La bande des quatre

un film de Jacques Rivette (1989)

Comme le dit Impétueux dans sa critique de Paris nous appartient, il est difficile d'imaginer que Rivette soit parvenu à financer ses films autrement qu'en mettant en avant ses potes des Cahiers. La Bande des quatre semble plutôt représentatif du reste de ce qu'il a signé, apparemment toujours trop long, toujours trop proche du théâtre, toujours à brasser du vent. Le cinéma c'est la vérité c'est le théâtre c'est le faux c'est la vie c'est la réalité c'est tout c'est fou, Nouvelle Vague tmtc. Il y a un faux mystère en toile de fond, j'imagine que dans sa tête c'est censé s'articuler avec le reste, mais alors très peu pour moi. Je trouve les réflexions de Godard régulièrement fumeuses ; Rivette glose sur la notion de fumisterie elle-même, ça atteindrait une dimension comique si ça n'était pas aussi rasoir. Dialogues mous et creux agrémentés de jeux de mots surécrits qui tombent à plat, interprétations transparentes, aucune considération pour la musique et pas beaucoup plus pour la photo (en mettant le théâtre sur un piédestal, à défaut d'être intelligent c'est cohérent), bref c'est la mort. Dans cette débâcle, Rivette se permet même de s'auto-référencer, bien des années avant l'écriture satisfaite de Tarantino. Et qu'on aille pas me sortir le sempiternel "dommage que tu sois pas rentré dedans", parce que là encore, plus que jamais, je mets au défi quiconque de synthétiser la moindre réflexion concrète depuis ce pensum. Mon seul regret est d'avoir raté une des premières apparitions ciné de Dupontel, sans doute pendant que j'étendais mon linge.