Brazil (1985)

Je ne sais honnêtement plus trop pourquoi le film de Gilliam m'avait tellement remué il y a des années. Peut-être son gigantisme ? Ses clins d'œil à 1984 ? Ses dernières minutes intenses et sa chute impitoyable ? À l'époque, j'étais bouleversé pour un rien, alors je serais incapable de retrouver pourquoi Brazil a particulièrement reçu mes faveurs. En tout cas aujourd'hui, le film me parle sur un plan moins intime…

Last Days (2005)

Gus Van Sant trouve moyen de représenter la dépression sans en faire un artifice glamour ni une curiosité de foire. Le personnage principal de Last Days est modelé d'après Kurt Cobain, mais le scénario ne se soucie ni des détails historiques, ni en fait de la plupart des éléments prétendument croustillants qui nourrissent les biopics d'aujourd'hui. Face au pitoyable Montage of Heck qui s'enivrait des dessins gores e…

Body Double (1984)

Vu dimanche soir, je m'attendais déjà à ne pas beaucoup en retenir sur le fond. Des affaires de voyeurisme, de virilité, de syndrome du sauveur... C'est peut-être mon sixième ou septième De Palma et je dois avouer que, malgré quelques vagues connexions d'un film à l'autre, je ne cerne toujours pas le bonhomme, ce qu'il veut raconter, pourquoi il fait du cinéma. C'est peut-être simplement dû au fait que nous ne parta…

La barrière de chair (1964)

Cf. la critique de Fritz : la guerre c'est moche, mais on a trop tendance à oublier que la reconstruction, c'est pas joli-joli non plus. La Barrière de chair, c'est l'histoire d'un petit gang de filles qui se prostituent et se serrent les coudes. Aucune poésie ici, avant tout de la camaraderie agressive, de la hargne et du vice. La mise en scène de Seijun Suzuki est remarquable, expressive et osée. Les couleurs s…

David Lynch: The Art Life (2016)

Ce documentaire présente la jeunesse de Lynch, depuis une enfance sans histoire jusqu'au tournage de Eraserhead. Il accomplit un grand écart plutôt surprenant : d'une part il s'en tient aux faits et ne dérive jamais vers l'analyse d'oeuvre, et d'autre part la mise en scène, fortement affiliée aux films de Lynch, n'a rien d'inoffensif. Compte tenu de la période recherchée, The Art Life explore le travail de peintu…

Mourir à Madrid (1963)

La guerre civile espagnole est toujours restée un mystère pour moi, malgré les efforts de mes professeurs successifs. C'est un peu tard pour m'y intéresser, mais peut-être aurais-je rapidement compris (et moins souvent fait le zouave) si ce docu m'avait été montré. Le montage est écorché, la narration pleine d'émotion, tout est fait pour dépasser le statut de fresque historique insensible. Les extraits d'archives…

John Wick 2 (2017)

Les pelletées de headshots et les souffles rauques de mecs qui se tatanent, c'est pas trop quelque chose qui m'excite, d'habitude ça me fait plutôt lever les yeux au ciel. Il y avait de ça dans John Wick 2, mais c'est amplement racheté par plusieurs aspects de la mise en scène. Je persiste à être étonné, mais pour mon plus grand bonheur, de voir un cascadeur de métier capable d'insuffler une vision si cohérente et (…

Jack Reacher (2012)

Sacré Jack Reacher, il a toujours un coup d'avance ! :D Bon, Christopher McQuarrie connaît son taf, j'avais pu le constater dans le dernier Mission Impossible. Il se permet même d'être un peu original, par exemple dans l'intro sans paroles, ou la course-poursuite élastique. À l'image du personnage de Tom Cruise, il y a toujours dans la mise en scène ce côté laid-back, posé, jusqu'à ce qu'il faille se remuer les f…

Les Désastreuses Aventures des Orphelins Baudelaire (2017)

Sentiments partagés par rapport à cette nouvelle adaptation d'une saga à laquelle je dois beaucoup. Malgré des efforts remarquables pour enrichir le tome 1 dans ses deux premiers épisodes, Netflix rejoint de plus en plus le ton du film de 2004 pour les tomes 2 et 3, jusqu'à un sixième épisode cabotin, sans émotion ni intensité, qui m'a franchement agacé. Heureusement la saison se termine de façon plus équilibrée ave…

Personal Shopper (2016)

Personal Shopper récompensé pour sa mise en scène à Cannes, qui m'explique ? C'est pour avoir inséré un fantôme gribouillis numérique dans un film d'auteur ? Pour avoir monté une demi-heure d'un écran d'iPhone ? Ou bien pour avoir capturé Kristen Stewart en topless sur grand écran (on a tous oublié On the Road, ouf) ? Quels succès éclatants ! J'ai la moquerie facile, mais je pense vaguement repérer ce que le jury…

Thumper (2016)

Tout ou presque est dit dans d'autres textes sur cet excellent jeu indé, et d'ailleurs tout ou presque était déjà dit avec la tagline : "a rhythm violence game". Comme mes avis sur des jeux importent encore moins que sur des films, autant rester bref. Plus que le gameplay addictif, je pense que je retiendrai avant tout de Thumper ses visuels ouvertement psychédéliques et d'extrême qualité. J'espère avoir l'occasi…

Inside (2016)

Bien que sa direction artistique stratosphérique le fasse immédiatement percevoir comme plus riche que le déjà remarquable Limbo, le second jeu du studio Playdead en reproduit les ambitions, les forces et les faiblesses avec une régularité ultimement un peu frustrante. S'il faut reconnaître les efforts déployés afin de réduire l'aspect artificiel des mini-puzzles qui émaillent l'aventure, et s'intègrent avec plus de…

Stephen's Sausage Roll (2016)

Sausage Roll devrait combler les extrémistes du puzzle game, genre ceux qui n'ont pas peur de relever un défi plus exigeant que The Witness. Non que je chercher à comparer l'ensemble des deux jeux ; celui d'Increpare est moins chaleureux, et surtout moins riche de sens et d'émerveillement, mais enfin quand il s'agit de composer des puzzles minimalistes qui sortent des sentiers battus, et dont la résolution est parfo…

Everybody Wants Some!! (2016)

Correct mais dispensable, le dernier Linklater se met à la hauteur d'un gang de jocks dans une université texane au début des années 80. Un monde de queutards soiffards auto-centrés que le scénario s'efforce tout de même de différencier, accordant par là une épaisseur et une certaine sensibilité aux multiples personnages. Le leitmotiv de réhabiliter les stéréotypes sur lesquels le public distingué a l'habitude de cr…

Picnic à Hanging Rock (1975)

Au bout de trois quarts d'heure j'ai le sentiment que j'aurais dû arrêter depuis deux heures. Picnic at Hanging Rock est un fait divers en costumes, deux "genres" que je trouve isolément ridicules et dont la combinaison est dévastatrice de mièvrerie niaiseuse. Certains se sont efforcés d'y voir un conte d'adolescence et d'émancipation, mais à part se gargariser sur des évidences (il y a des normes sociales étouff…

Eaux sauvages (1979)

Des dialogues VF dignes de l'écriture des Nuls, déclamés avec des intonations désastreuses et un mépris total du lip sync. Un montage de charcutier, une musique à l'ouest, des plan-séquences improbables, et des péripéties sans queue ni tête. "Si vous tombez dans l'eau, sortez aussi vite que vous le pouvez. Car il y a une chose qu'on appelle hypodermie, et qui tue. Tout le monde. Au dépourvu. Ce que j'veux dire, c…

Dark Water (2002)

Relecture plutôt bandante du mythe de la maison hantée dans un immeuble crasseux et moite de la banlieue japonaise. Le scénario double son histoire fantastique d'un divorce particulièrement douloureux : sans chercher à y voir de parallèle thématique, je trouve que le drame familial renforce de façon redoutable l'angoisse et la terreur qui enserrent de plus en plus le personnage de la mère. Dark Water ne repose pas s…

La maman et la putain (1973)

J'ai été surpris que 2h30 se soient déjà écoulées à la première fois que j'ai regardé ma montre, mais ça ne m'a pas empêché de quitter la salle peu après. C'est assez fascinant cette capacité qu'a Eustache de brasser autant d'idées tout en ne proposant rien de clair ni de structuré, laissant le spectateur repartir avec n'importe quel message en fin de séance, quitte à l'avoir oublié et définitivement tourné la page …

Ouvert la nuit (2016)

Pas aussi formellement percutant que les comédies françaises qui ont brillé l'an passé (Gaz de France, Ma Loute, La Loi de la jungle), mais aussi plaisant et acéré que Victoria. Cette fois, ce n'est pas Virginie Efira qui tient la barre, mais Edouard Baer, avec la même présence étincelante, la même tendance à absorber dans son monde ceux qui l'approchent de trop près, et plus globalement un humour et une amertume pa…

The Chaser (2008)

Allons droit au but. Ce que je retiendrai de ce film, c'est la façon dont il traite l'espace un peu comme Kubrick traitait le temps dans Eyes Wide Shut. L'unité de temps est globalement plus respectée que celle de lieu, mais ça n'a rien de révolutionnaire ni même d'original (tout au plus dira-t-on que l'enquête est bien ficelée) ; non, je trouve beaucoup plus séduisant le traitement de cette rue du meurtre, intermin…