La La Land (2016)

Bof. Profitant du peu de mémoire collective, La La Land commence comme un épisode de Glee superproduit et surproduit, débauche visuelle et plan-séquence censément spectaculaire à l'appui. Directement, j'ai bien senti un profond amour du travail bien fait chez Chazelle, mais j'ai aussi trouvé éreintant (et presque indécent) de dépenser autant d'énergie pour illustrer des paroles surécrites et, appelons un chat un cha…

Vivre (1952)

J'ai déjà dit ailleurs que les jidaigekis de Kurosawa m'ont plus souvent ennuyé que le contraire, mais je craignais aussi qu'un drame contemporain comme Vivre me laisse froid, car l'expressionnisme de Dodes'kaden m'avait encore moins séduit. Eh bien non, je retiendrai pour l'instant Vivre comme l'épisode qui a racheté le maître japonais à mes yeux. La ligne de fond reste classique : au seuil d'une mort cancéreuse…

Moonlight (2016)

Auto-citation de mon texte sur Carol : En définitive, Carol est un écrin splendide et assez creux, mais sa simple existence, après J. Edgar et The Imitation Game, montre d'une façon presque bienvenue que l'homosexualité est à ce point acceptée par l'industrie du cinéma qu'elle a désormais sa place au sein des intrigues académiques les plus rasoirs. Reste à attendre le moment où les producteurs afférents pourront …

Une nuit sur terre (1991)

Le court-métrage avec Benigni est de trop. Je l'aime plutôt mais Night on Earth c'est pas (uniquement) un film de clowns, or l'italien phagocyte l'ensemble des vingt minutes de son temps d'apparition, et Jarmusch ne lui oppose aucun contre-poids. Les quatre autres suffisaient à composer un film assez irréprochable, énième variation du réalisateur sur le thème du spleen urbain. En plus dans Night on Earth, on voya…

Blueberry, l'expérience secrète (2004)

Je ne savais pas du tout ce que contenait ce fichier et je me suis arraché les yeux sur mon écran modeste avec ma copie crado, c'est dommage parce que les visuels psychés doivent joliment rendre dans de meilleures conditions. Et ça malgré la limite habituelle du : le montrer c'est bien, le vivre c'est quand même mieux. Au début je me disais que Jan Kounen avait pris trop littéralement le "acid" de "acid western",…

Le concours (2016)

Claire Simon dépeint sans fioriture, avec un montage un brin malicieux mais surtout observant, les épreuves du concours d'entrée de la Fémis. Le fond est dense et me donne envie de débattre plutôt que de me parler à moi-même, donc je resterai bref et épars. Le docu n'a pas peur de montrer le caractère arbitraire de certaines épreuves, dont l'investissement hétérogène des multiples correcteurs/jurés. Ça n'est pas …

Barberousse (1965)

J'ai rarement été autant tiraillé entre la révérence et l'indifférence. Je vois à chaque scène le savoir-faire technique et la délicatesse extrême de Kurosawa. Je sens sa juste indignation contre la misère sociale, et son sincère désintérêt envers la reconnaissance. Même Toshiro Mifune parvient à faire preuve de l'exacte réserve que son personnage incarne. Mais une fois de plus devant le maître japonais, je const…

Les valseuses (1974)

Gérard Depardieu et Patrick Dewaere, punks avant l'heure, insouciants et brutalement hédonistes, lancés éperdument dans une cavale éternelle. C'est atterrant de misogynie, couillon, destructeur, et pourtant. Ça me fait penser à quand j'étais gamin, quand je voyais presque tout à travers les yeux de mes parents. Ça me fait me projeter dans la jeunesse de mes parents. Plutôt début 80s que début 70s en vrai, mais qu'im…

Mourir comme un homme (2009)

Il y a un réalisateur portugais qui se prend à moitié pour Dolan et à moitié pour Weerasethakul. Sans trop de surprise, ça marche très mal. Plans auteuristes pompeux et risibles, dialogues appuyés et faux, c'est épuisant de vanité, et je n'ai pas le courage de me confronter à la deuxième heure. C'est quand même un peu dommage, parce qu'il y avait dans le scénario des éléments de dialogue sur le transsexualisme assez…

Brazil (1985)

Je ne sais honnêtement plus trop pourquoi le film de Gilliam m'avait tellement remué il y a des années. Peut-être son gigantisme ? Ses clins d'œil à 1984 ? Ses dernières minutes intenses et sa chute impitoyable ? À l'époque, j'étais bouleversé pour un rien, alors je serais incapable de retrouver pourquoi Brazil a particulièrement reçu mes faveurs. En tout cas aujourd'hui, le film me parle sur un plan moins intime…

Last Days (2005)

Gus Van Sant trouve moyen de représenter la dépression sans en faire un artifice glamour ni une curiosité de foire. Le personnage principal de Last Days est modelé d'après Kurt Cobain, mais le scénario ne se soucie ni des détails historiques, ni en fait de la plupart des éléments prétendument croustillants qui nourrissent les biopics d'aujourd'hui. Face au pitoyable Montage of Heck qui s'enivrait des dessins gores e…

Body Double (1984)

Vu dimanche soir, je m'attendais déjà à ne pas beaucoup en retenir sur le fond. Des affaires de voyeurisme, de virilité, de syndrome du sauveur... C'est peut-être mon sixième ou septième De Palma et je dois avouer que, malgré quelques vagues connexions d'un film à l'autre, je ne cerne toujours pas le bonhomme, ce qu'il veut raconter, pourquoi il fait du cinéma. C'est peut-être simplement dû au fait que nous ne parta…

La barrière de chair (1964)

Cf. la critique de Fritz : la guerre c'est moche, mais on a trop tendance à oublier que la reconstruction, c'est pas joli-joli non plus. La Barrière de chair, c'est l'histoire d'un petit gang de filles qui se prostituent et se serrent les coudes. Aucune poésie ici, avant tout de la camaraderie agressive, de la hargne et du vice. La mise en scène de Seijun Suzuki est remarquable, expressive et osée. Les couleurs s…

David Lynch: The Art Life (2016)

Ce documentaire présente la jeunesse de Lynch, depuis une enfance sans histoire jusqu'au tournage de Eraserhead. Il accomplit un grand écart plutôt surprenant : d'une part il s'en tient aux faits et ne dérive jamais vers l'analyse d'oeuvre, et d'autre part la mise en scène, fortement affiliée aux films de Lynch, n'a rien d'inoffensif. Compte tenu de la période recherchée, The Art Life explore le travail de peintu…

Mourir à Madrid (1963)

La guerre civile espagnole est toujours restée un mystère pour moi, malgré les efforts de mes professeurs successifs. C'est un peu tard pour m'y intéresser, mais peut-être aurais-je rapidement compris (et moins souvent fait le zouave) si ce docu m'avait été montré. Le montage est écorché, la narration pleine d'émotion, tout est fait pour dépasser le statut de fresque historique insensible. Les extraits d'archives…

John Wick 2 (2017)

Les pelletées de headshots et les souffles rauques de mecs qui se tatanent, c'est pas trop quelque chose qui m'excite, d'habitude ça me fait plutôt lever les yeux au ciel. Il y avait de ça dans John Wick 2, mais c'est amplement racheté par plusieurs aspects de la mise en scène. Je persiste à être étonné, mais pour mon plus grand bonheur, de voir un cascadeur de métier capable d'insuffler une vision si cohérente et (…

Jack Reacher (2012)

Sacré Jack Reacher, il a toujours un coup d'avance ! :D Bon, Christopher McQuarrie connaît son taf, j'avais pu le constater dans le dernier Mission Impossible. Il se permet même d'être un peu original, par exemple dans l'intro sans paroles, ou la course-poursuite élastique. À l'image du personnage de Tom Cruise, il y a toujours dans la mise en scène ce côté laid-back, posé, jusqu'à ce qu'il faille se remuer les f…

Personal Shopper (2016)

Personal Shopper récompensé pour sa mise en scène à Cannes, qui m'explique ? C'est pour avoir inséré un fantôme gribouillis numérique dans un film d'auteur ? Pour avoir monté une demi-heure d'un écran d'iPhone ? Ou bien pour avoir capturé Kristen Stewart en topless sur grand écran (on a tous oublié On the Road, ouf) ? Quels succès éclatants ! J'ai la moquerie facile, mais je pense vaguement repérer ce que le jury…

Everybody Wants Some!! (2016)

Correct mais dispensable, le dernier Linklater se met à la hauteur d'un gang de jocks dans une université texane au début des années 80. Un monde de queutards soiffards auto-centrés que le scénario s'efforce tout de même de différencier, accordant par là une épaisseur et une certaine sensibilité aux multiples personnages. Le leitmotiv de réhabiliter les stéréotypes sur lesquels le public distingué a l'habitude de cr…

Picnic à Hanging Rock (1975)

Au bout de trois quarts d'heure j'ai le sentiment que j'aurais dû arrêter depuis deux heures. Picnic at Hanging Rock est un fait divers en costumes, deux "genres" que je trouve isolément ridicules et dont la combinaison est dévastatrice de mièvrerie niaiseuse. Certains se sont efforcés d'y voir un conte d'adolescence et d'émancipation, mais à part se gargariser sur des évidences (il y a des normes sociales étouff…