L'étrange créature du lac noir (1954)

Non. Si les premiers plans de la forêt amazonienne impressionnent et que la première séquence tournée sous l'eau surprend, cette vieille série B déraille rapidement et s'achève dans un chœur de stupidité impardonnable. L'ironie de cette intrigue basée sur la recherche d'un certain chaînon manquant entre les bestioles aquatiques et l'homme, c'est qu'on y retrouve toutes les horreurs cinématographiques encore d'act…

Café Society (2016)

Malheureusement, je peine à comprendre l'enthousiasme qui accompagne la sortie du nouveau Woody Allen. Pour l'humour il faudra repasser. Je tourne définitivement la page des expérimentations mal-aimées de To Rome with Love, ici règnent les répliques inoffensives, conventionnelles, pataudes, qui font presque honte au verbe incisif et féroce de ses classiques des années 70 et 80. Vu le lendemain de Ma Loute, c'en est …

The Wolfpack (2015)

Encore quelqu'un qui confond globalement reportage et documentaire, heureusement le sujet est assez inédit et en évolution (le tournage du film lui-même ayant sans doute pesé sur les événements auxquels on assiste) pour maintenir l'attention. C'est vraiment ça qui sauve le film en fait, le fait de voir, en direct, des gens accepter du changement, reconnaître des erreurs, ne pas se cacher derrière la honte et la peur…

Green Room (2015)

Devant ce genre de projet je repense à The Conjuring, où James Wan avait décidé de jeter la plupart des tares et des facilités dont s'était affublé le genre horrifique au cours de la dernière décennie. Jeremy Saulnier a fait la même chose avec le survival. Les quelques facilités/clichés qu'il se permet (planque souterraine, trahison chez les méchants, romance de mélo, chien de Tchekhov) ne tardent jamais à se révéle…

L'impasse (1993)

Le conte du gangster qui tente de décrocher, on l'a déjà vu cent fois (c'est l'histoire du cinéma de Michael Mann ça, non ?), alors il y a d'autant plus de mérite à en présenter une version qui touche encore au cœur. Excellent rythme et superbes compositions picturales orchestrées par un De Palma en force, qui n'a aucun problème à retourner quinze ans en arrière pour ressusciter avec efficacité et naturel les 70s. U…

Le Cheval de Turin (2011)

Depuis près de deux ans, je me découvre particulièrement réfractaire aux cinémas qui manifestent un pessimisme absolu et irrationnel, au point presque de posséder un repère pour l'attribution de mes notes minimales : The Tribe, Au hasard Balthazar, Dancer in the Dark, Biutiful, Festen, Hunger, vous voyez le tableau. Il s'avère que le programme de fond du Cheval de Turin n'est guère éloigné, mais Béla Tarr ne chercha…

Mesures contre les fanatiques (1969)

L'apparition de la couleur dans le cinéma de Werner Herzog ne constitue en rien un jalon dans sa filmographie. Mesures contre les fanatiques semble en effet avoir été tourné avec la même insouciance que Dernières paroles, comme si Herzog et son équipe s'étaient subitement aperçu qu'ils avaient emporté leur matos en plein week-end aux courses. À en croire les quelques lignes de générique, les responsables de la ka…

Dodeskaden (1970)

Après la déconvenue Yojinbo, je me suis dit que sans samouraï, j'apprécierais peut-être plus Kurosawa. Mais c'était pas encore le bon film. Dodes'kaden, c'est un choral dans un bidonville expressionniste, mais comme souvent avec Kuro les acteurs surjouent et leurs persos sont caricaturaux. Difficile de s'y attacher dans ces conditions. D'autant plus que je vois pas trop l'intérêt du film, un mélange de "les pauvres …

English Revolution (2013)

Bon dieu, encore une de ces expériences sensorielles foireuses, j'ai l'impression de les enchaîner sans le vouloir depuis The Assassin. L'ironie de glisser complètement sur le dernier long-métrage de Ben Wheatley (à l'aube de la sortie française de High Rise), alors que ce sont les bons échos de ce A Field in England qui m'avaient motivé en 2014 à me lancer dans la petite filmographie du bonhomme, et avec une cer…

Fuckkkyouuu (2015)

Après écoute de son album You're Dead, je savais que Flying Lotus touchait à des trucs pas nets, mais ce court-métrage va encore au-delà de ce qu'on pouvait attendre. L'intrigue reste imbitable mais ce n'est pas franchement ce qui intéresse Eddie Alcazar. Les images parviennent sans mal à infuser un grand malaise, avec un noir et blanc audacieusement sombre et un montage agressif. Et la musique oppressante complète …

Quand passent les cigognes (1957)

La mise en scène est splendide, Kalatozov manie à merveille les grues, les perspectives, les plan-séquences, du grand cinéma soviétique, mais l'histoire est tellement simplette et en même temps loin de mes préoccupations, ça gâche tout. Veronika reste en ville pendant que Boris part à la guerre, il pense à elle, elle pense à lui, ils sont malheureux. Là le cousin de Boris tente de violer Veronika alors celle-ci acce…

Breakfast Club (1985)

Un huis clos avec cinq ados collés dans une bibliothèque tout un samedi, mais pas si huis clos que ça en fait : au fur et à mesure de leurs discussions, ils vont s'émanciper des images respectives dont ils se tiennent prisonniers, couvrant en parallèle de plus en plus d'espace dans la grande salle puis dans le reste du lycée. J'hésite à parler de coming-of-age, parce que les personnages ne grandissent pas franchemen…

Les ailes du désir (1987)

Wenders fait du remplissage sur la base de quelques idées sympa. Il y a qu'à voir Nick Cave, sur un vinyl, sur scène, sur un poster, puis sur scène une seconde fois ; Les Ailes du désir se répète à mort, il y avait de quoi faire un moyen-métrage à la limite, mais là c'est quatre fois trop long. Pendant 1h30 il se passe la même chose que dans les premières minutes, et il n'y a clairement pas besoin de tout ça pour dé…

The Machinist (2004)

Le fait de n'avoir vu aucun thriller depuis un bon moment me pousse sans doute à un peu d'indulgence, mais tout de même, c'est bien filmé pour ce que ça vend. Spoilers en dessous. Le contraste est réduit à mort pour toutes les scènes qui ne se rattachent pas à des souvenirs ; on pouvait craindre une image délavée et lassante mais non, la lumière et les réminiscences en question sont rythmées pour maintenir l'atte…

Cyrano de Bergerac (1990)

Moi qui prends mon pied à l'écoute des dialogues désuets et chatoyants des films de Bruno Podalydès... Cyrano de Bergerac s'est révélé un bonheur de tous les instants. D'autant plus que mes profs de collège n'ont jamais daigné m'en imposer la lecture : j'ai vibré au rythme des tirades avec l'intensité de la première fois. Il y a donc cette foi ultime en la langue française, sa richesse, sa musicalité ; je lis que…

Une nuit à l'opéra (1935)

Groucho, Harpo et Chico Marx font les zouaves et c'est presque aussi efficace que Duck Soup. Toujours ce mariage de différents types de comique, dont le dynamisme général reste encore séduisant à ce jour. Une intrigue pas très significative en fond, mais ça contribue à faire passer les frérots pour des jokers chaotiques, et puis les numéros chantants sont plutôt agréables, donc je ne me plains pas. Il y a même quelq…

Duch, le maître des forges de l'enfer (2011)

Témoignage de Duch, secrétaire communiste chargé de la gestion du centre de sécurité S21 où ont été torturés et tués plusieurs milliers d'opposants politiques et d'innocents cambodgiens, ce documentaire est une des illustrations les plus parlantes de la "banalité du mal" qu'avait formulée Hannah Arendt en écho aux procès nazis. L'éducation pervertie qui fait passer les pires exactions pour un boulot comme un autre, …

De l'influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites (1972)

Derrière un des titres les plus sexy de l'histoire du cinéma se cache un drame social pas folichon, et qui n'a su m'emmener nulle part. Le grain des années 70 et la trajectoire de jeune veuve célibataire m'ont rappelé Alice n'est plus ici de Scorsese (sorti deux ans plus tard), bien que Newman déploie une mise en scène pragmatique, tournée vers les acteurs mais assez générique sur les autres plans (sa réputation …

Qui a tué Bambi ? (2003)

De manière inattendue, le premier long-métrage du scénariste Gilles Marchand souffre d'une écriture laborieuse et très imparfaite, une tare assez difficilement excusable pour ce genre de thriller. Les efforts apportés à la mise en scène sont significatifs, notamment le cadre glacé (quoiqu'un peu facile) de l'hôpital et la caméra, voyeuse sans en faire des tonnes. Mais le scénario est vraiment piqueté de facilités…

Still Walking (2008)

Filmer la famille, filmer les pères, les mères, les enfants : Kore-eda a prouvé son talent sur le sujet à plusieurs reprises, et Still Walking n'y fait pas exception. Formellement, c'est juste assez original pour démontrer une créativité et une bonne maîtrise du langage visuel, sans faire de l'ombre à une histoire simple et pleine d'émotion. Unité de temps (presque) et de lieu pour une réunion de famille, visant …