Il ne faut pas attendre de Louise en hiver des péripéties malignes, pédagogiques, ni même morales. C'est avant tout un projet d'ambiance, un travail de textures, visuelles et sonores, afin de retranscrire ce que les mots raisonnés auraient échoué à exprimer.
Le film de Laguionie m'a rappelé des balades nocturnes et solitaires, doucement pensives, toujours paisibles. Louise est oubliée dans une station balnéaire à la morte-saison. Avec sa vie révolue pour seule compagne, elle vaque dans la ville déserte, elle erre sans but mais sans désespoir, apaisée par l'absence du lien social et la spontanéité indifférente de la nature. Paradoxalement, l'esprit qui dispose d'un tel vide à combler, plutôt que de projeter ses tentacules en tous sens, va se recentrer sur un rien, retrouver la saveur d'une pensée simple, immédiate, sans fard intérieur.
Le portrait de Louise n'est aucunement niais pour autant. Elle n'est pas exempte d'inquiétudes passagères, et le retour à la surface de certains souvenirs distants ne se déroule pas sans une certaine angoisse. Et puis le personnage s'inquiète et culpabilise d'avoir oublié une majeure partie de sa vie : préoccupation mélancolique aux antipodes de la simplicité enfantine qu'on pourrait reprocher au film sur la seule base de son scénario.
Il y avait un équilibre assez fin à atteindre, entre l'introspection mutique et l'expressionnisme tapageur, et Laguionie l'a trouvé avec grâce et humilité. Les bruitages respirent la même pensée, celle d'un travail dévoué qui n'a pas besoin d'être éclatant pour connaître sa propre valeur. Même ces couleurs sensationnelles, si riches, si variées, adoucissent leur propre caractère par une présence physique rassérénante, entre pastel et aquarelle, ainsi qu'une filiation respectueuse et indéfectible au thème aqueux d'ensemble.
Immersion dans le quotidien amorphe d'un fantôme, un jour anxieux, le lendemain taquin, qui trouve encore un sens après ne plus avoir à répondre à personne, Louise en hiver est une planche salvatrice dans l'océan d'hyperactivité qui, avec la marée du temps, a piégé nos vies adultes.
La bronzée fait du ski
Il ne faut pas attendre de Louise en hiver des péripéties malignes, pédagogiques, ni même morales. C'est avant tout un projet d'ambiance, un travail de textures, visuelles et sonores, afin de retranscrire ce que les mots raisonnés auraient échoué à exprimer.
Le film de Laguionie m'a rappelé des balades nocturnes et solitaires, doucement pensives, toujours paisibles. Louise est oubliée dans une station balnéaire à la morte-saison. Avec sa vie révolue pour seule compagne, elle vaque dans la ville déserte, elle erre sans but mais sans désespoir, apaisée par l'absence du lien social et la spontanéité indifférente de la nature. Paradoxalement, l'esprit qui dispose d'un tel vide à combler, plutôt que de projeter ses tentacules en tous sens, va se recentrer sur un rien, retrouver la saveur d'une pensée simple, immédiate, sans fard intérieur.
Le portrait de Louise n'est aucunement niais pour autant. Elle n'est pas exempte d'inquiétudes passagères, et le retour à la surface de certains souvenirs distants ne se déroule pas sans une certaine angoisse. Et puis le personnage s'inquiète et culpabilise d'avoir oublié une majeure partie de sa vie : préoccupation mélancolique aux antipodes de la simplicité enfantine qu'on pourrait reprocher au film sur la seule base de son scénario.
Il y avait un équilibre assez fin à atteindre, entre l'introspection mutique et l'expressionnisme tapageur, et Laguionie l'a trouvé avec grâce et humilité. Les bruitages respirent la même pensée, celle d'un travail dévoué qui n'a pas besoin d'être éclatant pour connaître sa propre valeur. Même ces couleurs sensationnelles, si riches, si variées, adoucissent leur propre caractère par une présence physique rassérénante, entre pastel et aquarelle, ainsi qu'une filiation respectueuse et indéfectible au thème aqueux d'ensemble.
Immersion dans le quotidien amorphe d'un fantôme, un jour anxieux, le lendemain taquin, qui trouve encore un sens après ne plus avoir à répondre à personne, Louise en hiver est une planche salvatrice dans l'océan d'hyperactivité qui, avec la marée du temps, a piégé nos vies adultes.