Eaux sauvages (1979)

Des dialogues VF dignes de l'écriture des Nuls, déclamés avec des intonations désastreuses et un mépris total du lip sync. Un montage de charcutier, une musique à l'ouest, des plan-séquences improbables, et des péripéties sans queue ni tête. "Si vous tombez dans l'eau, sortez aussi vite que vous le pouvez. Car il y a une chose qu'on appelle hypodermie, et qui tue. Tout le monde. Au dépourvu. Ce que j'veux dire, c…

Dark Water (2002)

Relecture plutôt bandante du mythe de la maison hantée dans un immeuble crasseux et moite de la banlieue japonaise. Le scénario double son histoire fantastique d'un divorce particulièrement douloureux : sans chercher à y voir de parallèle thématique, je trouve que le drame familial renforce de façon redoutable l'angoisse et la terreur qui enserrent de plus en plus le personnage de la mère. Dark Water ne repose pas s…

La maman et la putain (1973)

J'ai été surpris que 2h30 se soient déjà écoulées à la première fois que j'ai regardé ma montre, mais ça ne m'a pas empêché de quitter la salle peu après. C'est assez fascinant cette capacité qu'a Eustache de brasser autant d'idées tout en ne proposant rien de clair ni de structuré, laissant le spectateur repartir avec n'importe quel message en fin de séance, quitte à l'avoir oublié et définitivement tourné la page …

Ouvert la nuit (2016)

Pas aussi formellement percutant que les comédies françaises qui ont brillé l'an passé (Gaz de France, Ma Loute, La Loi de la jungle), mais aussi plaisant et acéré que Victoria. Cette fois, ce n'est pas Virginie Efira qui tient la barre, mais Edouard Baer, avec la même présence étincelante, la même tendance à absorber dans son monde ceux qui l'approchent de trop près, et plus globalement un humour et une amertume pa…

The Chaser (2008)

Allons droit au but. Ce que je retiendrai de ce film, c'est la façon dont il traite l'espace un peu comme Kubrick traitait le temps dans Eyes Wide Shut. L'unité de temps est globalement plus respectée que celle de lieu, mais ça n'a rien de révolutionnaire ni même d'original (tout au plus dira-t-on que l'enquête est bien ficelée) ; non, je trouve beaucoup plus séduisant le traitement de cette rue du meurtre, intermin…

Policier, adjectif (2009)

Je voyais pas la différence en x2, j'ai dû passer en accéléré x4, et puis abandonner complètement. Compte tenu des retours sur son récent Le Trésor, j'attendais du deuxième long-métrage de Corneliu Porumboiu quelques traits d'humour. Le scénario propose bien quelques blagues (plus moroses que positivement pince-sans-rire), mais noie son peu de scènes énergiques dans une enquête de filature absolument léthargique.…

Le narcisse noir (1947)

Moui. À part son exotisme himalayen (limité par les grandes toiles peintes des Pinewood Studios, malgré ma bonne foi), dans sa première heure, ce Technicolor n'a plus grand-chose à défendre. Il y a des nonnes et des rivalités et des allusions érotiques. Et ensuite ? On s'en fout un peu de la sœur Gladys qui est allée s'exiler au Népal alors qu'elle aimait faire des galipettes avec son fiancé quelques années auparava…

Tetro (2009)

"Rivalry: an ancient theme", nous dit un personnage vers le début de l'avant-dernier Francis Ford Coppola. Effectivement, on connaît la musique, et même si elle est sous-jouée, ses interprètes préférant à raison déterrer des sentiments enfouis et humains plutôt que d'épaissir le trait de la tragédie, la première heure laisse amplement le temps de se demander pourquoi on est venu s'asseoir devant une si vieille histo…

Le Sixième Sens (1986)

Adaptation molle du Red Dragon de Thomas Harris, qui souffre de toutes les comparaisons : aux autres histoires de la saga Hannibal, aux autres adaptations, et aux autres films de Michael Mann. Ça fait beaucoup, et bien trop pour que ce Manhunter vaille le détour. Filmer Red Dragon, particulièrement quand on a comme moi les idées prequel de la NBC en tête, ça ressemble à commencer par la fin : on connaît trop mal …

The Saddest Music in the World (2003)

Le long-métrage de Guy Maddin commence, noir et blanc grumeleux, montage saccadé, simulation de vieille pellicule, humour absurde : enthousiaste, je crois avoir trouvé l'ancêtre de la pépite The Forbidden Room. Et la filiation se confirme, mais ce film-là est gâteux : au bout de vingt minutes, la curiosité expérimentale s'épuise, elle s'accroche tout juste à la photographie qui ne parvient pas à renouveler ses propo…

Le Funambule (2008)

On est plus que jamais en droit de se demander pour quelle raison Hollywood a produit un énième biopic de quelques dizaines de millions de dollars, The Walk, alors qu'il existait déjà un excellent documentaire qui retranscrivait parfaitement l'étrangeté de Philippe Petit et le caractère vertigineux et littéralement transcendant de sa performance. Sans prendre trop de risques, je suis même assez sûr que Zemeckis a ép…

Powaqqatsi (1988)

Powaqqatsi n'aurait pas marché en tant que redite de Koyaanisqatsi, et on imagine de toute façon suffisamment d'intégrité artistique au réalisateur Godfrey Reggio pour ne pas avoir cherché à reproduire son premier succès. Il est donc réjouissant de constater que, par-delà le concept du collage muet sur fond d'incantations Philip Glass-iennes, le montage a été largement démonté et re-réfléchi pour Powaqqatsi. Malheur…

Inferno (1980)

J'imagine qu'Inferno a moins bonne réputation que Suspiria parce qu'il développe une histoire un peu plus complexe, se rendant par là vulnérable à un kitsch difficile à ignorer. Pourtant les prouesses techniques sont du même acabit, et ce n'était clairement pas pour son intrigue que Suspiria méritait d'être regardé... L'éclairage, le cadrage et le montage (y compris musical) montrent Argento au sommet de son art, et…

L'intendant Sansho (1954)

Arrêté au bout de 45mn. Je reviens sur une partie de ce que j'avais pu dire en discutant autour des Contes de la lune vague après la pluie : Mizoguchi compose ses plans de façon soignée et équilibrée, et puis ses choix de décors sont aussi variés que jolis. Mais enfin comme pour une majorité de la production de l'âge d'or du cinéma japonais, une indifférence spectaculaire m'assomme dès les premières minutes et ne me…

Le parc (2016)

C'est amusant de constater que Damien Manivel ne serait probablement pas là sans Hong Sang-soo, alors que ce dernier doit déjà tant à un autre français, Éric Rohmer. Le parc, son nouveau film, s'avère découpé en deux parties d'égale durée, aux esthétiques contrastées, mais qui recèlent de connexions aussi discrètes que maîtrisées. La première moitié, un temps rigolote et attendrissante pour son tableau d'une renc…

Salt and Fire (2016)

En général, je suis agacé par le procédé qui consiste à retenir immodérément un élément central d'intrigue lorsque qu'on sait pertinemment qu'il va être révélé. Herzog s'essaie à cette pratique dans Salt and Fire, mais son traitement est tellement conscient de lui-même, ironique et divertissant, que l'heure et demie s'est écoulée sans m'avoir laissé une seule occasion de ronchonner. Que l'on pense au professeur pygm…

Premier contact (2016)

Sacrée déception. Pas par rapport à mes attentes (je savais si peu des thèmes du film que j'étais presque prêt à couper court à l'expérience au bout d'un quart d'heure, avant que Villeneuve n'arrête de jouer au mystificateur de fête foraine), mais par rapport à un travail d'adaptation tout moisi. Je ne m'exclus pas de spoiler. Mais de toute façon je parlerai à peine de l'intrigue. Le langage et la perception d…

Louise en hiver (2016)

Il ne faut pas attendre de Louise en hiver des péripéties malignes, pédagogiques, ni même morales. C'est avant tout un projet d'ambiance, un travail de textures, visuelles et sonores, afin de retranscrire ce que les mots raisonnés auraient échoué à exprimer. Le film de Laguionie m'a rappelé des balades nocturnes et solitaires, doucement pensives, toujours paisibles. Louise est oubliée dans une station balnéaire à…

Tip Top (2013)

C'est un peu Dikkenek filmé par Bruno Dumont. On ne sait pas bien si ça devrait exister, mais la créature est pourtant là devant nos yeux, étrange et décalée. Ironie, tout de même, que Bozon se soit fait déchirer à Cannes et par le public un an avant P'tit Quinquin. Ils partagent pourtant une auto-dérision certaine, une enquête accessoire et sans queue ni tête, un abandon dans l'humour pince-sans-rire, et un ascé…

Comment je me suis disputé... (ma vie sexuelle) (1996)

Agacé devant Rois & Reine, somnolent devant Jimmy P., sceptique devant Trois souvenirs de ma jeunesse, ma relation avec Desplechin était jusqu'ici assez conflictuelle. Il aura fallu les trois heures de Comment je me suis disputé... pour me réconcilier avec lui. Pour être honnête, je ne sais pas si c'est dû aux différences entre ce film et les plus récents que j'ai cités, ou bien plutôt à un changement de sensibil…