosoda, ce qui fera grincer des dents les esprits fixés sur les productions Ghibli, mais Le Garçon et la Bête n'en est pas pour autant dénué de message. La première heure, assez poussive, est consacrée à l'introduction de personnages somme toute archétypaux, et d'une mythologie fantastique plutôt inoffensive. Hosoda a parfois la main lourde pour exprimer des sentiments et n'hésite pas à faire dire à ses héros ce qu'il était parvenu à montrer par leurs corps ou le cadre dès la première seconde, ce qui est regrettable. Le mixage son et les (humbles) effets visuels qui permettent à certaines scènes de se démarquer sauvent cette partie de l'ennui poli.
Il faut attendre la seconde moitié pour comprendre ce que veut raconter Hosoda, et le film en devient nettement plus intéressant. En mettant en scène une galerie de parias et en les faisant grandir d'un bout à l'autre de l'aventure (les adultes avec plus d'inertie que les enfants, mais eux aussi tout de même), il dessine une morale à contre-courant des coming-of-age classiques : ici, pas de destin universel, pas d'absolu à viser, pas de héros auquel se référer, sinon soi-même. L'apprentissage de Ren ne s'arrête pas à la quête de force, ni même à la recherche de savoir subséquente ; Hosoda balaye cette fausse dualité en montrant de plus en plus clairement que Ren est animé par un désir presque irrationnel de fuite, ainsi qu'une posture maladivement défensive, hérités de la perte de sa mère. De même, Ichirohiko, autant par son apparence que par ses actes, trahit un profond trouble d'identité inhérent à l'origin story finalement révélée. Contrairement aux apparences, le drame n'est donc pas dans les choix du présent, mais dans l'acceptation du passé. Si le film avait une morale, elle serait stoïcienne : appréhender mais aussi tolérer les changements qui se présentent à nous. Sachant qu'en plus, tout ce sous-texte se déroule sur fond d'action sympatoche et de boule de poil kawaii, je suis prêt à fermer les yeux sur les aspects maladroits déjà évoqués et encore présents, dont la répétition spectaculaire de références à Moby Dick, en fin de parcours littéralement grosses comme des paquebots.
Comme le film parle d'angoisses intérieures et des multiples attentes qu'on a de la vie et de nos propres choix, j'aurais intitulé ma critique "Black Holes and Expectations", ouais ouais.