Frantic

un film de Roman Polanski (1988)

La première heure de Frantic est riche, un croisement entre Eyes Wide Shut (le basculement progressif et le cauchemar inattendu qui n'arrive pas à se terminer) et Le Locataire (isolement du personnage principal ; folie ?) saupoudré de HSS (dans la façon de dépeindre Paris, la ville lumière qui te met sur les nerfs : nombreux détails de mise en scène autour de petites gênes du quotidien, de l'obstacle agaçant de la langue, de pourboires, de sonneries de téléphone, de quiproquos inconséquents, de rencontres inopinées, etc.)

Et puis le scénario abat ses cartes, évente le mystère, et l'attrait du film s'effondre doucement, jusqu'à ne plus ressembler qu'à un informe James Bond amateur. Polanski en a conscience, lui qui clôt son film avec un plan franchement artificiel sur Harrison Ford, doublé d'un fondu pas moins décalé sur un... camion poubelle. Mais enfin sa responsabilité ne s'arrête pas à la fadeur de l'histoire qu'il a co-signée. La sortie du film précédant de quelques mois son mariage avec Emmanuelle Seigner, j'imagine qu'il a commencé à la fréquenter sur le tournage. Et je suis gêné d'avoir à dire que son temps d'apparition à l'écran y est probablement lié. Son personnage casse l'odyssée éperdue de Harrison Ford, son rôle de fausse ingénue est franchement cliché et n'aurait pas dû occuper plus de quelques minutes de pellicule, et puis simplement elle n'avait pas encore les épaules pour porter un rôle principal. Quant à la séquence où elle agite son derche dans une discothèque autour d'un Harrison Ford qui ne comprend absolument pas ce qui se passe, mais qu'est-ce que ça pouvait bien foutre là...