Le chant d'une île (2003)

Arrivée dans les salles françaises quinze ans après son tournage, cette déclaration d'amour à un village de pêcheurs déshérité des Açores touche par sa simplicité et sa proximité. Le couple de documentaristes se fait progressivement complice de la communauté locale et de leurs traditions. Rustique sans être grossier, sincère sans être niais, il a bien conscience de sa seule limite : le public assiste à cette amitié,…

Les deux amis (2015)

Ca faisait longtemps que j'avais pas adoré détester un perso comme celui de Louis Garrel. Je connais mal ses autres rôles, mais il le joue tellement bien ici, j'ai du mal à l'imaginer autrement qu'en tête à claques de première classe dans n'importe quelle situation. En tout cas son film était bon. Je ne savais pas que Christophe Honoré avait participé au scénario, mais quand son nom s'affiche au générique, c'est …

Sicario (2015)

Zut. Ca commençait très bien, et à défaut d'avoir un message intelligent je pensais que Villeneuve allait s'en sortir avec un film nerveux et optimisé, à la Michael Mann. Mais le ventre est mou, le scénario se perd en digressions (la vie sexuelle d'Emily Blunt, la bureaucratie tranquille de Victor Garber, les problèmes de famille de Benicio del Toro, etc.), et une fois que la machine d'action est relancée, elle est …

Le jour où le cochon est tombé dans le puits (1996)

Loser littéraire, amants en perdition, épines du quotidien, clopes et bières : dès le segment d'ouverture de son tout premier film, Hong Sang-soo exposait toute la matrice de son cinéma. Arrive la traditionnelle bouffe entre anciens potes de fac dans un bar, et il n'y a pas besoin de l'avoir déjà vue jouée dans Sunhi, dix-sept ans et quatorze films plus tard, pour savoir que ça va inévitablement déraper. Après quelq…

Deep Web (2015)

Bien que les internautes se souciant de leurs droits demeurent encore minoritaires, l'inquiétude qui entoure les questions numériques n'est plus l'apanage de types barbus qui codent en assembleur dans leurs garages. La décennie 2010, progressivement envahie par la culture geek et les hashtags, marque aussi l'émergence de scandales numériques aux retentissements significatifs. Plusieurs documentaristes ont pris le re…

Love & Mercy (2014)

The Imitation Game, The Theory of Everything, Selma, American Sniper, Foxcatcher : un coup d'œil aux nominations de la dernière cérémonie des Oscars suffit pour constater que, ces derniers mois, les américains pissent des biopics à tout-va, avec un niveau de succès global passablement blafard. Que personne ne me branche sur la macabre récupération Jobs, ni les antécédents The Butler ou 12 Years a Slave, ou bien je r…

Le Petit Prince (2015)

Le Petit Prince, c'est un conte moderne, tout court et tout mignon, plein d'étoiles dans le ciel et dans les yeux. Mais, au risque de briser quelques illusions, c'est aussi l'industrie monstrueuse qui se cache derrière un tel best-seller. Vendu à 150 millions d'exemplaires, le blondinet made in France n'a rien à envier à Harry Potter ni à Frodon Sacquet. Abritée par le destin iconiquement tragique du grand-père Anto…

Carol (2015)

Period drama. Lesbianisme. Entre les mains du premier metteur en scène venu, la seule association de ces deux concepts aurait suffi à justifier le tournage de Carol. Fort heureusement, c'est Todd Haynes qui tient les rênes. Et ce n'est pas au réalisateur de Far from Heaven qu'on va apprendre à filmer une femme des années 50 à fleur de peau. Le script préparé, basé sur une histoire basée sur une histoire vraie, peine…

Au-delà des montagnes (2015)

Plus personne ne s'attend à ce que Jia Zhangke parle d'autre chose que des évolutions sociales de la Chine contemporaine. Sur le fond, ses films ont cessé d'étonner, car il se réaligne sur le présent à chaque nouvelle sortie et ne laisse pas son sujet de prédilection respirer plus de deux ou trois années de suite. Il tente de masquer ses traces en adoptant pour chaque scénario une nouvelle approche formelle, mais le…

Mad Max: Fury Road (2015)

Pourquoi une narration étoffée serait-elle plus indispensable à un film que la maîtrise du travelling aérien, ou encore l'utilisation de musique classique ? Je m'interroge. L'explosion des structures narratives est un exercice de haute voltige. Le procédé ne flatte pas particulièrement le box-office, mais il est la marque de plus d'un film culte, depuis 2001 jusqu'à Mulholland Drive en 2001 (coïncidence ou con…

Big Eyes (2014)

Big Eyes est une cible bien trop facile à descendre. Il y a l'absence de commentaire de la part du scénario, qui rend le récit du fait divers terriblement plat. La voix off, l'accompagnement musical pesant et la plâtrée de bons sentiments, qui plongent le spectateur dans un territoire de clichés hollywoodiens. La direction d'acteurs déplorable, avec Amy Adams qui évolue dans un registre tragique et Christoph Waltz a…

Les portes du soleil (2014)

Nul besoin d'exagérer pour laisser deviner l'échec fulgurant de l'auto-proclamé premier film d'action algérien, Les Portes du soleil. Les faits suffisent amplement. Reste à déterminer lequel, de l'échec ou de la fulgurance, prévaut. Prenez Jean-Marc Minéo, réalisateur en herbe, présenté sur le site officiel du film comme « champion du monde de kung-fu de 1987 à 1991 », et « chorégraphe du spectacle de Johnny Hall…

Birdman (2014)

Sous vos yeux ébahis, je vais maintenant réaliser cette critique en un seul paragraphe. Autant l'annoncer tout de suite, le procédé n'éclairera aucun propos du texte. Les différentes sections ont été pensées séparément, mais elles seront collées les unes aux autres avec des transitions artificielles. Le résultat ne procure pas plus d'immersion qu'un article nettement structuré, et l'effet est même contre-productif d…

Mother (2009)

Pourquoi est-ce que le film ouvre sur cette danse qui n'a pas encore eu lieu ? Pourquoi est-ce que Jin-tae tient à tabasser des vieux golfeurs ? Pourquoi est-ce que tout le monde ignore que Do-joon n'est pas apte à être jugé ? Pourquoi est-ce que sa mère ne fait jamais valoir ses troubles mentaux ? Pourquoi est-ce que la police expédie l'affaire avec une désinvolture extrême alors que Do-joon est connu d…

Interstellar (2014)

A l'heure où David Fincher fait le pari inattendu et réussi d'un Gone Girl plutôt retenu, dévoilant une subtilité et une richesse d'interprétation régulièrement absentes de ses précédents films tapageurs, Christopher Nolan, autre réalisateur populaire s'il en est, emprunte le chemin complètement opposé et signe avec Interstellar son film le plus pataud, glorifiant sans aucun recul de nombreux codes balourds du block…

Magic in the Moonlight (2014)

Histoire creuse. Progression soporifique. Fil blanc. Misogynie latente. Personnages pénibles. Humour faiblard. Dialogues répétitifs. Acteurs cabotins. Sans alchimie. Paysages inexploités. Image plate. Caméra inexpressive. Montage insignifiant. Jazz rabâché. À film réalisé sans effort, critique tout aussi bâclée. Après le succès de Blue Jasmine, Woody Allen voudrait prendre d…

Dancer in the Dark (2000)

Dancer in the Dark est un film abject qui met en scène la déchéance misérabiliste d'une immigrée immaculée, et ordonne à son public de pleurer. Mais quand ce gros Lars de von Trier éventre mes tympans pour y enfoncer les cris de Björk, et qu'il postillonne les larmes de sa victime partout sur mon visage, non seulement mes yeux restent secs, mais en plus ça me donne la haine, j'ai juste envie que le type devienne pou…

The Tribe (2014)

Dans The Tribe, aucune parole n'est prononcée. Les acteurs utilisent tous la langue des signes et aucun sous-titre n'est fourni. Et pour une écrasante partie du film, ce choix se révèle aussi absurde que de distribuer sans sous-titres un film tourné en ukrainien, puisque les personnages, en plus d'être assez « bavards », restent essentiellement entre eux et n'interagissent presque jamais avec le monde parlant. Évide…

Les gens du Monde (2014)

A l'instar de la discussion sur la neutralité du journal qui y figure, Les gens du Monde rapporte des témoignages morcelés du milieu du journalisme, esquisse vaguement quelques jugements, et s'enfuit devant toute ombre de réflexion. Le portrait express de Thomas Wieder illustre très bien le problème du documentaire d'Yves Jeuland. Wieder, la trentaine, court d'un dossier à l'autre et tweete intensément. Wieder, c…

The Raid 2 (2014)

Un bref comparatif entre l'excellent premier épisode et le piètre second. Le 1 dure 1h40 et sait que sa force réside dans les scènes d'action. L'intrigue est minimale, la progression linéaire, tout est assumé et la mécanique tourne à merveille. Keep it simple, stupid. Le 2 dure 2h30, se croit obligé et capable de développer une histoire et des personnages, et échoue. Gareth Evans essaye d'injecter des sensibil…