C'est un peu Dikkenek filmé par Bruno Dumont. On ne sait pas bien si ça devrait exister, mais la créature est pourtant là devant nos yeux, étrange et décalée.
Ironie, tout de même, que Bozon se soit fait déchirer à Cannes et par le public un an avant P'tit Quinquin. Ils partagent pourtant une auto-dérision certaine, une enquête accessoire et sans queue ni tête, un abandon dans l'humour pince-sans-rire, et un ascétisme formel marqué : plans fixes, décors unis, répliques mécaniques, costumes essentiellement neutres et uniques à chaque personnage, etc.
Mais Bozon est plus froid que Dumont, et il assume bien plus l'aspect artificiel de sa démarche : c'est sans doute ce qui a causé sa perte. Isabelle Huppert est particulièrement excellente ; bien que le rôle soit une création forte de Bozon, le film ne survivrait pas à sa longueur sans l'investissement absurde de l'actrice. Cependant son personnage, pas plus que le reste de la galerie, n'inspire aucune émotion. Le jusqu'au-boutisme de la mise en scène finit quand même par s'assimiler à un sabotage : sur le long terme, l'attrait des personnages fantasques peine à enjoyer la fadeur volontaire de l'action et de l'image.
C'est un peu Dikkenek filmé par Bruno Dumont. On ne sait pas bien si ça devrait exister, mais la créature est pourtant là devant nos yeux, étrange et décalée.
Ironie, tout de même, que Bozon se soit fait déchirer à Cannes et par le public un an avant P'tit Quinquin. Ils partagent pourtant une auto-dérision certaine, une enquête accessoire et sans queue ni tête, un abandon dans l'humour pince-sans-rire, et un ascétisme formel marqué : plans fixes, décors unis, répliques mécaniques, costumes essentiellement neutres et uniques à chaque personnage, etc.
Mais Bozon est plus froid que Dumont, et il assume bien plus l'aspect artificiel de sa démarche : c'est sans doute ce qui a causé sa perte. Isabelle Huppert est particulièrement excellente ; bien que le rôle soit une création forte de Bozon, le film ne survivrait pas à sa longueur sans l'investissement absurde de l'actrice. Cependant son personnage, pas plus que le reste de la galerie, n'inspire aucune émotion. Le jusqu'au-boutisme de la mise en scène finit quand même par s'assimiler à un sabotage : sur le long terme, l'attrait des personnages fantasques peine à enjoyer la fadeur volontaire de l'action et de l'image.