Témoignage de Duch, secrétaire communiste chargé de la gestion du centre de sécurité S21 où ont été torturés et tués plusieurs milliers d'opposants politiques et d'innocents cambodgiens, ce documentaire est une des illustrations les plus parlantes de la "banalité du mal" qu'avait formulée Hannah Arendt en écho aux procès nazis. L'éducation pervertie qui fait passer les pires exactions pour un boulot comme un autre, le détournement du langage pour amoindrir les horreurs dans l'esprit des tortionnaires, la pression de l'administration et l'obéissance désintéressée aux ordres, tout y est.
Étant déjà un peu familier des décennies troublées de l'Asie du Sud-Est à travers d'autres docus (Panh, Oppenheimer, Davy Chou), je n'ai pas été choqué par l'absence apparente de vice ou de remords liés à ces atrocités, mais j'imagine que c'est quelque chose à voir au moins une fois, sous une forme ou une autre, loin des clichés fictionnels de nazis diaboliques.
J'ai été par contre plus gêné par la présence minimale de Panh derrière son film : contrairement à L'image manquante, où il tenait une position active, ici il se contente de filmer Duch en plan rapproché ou en gros plan, entrecoupant de temps en temps avec des images d'archives assez génériques ou bien des reconstitutions lacunaires à l'aide d'anciens subordonnés (en liberté, contrairement à Duch). C'est donc moins un face-à-face qu'un monologue et, sans question rapportée ni contenu additionnel qui en explicite la structure ou la progression, le docu y perd à la fois en tension et en clarté de propos. Je peux comprendre la volonté de s'effacer pour faire ressortir la banalité du mal, mais en l'occurrence la neutralité déployée me semble excessive.
Témoignage de Duch, secrétaire communiste chargé de la gestion du centre de sécurité S21 où ont été torturés et tués plusieurs milliers d'opposants politiques et d'innocents cambodgiens, ce documentaire est une des illustrations les plus parlantes de la "banalité du mal" qu'avait formulée Hannah Arendt en écho aux procès nazis. L'éducation pervertie qui fait passer les pires exactions pour un boulot comme un autre, le détournement du langage pour amoindrir les horreurs dans l'esprit des tortionnaires, la pression de l'administration et l'obéissance désintéressée aux ordres, tout y est.
Étant déjà un peu familier des décennies troublées de l'Asie du Sud-Est à travers d'autres docus (Panh, Oppenheimer, Davy Chou), je n'ai pas été choqué par l'absence apparente de vice ou de remords liés à ces atrocités, mais j'imagine que c'est quelque chose à voir au moins une fois, sous une forme ou une autre, loin des clichés fictionnels de nazis diaboliques.
J'ai été par contre plus gêné par la présence minimale de Panh derrière son film : contrairement à L'image manquante, où il tenait une position active, ici il se contente de filmer Duch en plan rapproché ou en gros plan, entrecoupant de temps en temps avec des images d'archives assez génériques ou bien des reconstitutions lacunaires à l'aide d'anciens subordonnés (en liberté, contrairement à Duch). C'est donc moins un face-à-face qu'un monologue et, sans question rapportée ni contenu additionnel qui en explicite la structure ou la progression, le docu y perd à la fois en tension et en clarté de propos. Je peux comprendre la volonté de s'effacer pour faire ressortir la banalité du mal, mais en l'occurrence la neutralité déployée me semble excessive.