Gus Van Sant trouve moyen de représenter la dépression sans en faire un artifice glamour ni une curiosité de foire. Le personnage principal de Last Days est modelé d'après Kurt Cobain, mais le scénario ne se soucie ni des détails historiques, ni en fait de la plupart des éléments prétendument croustillants qui nourrissent les biopics d'aujourd'hui. Face au pitoyable Montage of Heck qui s'enivrait des dessins gores et notes lugubres rédigées par la star grunge avant son suicide, Last Days préfère par exemple, avec à la fois plus de dignité et de pertinence, montrer comment la musique, dans l'apathie clinique qui suit la souffrance de se sentir mort, constituait un ultime exutoire.
La mise en scène est froide mais paradoxalement très expressive. Parfois Blake est piégé dans le cadre, mais plus souvent il y est perdu, derrière des décors ou non, et il traverse les plans, sans véritable obstacle, mais sans but non plus. Il déambule dans la maison, dans le parc, comme les pensées ricochent dans sa tête jusqu'à épuiser leur forme et s'évanouir par manque de substance, sans laisser de marque, sans plus rien accomplir.
Les figures qui étaient amies ne se distinguent plus de celles des inconnus qui investissent les lieux ; qu'ils viennent fêter une fin de tournée ou vendre un emplacement dans les pages jaunes, leur importance n'est au plus qu'un écho lointain, sourd, insignifiant. Blake est rongé par des pensées qui le tiennent sur un autre plan de conscience. Même la perception du temps s'érode, sous la charge du montage choral et du séquencement non-linéaire.
L'acte fatal est tempéré par une ellipse, qui le ferait presque passer pour une transition naturelle et inévitable, tragique et pourtant douce. Blake ne quitte plus le cadre horizontalement, mais verticalement ; enfin le spectre est libre.
Gus Van Sant trouve moyen de représenter la dépression sans en faire un artifice glamour ni une curiosité de foire. Le personnage principal de Last Days est modelé d'après Kurt Cobain, mais le scénario ne se soucie ni des détails historiques, ni en fait de la plupart des éléments prétendument croustillants qui nourrissent les biopics d'aujourd'hui. Face au pitoyable Montage of Heck qui s'enivrait des dessins gores et notes lugubres rédigées par la star grunge avant son suicide, Last Days préfère par exemple, avec à la fois plus de dignité et de pertinence, montrer comment la musique, dans l'apathie clinique qui suit la souffrance de se sentir mort, constituait un ultime exutoire.
La mise en scène est froide mais paradoxalement très expressive. Parfois Blake est piégé dans le cadre, mais plus souvent il y est perdu, derrière des décors ou non, et il traverse les plans, sans véritable obstacle, mais sans but non plus. Il déambule dans la maison, dans le parc, comme les pensées ricochent dans sa tête jusqu'à épuiser leur forme et s'évanouir par manque de substance, sans laisser de marque, sans plus rien accomplir.
Les figures qui étaient amies ne se distinguent plus de celles des inconnus qui investissent les lieux ; qu'ils viennent fêter une fin de tournée ou vendre un emplacement dans les pages jaunes, leur importance n'est au plus qu'un écho lointain, sourd, insignifiant. Blake est rongé par des pensées qui le tiennent sur un autre plan de conscience. Même la perception du temps s'érode, sous la charge du montage choral et du séquencement non-linéaire.
L'acte fatal est tempéré par une ellipse, qui le ferait presque passer pour une transition naturelle et inévitable, tragique et pourtant douce. Blake ne quitte plus le cadre horizontalement, mais verticalement ; enfin le spectre est libre.