Tetro

un film de Francis Ford Coppola (2009)

"Rivalry: an ancient theme", nous dit un personnage vers le début de l'avant-dernier Francis Ford Coppola. Effectivement, on connaît la musique, et même si elle est sous-jouée, ses interprètes préférant à raison déterrer des sentiments enfouis et humains plutôt que d'épaissir le trait de la tragédie, la première heure laisse amplement le temps de se demander pourquoi on est venu s'asseoir devant une si vieille histoire. Certes, la mise en scène est aisante, langoureuse et d'un caractère bien trempé ; c'est la leçon d'un maître tranquille qui n'a plus rien à prouver, mais cherche encore à surprendre, et à se surprendre lui-même. Mais les éclairages durs et stylisés ne sauraient faire tenir le film à eux seuls.

Heureusement le scénario s'active et s'autorise plus de digressions réjouissantes dans la seconde moitié. Les flashbacks sont un bon soutien, l'action quitte Buenos Aires, les deux portraits sont enrichis par des points de vue contradictoires... En parallèle de l'intrigue familiale se dessinent des avertissements contre le showbiz et la gloire, et l'obstination de Tetro à ne pas publier sa pièce semble se justifier par la frustration et la crainte de ne pas pleinement exprimer son individualité, malgré tous les efforts d'écriture remarquables déjà accomplis. Des miettes un peu maigres qui mènent le film jusqu'à un twist risible tellement il semble gratuit (Coppola avait-il des choses à régler avec sa propre famille...? autrement je comprends pas), mais c'est mieux que de le voir s'écrouler rattrapé par son classicisme.