Nanouk l'Esquimau (1922)

Phoques harponnés et renards blancs dépecés, c'est pas très WWF tout ça. Au-delà du fait que je n'en suis pas ressorti très changé, je ne sais pas trop quoi penser de ce Nanouk, brandi ici et là comme l'ancêtre commun de tous les documentaires. De mon point de vue, le fait de préparer certaines séquences pour faciliter la production ne pose aucun problème, qu'il s'agisse de mettre un phoque déjà mort au bout d'un…

Nanook Revisited (1990)

Il y a un français du nom de Claude Massot qui, en 1988, est parti sur les traces de Flaherty au Canada. Mais il semble qu'il avait encore moins idée que ce dernier de ce qu'il voulait précisément accomplir. Dans Nanook Revisited, le montage alterne entre critique du documentaire originel (via le relevé pointilleux des incohérences factuelles) et observation de la nouvelle communauté Inuite qui l'accueille. Le docu …

Avalon (2001)

Je sais pas si ce film *nippo-polonais* (autant l'écrire, c'est sans doute la seule occasion de toute ma vie) fait sens d'un bout à l'autre, mais je suis certain de ne pas avoir fait beaucoup d'efforts d'interprétation tellement c'était morose et misanthrope. Au niveau de la photo grise ou sépia et des décors spectraux, bien sûr, mais surtout au niveau de l'histoire. Un genre d'exhortation à fuir la réalité et se…

Little Big Man (1970)

Little Big Man tient plus de la farce absurde que du western. Ici, les aventuriers sont perdus au sein des étendues désertiques majestueuses ; leur insignifiance farfelue crache sur le silence des terres qu'ils parcourent. Dustin Hoffman est ballotté d'un personnage à l'autre sans parvenir à exercer aucun contrôle sur sa vie. Indien d'adoption, commerçant rangé, muletier de garnison, charlatan rigolard, soiffard en …

L'année du dragon (1985)

Projection coupée dans son élan : au bout de la première demi-heure, un bout de la pellicule a cramé et le proj 35mm est tombé en rade. Il a fallu bouger de salle pour retrouver un équipement fonctionnel. Merci la Filmothèque de m'avoir fait découvrir ça. xD On sent bien la patte du faiseur de The Deer Hunter dans ce Year of the Dragon. La disposition des scènes, les plan-séquences immersifs, les considérations c…

L'été de Kikujiro (1999)

Premier Kitano, je ne suis pas très impressionné. C'est un film sur des gens qui s'ennuient, fait par un type qui s'ennuie : il a collé un tas de scènes de styles disparates sans trop se soucier de leur cohérence. J'avais l'impression que le simple fait que ça lui soit passé par là tête était une motivation à ce que ça apparaisse à l'écran. Sans surprise, au bout de deux heures ça lasse un peu. L'histoire est plu…

Close-Up (1990)

Avis à prendre avec de grosses pincettes, j'ai dû somnoler pendant plus de la moitié de la séance. D'habitude c'est plus une conséquence qu'une cause de mon indifférence à l'égard d'un film, mais bon, c'est pas une science exacte... En fait même chez Herzog je n'avais jamais ressenti ce niveau de confusion entre la réalité et la fiction. Kiarostami, partant du fait divers d'un cinéphile jugé pour escroquerie béni…

Malgré la nuit (2015)

Pour proposer une référence partagée, je dirais que Malgré la nuit m'évoque une version ciné de Unknown Pleasures. Je suis ni fan ni spécialiste de Joy Division, mais je reconnais au groupe la force de pouvoir plonger ses auditeurs dans un monde noir et torturé, aussi passionné que condamné, aussi glauque que romantique. Le quatrième film de Grandrieux, une heure plus long que ses prédécesseurs, ne bénéficiait pas d…

Grey Gardens (1975)

Edith Beale et Edith Beale, mère et fille apparentées à Jacqueline Kennedy, vivent en recluses depuis trente ans dans une maison de 38 pièces, dans la campagne de New York. L'époque où elles évoluaient en haute société est largement révolue, mais la maison et les deux femmes sont restées bloquées dans le passé. Esprits en perdition dans un palace en délitement, il y avait peut-être quelque chose à faire de cette his…

L'évangile selon saint Matthieu (1964)

Pasolini construit une moitié de ses plans comme des tableaux italiens, mais moi ça me touche pas trop. L'autre moitié correspond plus à une esthétique de propagande : Jésus leader de la lutte des classes, les bourgeois avec des airs louches, les enfants sauvés, etc. Les moyens déployés sont pas dégueu, surtout pour un film de début de carrière, mais si c'est pour voir l'essentiel du temps Jésus débiter en grand pré…

Le dossier Adams (1988)

Déception. Sorti dix ans après Gates of Heaven, ce troisième documentaire d'Errol Morris, plus connu parce qu'il a contribué à annuler la condamnation à perpétuité d'un innocent, s'avère bien moins pertinent. Un policier s'est fait abattre par un conducteur au cours d'un bête contrôle de routine, et le film engrange les témoignages pour retracer les événements liés à l'accusé et aux témoins du procès : à très peu de…

Black Swan (2010)

Faire ou ne pas faire prépa : telle n'a jamais été la question. Collectionnant avec insouciance les meilleures notes de la classe primaire au baccalauréat, et animé par une douce et illusoire fascination pour le déterminisme des mathématiques, mes professeurs n'ont sans doute jamais douté de ma transition en milieu préparationnaire. Mes parents, pas plus familiers des CPGE que du moindre parcours universitaire, ont …

La Loi de la jungle (2016)

Les mots manquent pour commenter La Loi de la jungle. Ou plutôt, ils n'y suffiraient pas. Écrire sur un tel film revient, pour reprendre l'analogie qu'ont proposée Peretjatko et Macaigne à l'issue de la séance, à essayer d'expliquer une bonne blague. Ceux qui l'ont comprise n'ont aucunement besoin de s'enticher de telles lourdeurs sémantiques. Quant aux autres, qu'ils finissent, à force d'efforts de la part de leur …

Love & Friendship (2016)

Sans animosité aucune ; juste une indifférence certaine. Whit Stillman, esprit libre américain, a profité de la forme épistolaire d'une nouvelle de jeunesse de Jane Austen pour injecter dans un genre cent fois visité, au fil d'un travail d'adaptation notable, un second degré assez constant dans les dialogues et les interprétations, quelque chose de plus régulier que les rares répliques savoureuses de Downton Abbey e…

Ève (1950)

Sorti deux mois plus tard, mais on pourrait presque parler de prequel de Sunset Boulevard ; l'histoire d'une actrice mature et au sommet de son art, mais qui commence à se laisser affecter pas la percée d'une nouvelle génération. Enfin, jusqu'au dernier tiers, qui lui se recentre sur le personnage d'Eve, ce que je trouve un peu regrettable dans la mesure où le scénario était bien plus intrigant et original tant qu'i…

Castaway on the Moon (2009)

C'est un peu la collision entre "I'm a Cyborg, But That's OK" et "Printemps, été, automne, hiver... et printemps". Il y a la poésie décalée et la générosité du premier, et l'intemporalité et le sens de la solitude du second (sans le bouddhisme de comptoir qui m'avait mis en rogne). Profond dans la simplicité, Hae-jun Lee se contente de trois bouts de ficelle scénaristiques pour signer un des feel-good movies les plu…

Le cercle - The Ring 2 (2005)

Bon, j'ai tenu une moitié mais je viens écrire ici, et je vais finir le reste sur wikipédia. La perspective de récurer mon appart à la brosse à dents est plus enthousiasmante que terminer ce film, c'est dire. Non seulement The Ring 2 ne discute de rien (comme l'essentiel des films d'horreur) mais il ne raconte rien. Les gimmicks se succèdent : porte qui se ferme mystérieusement, ampoules qui grillent, personnage …

Le grand chantage (1957)

Les mots sont des poignards dans cet incontournable du film noir, signé Alexander Mackendrick. Et si ma note n'est pas optimale, elle ne fait que traduire des réserves que j'ai sur le genre en général : j'insiste sur le fait que c'en est bel et bien un sommet, et j'encourage vivement tous les intéressés à mettre la main dessus malgré sa discrète réputation. Difficile d'imaginer les tensions entre le studio et le …

Peshmerga (2016)

Franchement, BHL qui filme sa balade sur le front Irak/EI, ça se regarde. En tout cas, on n'en souffre pas trop. Contrairement au Serment de Tobrouk, la présence à l'écran du superman philosophe se limite en fait à une voix-off apposée aux images de soldats et de désert. Péremptoire, ampoulée, avec une intonation aussi incohérente que savoureuse, c'est un peu le seul attrait du documentaire. Mais comme pour le film …

The Witch (2015)

En-dehors de la bouillie de bébé, la première heure était atrocement plate et pénible. Alors déjà que je suis d'avis qu'il y a très peu à explorer sur le thème du puritanisme extrême (le péché originel, la culpabilité fondamentale, l'auto-flagellation, c'est juste des conneries, il y a vraiment pas besoin de pincettes ni de thèse en théologie pour conclure sur le sujet), ici c'est rabâché de façon assommante sans au…