La dernière tentation du Christ (1988)

La barbe... Les deux premières heures sont une relecture interminable du Nouveau Testament, qui est de base assez cucul et soporifique à côte de l'Ancien. Scorsese twiste un peu les choses en plaçant des doutes dans la bouche (ou la tête, voix off à l'appui) de l'ami Djeesus, mais c'est assez inoffensif. D'un point de vue narratif, j'avais l'impression d'une hésitation constante entre un drame américain continu et u…

Winnipeg mon amour (2007)

L'esthétique rétro de ce (plus ou moins) documentaire de Guy Maddin rappelle immanquablement The Forbidden Room, mais sans le côté ludique apporté par Evan "LSD" Johnson. En fait, le jugement pourrait porter sur tout le film, pas seulement sur son rendu visuel. Maddin mélange les faits historiques, les mythes, la fiction, les souvenirs, l'aventure, dans un bordel joyeux sur le papier, mais périodiquement lassant une…

La grande illusion (1937)

Le film de Renoir est très lié à son contexte de sortie, qui est bien différent de ce que la guerre ou les relations de classe peuvent être aujourd'hui (c'est du moins mon sentiment). Je ne sais du coup pas trop quoi en penser. Ça oui, il y a un message humaniste, grand et beau, la camaraderie et l'amour entre les peuples sont exaltés, et apparemment la guerre c'est pas qu'un truc immonde, il y a moyen de la fair…

Arizona Junior (1987)

Braillard et caricatural, le troisième film des frères Coen est leur plus esthétisé à ma connaissance. On y retrouve comme d'habitude Frances McDormand et une galerie de freaks, sans pour autant sacrifier à la sincérité des sentiments. C'est après tout la plus grande force de leurs scripts : gribouiller des personnages pourris d'une façon ou d'une autre, mais avec des marques d'humanité flagrantes. Hypocrites, incap…

High-Rise (2015)

Les morceaux de musique se succèdent sans continuité et ne parviennent jamais à bâtir une ambiance. Les personnages s'alternent sans connexion entre leurs intrigues, et sans laisser le temps auxdites intrigues de se développer ; même pour Tom Hiddleston qui a le plus de temps à l'écran, impossible de comprendre certains de ses choix, impossible de suivre où il se trouve par rapport à tel ou tel pantin du scénario. L…

Les Harmonies Werckmeister (2000)

Je ne sais pas à quand remonte la dernière fois où j'avais autant été impressionné par un travail de mise en scène. Et encore, c'est mon premier Béla Tarr, donc je ne doute pas que de nombreux détails m'aient échappé. Mais se dire d'emblée, en fin de séance, que le gars est constamment aussi tatillon et inventif que Kubrick ou PTA... Ça n'est pas le genre de jugement que je suis capable de formuler à la légère, et p…

Why Don't You Play in Hell? (2013)

Difficile de ralentir son cerveau au rythme de la réalité après ce délire déjanté de Sion Sono. Si un des personnages se retrouve avec de la cocaïne barbouillée sur le visage, qui plus est le réalisateur du film dans le film, ça n'a rien d'un hasard : c'est comme ça qu'on imagine Sono sur le tournage, et c'est aussi l'effet recherché sur le spectateur. Aucun sens profond, mais l'adrénaline, l'euphorie, la joie de po…

Rois et reine (2004)

Mon amour inconditionnel pour Mathieu Amalric n'est égalé que par mon incompatibilité avec les histoires d'Arnaud Desplechin. J'arrive vraiment pas à m'intéresser à ses personnages et à leurs péripéties intimes. Non que celles-ci ne tiennent pas debout... Quoique les dialogues ne soient pas toujours convaincants. Emmanuelle Devos particulièrement, son délivré bourgeois, son articulation coincée, c'est pas possible. …

Les roseaux sauvages (1994)

Je m'aperçois que je n'avais jamais vu un seul Téchiné. Ou alors si, dans la mesure où c'est pas très caractérisé par rapport au reste du cinéma français. Les Roseaux sauvages met en scène un carré amoureux d'adolescents provinciaux, sur fond de conflit franco-algérien. Ils se découvrent, ils se cherchent, ils hésitent, se renient, s'affirment, sexuellement, politiquement, socialement. Les familles respectives sont …

Un compagnon de longue date (1989)

Longtime Companion ne vole pas sa première place sur la liste SC des films parlant du sida, même si c'est évidemment très attaché à une période et une population donnée. Et par population, j'entends non seulement homosexuelle, mais aussi blanche new-yorkaise. Le film marche parce que Norman René a vécu en direct l'émergence de la maladie au cours des années 80. En dépit des éléments fictionnels, c'est un récit de pr…

Requiem pour un massacre (1985)

La question n'est pas de savoir si l'horreur est "correctement" représentée, dans le sens où elle imprègne le spectateur sans trahir le drame des massacres en Biélorussie. Sur ce point, même la plupart des fanas de Rivette oublieront leurs principes anti-esthétiques face à la cohérence cauchemardesque et écrasante de ce Requiem. Les actes de guerre atroces, les cadres pensés pour maximiser le traumatisme, la fusion …

In the Loop (2009)

C'est pas brillant, mais ça m'a amusé pendant que je mangeais trois feuilles de salade, et j'en demandais pas plus. Le scénario d'In the Loop semble avoir été écrit un lundi matin par Aaron Sorkin qui se serait cogné le petit orteil droit contre la commode à l'entrée de sa chambre. C'est rythmé, nerveux, mais surtout on oublie les histoires de sauver le monde avec un journal TV, il s'agit d'un défouloir et rien de p…

La bande des quatre (1989)

Comme le dit Impétueux dans sa critique de Paris nous appartient, il est difficile d'imaginer que Rivette soit parvenu à financer ses films autrement qu'en mettant en avant ses potes des Cahiers. La Bande des quatre semble plutôt représentatif du reste de ce qu'il a signé, apparemment toujours trop long, toujours trop proche du théâtre, toujours à brasser du vent. Le cinéma c'est la vérité c'est le théâtre c'est le …

Les bruits de Recife (2012)

Le premier long-métrage du brésilien Kleber Mendonça Filho laisse présager une belle carrière de festivalier, et la sélection de son prochain film à Cannes n'étonne en rien. Son cinéma est riche en métaphores, tournant autour du contexte social de son pays, plus particulièrement sur la classe moyenne ascendante. Une population représentée avec variété et honnêteté (manifestes avec les innombrables décors intérieurs …

Outer Space (1999)

C'est une note encore moins significative que d'habitude. Ce court-métrage de l'autrichien Peter Tscherkassky, détournant les images d'un vieux film (d'horreur ?) est brutalement expérimental. Je suis satisfait de l'expérience dans la mesure où il s'agit de dix minutes de délire visuel assez inédit, mais en même temps le réalisateur avait déjà vingt ans derrière lui de travail formel sur le cinéma, et je suis d'avis…

Piège de cristal (1988)

La grammaire de McTiernan est tellement irréprochable, j'avale les incohérences du scénario sans broncher ou presque. L'action est splendidement mise en scène, et avec en plus la qualité du remaster sur blu-ray, c'est grandiose. Il y a bien quelques facilités dans la balade de santé de McClane l'immortel, genre il est caché derrière des cartons mais en fait, ha ! il s'était déjà enfui dans les escaliers pour se mett…

La fièvre du samedi soir (1977)

Euh. Le film n'a rien à voir avec l'image ringarde qu'il se traîne depuis (et à cause de) la fin du disco. Et il est même pas dans les avis de mes éclaireurs, c'est dire à quel point il s'est fait violemment fait rayer de l'histoire. Je m'étais toujours imaginé un truc à la Dirty Dancing (que je n'ai pas vu non plus, donc maintenant je me méfie), innocent et limite niais, mais Saturday Night Fever c'est Mean Stre…

Gods of Egypt (2016)

Le pire trait du dernier Alex Proyas, c'est sans doute son montage empressé et idiot. Je dirais pas débilitant, parce que mon attention ne s'abaisse pas à être concernée par de telles putasseries cinématographiques, mais on est pas loin. Qu'il s'agisse des dialogues ou des combats, tout est passé au hachoir, tout se précipite, mais pour strictement rien bien sûr. Les textes sont nuls, forcés, plein d'exposition inut…

The Killer (1989)

Ne faites pas la même erreur que moi : ne lancez pas ce film sans avoir atteint un état d'ébriété acceptable. Derrière ce prétendu classique du cinéma d'action se cache un des scripts les plus stupides et mièvres jamais écrits, boursouflé par les effets de mise en scène de John Woo que même les 80s n'excusent pas. Genre même Friedkin et Carpenter rougiraient de cette collection échevelée de surimpressions, contraste…

Les Médecins volants d'Afrique de l'Est (1970)

Traduit en des sonorités moins douloureuses à mon oreille, Les Médecins volants d'Afrique de l'Est et ses trois quarts d'heure pourraient passer pour le premier projet majeur de Werner Herzog depuis Signes de vie. Ce serait pourtant une erreur grossière que de se fier à cette durée ; en l'occurrence, il s'agit essentiellement d'une commande avare en valeur ajoutée, réalisée pour le compte d'un organisme humanitaire.…