Rogue One: A Star Wars Story (2016)

Je suis pas du tout le premier fan de la saga, et je n'avais aucune attente par rapport à celui-là, mais je me retrouve à l'avoir apprécié sans fard. Ca me fait penser que la franchise, en particulier les épisodes 6, 1, 2, 3 puis 7, était pas mal étouffée par sa mythologie principale et ses histoires de cœur. Rogue One ne s'abstrait pas de clins d'œil inutiles pour se replacer dans la grande histoire (en particulier…

Looking : Le Film (2016)

Excellente conclusion pour une série qui ne l'était pas moins. Le parallèle pourra prêter à sourire, mais je trouve qu'Andrew Haigh capture les sentiments de gays à 30-40 ans avec la même justesse que Linklater et nombre de ses personnages hétéros à 20-30 ans. L'implication des acteurs et la force authentique des dialogues se fondent dans le plaisir général d'une mise en scène humble mais travaillée : bien que ses q…

Mad Love in New York (2014)

Sans doute dans mes envies pour voir où en était Caleb Landry Jones. Il avait un rôle plutôt secondaire en fait, meh. Heaven Knows What est un film assez naturaliste et stérile sur une toxico new-yorkaise et ses potes. Rien de neuf à l'horizon, des gens malheureux qui se piquent et se trompent et s'engueulent, rien qui n'ait été écrit ni montré (plus par des européens que des américains, il est vrai). Au début, avec…

Frantic (1988)

La première heure de Frantic est riche, un croisement entre Eyes Wide Shut (le basculement progressif et le cauchemar inattendu qui n'arrive pas à se terminer) et Le Locataire (isolement du personnage principal ; folie ?) saupoudré de HSS (dans la façon de dépeindre Paris, la ville lumière qui te met sur les nerfs : nombreux détails de mise en scène autour de petites gênes du quotidien, de l'obstacle agaçant de la l…

Schizophrenia (1983)

Un home invasion bien glauque dans la plus pure tradition autrichienne ; un des premiers du genre peut-être, mais je n'y trouverais pas un mérite évident. On pense aussi à Seul contre tous, le premier et remarquable long-métrage de Gaspar Noé (qui cite d'ailleurs Kargl en tant qu'influence majeure), par cette ambition de faire comprendre ce qui se passe dans la tête d'un psychopathe. Pourtant j'ai trouvé Angst assez…

La jeune fille sans mains (2016)

Des techniques graphiques remarquables et un accompagnement musical plaisamment psychédélique, entièrement gâchés par de constantes incohérences narratives. L'inspiration revendiquée des frères Grimm n'est pas un passe-droit pour la stupidité. L'absence de morale claire et le doublage insipide font encore plus tache vis-à-vis des ambitions revendiquées. Échec spectaculaire de la suspension d'incrédulité.

Vaiana, la légende du bout du monde (2016)

J'ai beau sortir les grands mots pour critiquer Sombre et évoquer le talent nécessaire à Grandrieux pour ramener à la surface de mes émotions des passions primales, je suis encore capable de pleurer comme un gamin (plus qu'un gamin ?) devant le dernier Disney, haha. Je sais pas ce qui se passe dans ma tête, les chansons optimistes quoiqu'un peu niaises, les manifestations de tendresse désintéressées quoiqu'artificie…

Paterson (2016)

Il a été reproché à Jarmusch, à raison, de jouer un peu trop régulièrement la carte de l'artiste rebelle, oisif et torturé. Dans sa sobriété, Paterson est l'antithèse brillante de cette critique. Adam Driver joue un chauffeur de bus qui s'abreuve avec parcimonie d'une routine sans éclat pour la transformer littéralement en poésie. Un quotidien dont l'insignifiance occasionnelle n'est en rien camouflée, la noirceur n…

Diamond Island (2016)

J'avais été séduit par Le Sommeil d'or, le premier long-métrage documentaire de Davy Chou, mais les espoirs que je plaçais en sa transition vers la fiction ont été amèrement déçus. Le réalisateur franco-cambodgien filme Phnom Penh avec un spleen européen assez usé. Ce détachement, s'il lui permet de dresser un portrait sans doute juste de la jeunesse locale, ne m'a pas grandement intéressé. C'était sans doute une er…

Oncle Boonmee (celui qui se souvient de ses vies antérieures) (2010)

Qu'on se dise qu'Oncle Boonmee ne cherche pas à faire penser autre chose, mais à faire penser autrement, et on cernera à la fois l'ampleur conceptuelle du projet, la prépondérance de la subjectivité dans l'expérience, et l'échec de la plupart des approches critiques (ce à quoi je n'aurai pas la prétention de vouloir échapper ce soir). Oncle Boonmee, c'est la proposition d'un pur transfert de l'imaginaire, en coop…

Syndromes and a Century (2006)

Dans la première moitié de Syndromes and a Century, au cours d'une de ces séquences faussement incidentes dont Weerasethakul s'est fait le chantre, un brave luron fait la découverte d'une orchidée qu'il assure rarissime, censément une des fiertés nationales de la Thaïlande, oubliée, incongrue, perchée sur un arbre quelconque, et dont les racines se dédoublent inélégamment car le lieu de pousse n'est pas idéal. Le bo…

Blissfully Yours (2002)

Premier long-métrage de fiction de Weerasethakul, plus inspiré que le pénible cadavre exquis Mysterious Object at Noon, mais pas beaucoup moins self-indulgent. La sauce n'a pas pris pour moi cette fois-ci, mais c'est à mon sens une version inaboutie de Syndromes and a Century qui m'a bien plus séduit (j'ai l'impression qu'il s'en faut de peu, cependant), donc je vous redirige vers le commentaire afférent... une fois…

Brice 3 (2016)

Comme j'avais des problèmes mais que j'ai plus l'âge de me scarifier, je suis allé voir Brice 3 à 9h15 un dimanche matin à l'UGC des Halles. J'ai regardé toutes les pubs. Ensuite j'ai regardé le film, qui ressemblait beaucoup aux pubs, genre celle pour Oasis, sauf que les fruits étaient remplacés par des bimbos et des mecs baraques. J'espérais, tout en me sachant idéaliste, trouver un film foutraque où Jean Dujar…

Strange Days (1995)

Bigelow à la réalisation, Cameron au scénario, ça fait une sacrée puissance d'exécution. Strange Days est un techno-thriller qui convoque à la fois le cyberpunk de Gibson, le romantisme noir de Blade Runner, et des préoccupations raciales que n'aurait pas reniées Spike Lee. Non que le film parvienne à atteindre le niveau de profondeur de ces références : certaines répliques sur-écrites font occasionnellement déraill…

Génération rebelle (1993)

Linklater a fait son propre American Graffiti, et ça s'appelle Dazed and Confused. Il avait pas l'âge pour réaliser le film quand il était ado texan dans les 70s, alors il a dû attendre le début des 90s pour s'y mettre, mais dans l'ensemble, en dehors d'un idéalisme un poil plus marqué et pas forcément pertinent, difficile d'identifier ce qu'il a apporté au genre. En troquant l'ambiance underground de son précédent …

Dark Star - L'étoile noire (1974)

Le premier long-métrage de Carpenter n'est pas profond pour un sou, et les mauvaises langues se laisseront distraire par les effets spéciaux datés (sur certains points il faut bien dire que ça s'assimile à un pastiche fauché de 2001). Moi j'aime bien ce charme désuet, tout comme les effets bariolés du Tron original. Mais surtout, Carpenter exhibe déjà de multiples talents qu'il perfectionnera au fil de sa carrière. …

La gueule du loup (1981)

La plaisir de Pietro Marcello à mélanger les registres de cinéma rappelle rapidement Guy Maddin, mais ce repère rassurant n'aide en définitive pas franchement à apprivoiser La Bocca del Lupo. Dans un mélange tournoyant d'interviews face caméra, de scènes reconstituées, de séquences symboliques, d'images d'archives ou encore d'extraits d'autres films, Marcello évoque la désindustrialisation portuaire de Gênes en même…

Fanboys (2009)

En 1998, quatre nerds traversent les Etats-Unis pour aller voler une copie de The Phantom Menace avant sa sortie en salles. Je crois que ce film avait intégré ma watch-list il y a cinq-six ans, soit sur vague suggestion de mon copain, soit parce que j'avais pensé que ça m'aiderait à comprendre certains trucs sur mon copain. Sauf que les quatre mecs sont sexistes, immatures et obsédés, et que le film (ironie) est …

Zathura - Une aventure spatiale (2005)

Film pour enfants. Je le dis pas de façon dégradante, quoique ce soit pas non plus le film le plus dégourdi à mettre devant les têtes blondes, mais ça a vraiment été produit avec ce public en tête. Musiques appuyées (des chœurs toutes les cinq minutes bien sûr), deux frères héros gentils et génériques, une progression évidente, des sfx pas surprenants mais propres et vaguement émerveillants. C'est plutôt respectueux…

La rue de la honte (1956)

Il m'aura fallu cinq ans et mille reconsidérations du cinéma pour que, après avoir trouvé "Les Contes de la lune vague après la pluie" chiants comme la pluie qui les a précédés, j'ose me lancer un deuxième Mizoguchi. Il m'aura fallu dix minutes de plus pour comprendre que ce serait probablement le dernier. Dans La Rue de la honte, Mizoguchi est obsédé par la question du réalisme ; les dialogues et les décors en p…