On est plus que jamais en droit de se demander pour quelle raison Hollywood a produit un énième biopic de quelques dizaines de millions de dollars, The Walk, alors qu'il existait déjà un excellent documentaire qui retranscrivait parfaitement l'étrangeté de Philippe Petit et le caractère vertigineux et littéralement transcendant de sa performance. Sans prendre trop de risques, je suis même assez sûr que Zemeckis a épaissi la vie du gars avec une pénible couche de drama, là où les témoignages assemblés par James Marsh qui font intervenir le funambule lui-même, ainsi que ses amis, ses collaborateurs, sa petite amie de l'époque, etc. dressent un portrait contradictoire, complexe et authentique. L'industrie du cinéma est vraiment une chienne.
Pour parler du film en lui-même, disons que si Marsh ne s'en était pas chargé, Herzog aurait probablement fini par s'attribuer le sujet. Philippe Petit trouverait sans peine sa place parmi les aventuriers de sa filmographie, qu'ils soient fictifs ou non ; je pense tout particulièrement à l'alpiniste Reinhold Messner dans le docu Gasherbraum. Passionné jusqu'à l'obsession, aussi conscient des risques de son activité que confiant en ses capacités, le français est un humain extrême, capable d'efforts sidérants pour l'accomplissement d'un projet grotesquement déraisonnable.
L'enquête composée par Marsh se charge de raccrocher cette radicalité à des sentiments moins terrassants, plus communs : le divertissement, l'amitié, etc. Quant à la performance, avant de montrer son exécution spectaculaire et éprouvante, Marsh met l'accent sur la préparation et l'anticipation de la traversée aérienne du World Trade Center. À raison, car le frisson, bien avant que la provocation directe du vide ne se joue, se construit sur la bravade audacieuse d'un interdit social : l'infiltration hasardeuse d'un immeuble surveillé, et derrière ça surtout, le tutoiement volontaire de sa propre mort.
En fait une rapide recherche m'apprend que Herzog et Petit sont potes, haha. Voilà une mini-interview commune, évidemment hilarante : http://www.esquire.com/entertainment/movies/a4885/herzog-petit-0908/
On est plus que jamais en droit de se demander pour quelle raison Hollywood a produit un énième biopic de quelques dizaines de millions de dollars, The Walk, alors qu'il existait déjà un excellent documentaire qui retranscrivait parfaitement l'étrangeté de Philippe Petit et le caractère vertigineux et littéralement transcendant de sa performance. Sans prendre trop de risques, je suis même assez sûr que Zemeckis a épaissi la vie du gars avec une pénible couche de drama, là où les témoignages assemblés par James Marsh qui font intervenir le funambule lui-même, ainsi que ses amis, ses collaborateurs, sa petite amie de l'époque, etc. dressent un portrait contradictoire, complexe et authentique. L'industrie du cinéma est vraiment une chienne.
Pour parler du film en lui-même, disons que si Marsh ne s'en était pas chargé, Herzog aurait probablement fini par s'attribuer le sujet. Philippe Petit trouverait sans peine sa place parmi les aventuriers de sa filmographie, qu'ils soient fictifs ou non ; je pense tout particulièrement à l'alpiniste Reinhold Messner dans le docu Gasherbraum. Passionné jusqu'à l'obsession, aussi conscient des risques de son activité que confiant en ses capacités, le français est un humain extrême, capable d'efforts sidérants pour l'accomplissement d'un projet grotesquement déraisonnable.
L'enquête composée par Marsh se charge de raccrocher cette radicalité à des sentiments moins terrassants, plus communs : le divertissement, l'amitié, etc. Quant à la performance, avant de montrer son exécution spectaculaire et éprouvante, Marsh met l'accent sur la préparation et l'anticipation de la traversée aérienne du World Trade Center. À raison, car le frisson, bien avant que la provocation directe du vide ne se joue, se construit sur la bravade audacieuse d'un interdit social : l'infiltration hasardeuse d'un immeuble surveillé, et derrière ça surtout, le tutoiement volontaire de sa propre mort.
En fait une rapide recherche m'apprend que Herzog et Petit sont potes, haha. Voilà une mini-interview commune, évidemment hilarante : http://www.esquire.com/entertainment/movies/a4885/herzog-petit-0908/