La maman et la putain

un film de Jean Eustache (1973)

vu le 14 janvier 2017 au Forum des images

J'ai été surpris que 2h30 se soient déjà écoulées à la première fois que j'ai regardé ma montre, mais ça ne m'a pas empêché de quitter la salle peu après. C'est assez fascinant cette capacité qu'a Eustache de brasser autant d'idées tout en ne proposant rien de clair ni de structuré, laissant le spectateur repartir avec n'importe quel message en fin de séance, quitte à l'avoir oublié et définitivement tourné la page le lendemain (ça, ça veut dire qu'aucun texte sur SC ne m'a convaincu, ni en arguments ni en intensité... mais j'aurai quand même essayé de comprendre). Ma morale, extérieure au film, sera en fait celle du texte de Lyusan : "l'Amour vaut seulement d'être vécu, jamais d'être conté".

Il y a du mieux par rapport au Godard des années 60, dans le sens où, malgré les interprétations vaguement bressoniennes, les textes sont à la fois plus élaborés et moins lourds. Jean-Pierre Léaud lit La Prisonnière de Proust et ça n'a évidemment rien d'un hasard, déjà pour l'obsession sentimentale des personnages de La Maman et la Putain, mais peut-être encore plus pour les multiples digressions, les mini-essais qui émaillent les dialogues. Seulement voilà, la littérature et le cinéma sont deux arts distincts, et à trop vouloir reproduire l'un dans l'autre, on dilue les forces du premier et on passe à côté de celles du second (le film possède une certaine esthétique, mais il s'agit surtout de mettre en avant les textes... l'injure aux possibilités d'expression originales que permettent le média est double).

Bref, si vous aimez la Nouvelle Vague, foncez ; sinon, ça ne vous apportera rien.