Jeannette, l'enfance de Jeanne d'Arc (2017)

Est-ce que vous verrez jamais ça ailleurs ? Non. Est-ce que ça vous touchera ? Probablement pas. P'tit Quinquin et Ma Loute ont prouvé à tout le monde que Dumont avait un caractère bien trempé et ne craignait pas d'être radical. Son problème dans Jeannette, c'est qu'il n'a tellement plus peur de rien qu'il confond long-métrage et travail de recherche. La production se laisse distraire par toutes les improvisat…

Excalibur (1981)

Je me suis lancée là-dedans sur la foi du nom de John Boorman, alors que j'étais pas trop d'humeur et que le mythe d'Arthur ne m'a jamais emportée très loin. Et le film m'a happé dans son monde fantastique d'un bout à l'autre. Bon travail d'adaptation et excellente mise en scène, pleine d'attention aux décors et d'estime pour les personnages. Je n'ai même pas envie de reprocher durement au scénario de faire de la lé…

Fusion (2003)

Des ingénieurs qui s'amusent, dans une version alternative de SF spatiale. J'ai souri, soit parce que c'était inepte (la destruction de Rome par de méchants éclairs, quelle blague), mais plus souvent parce que les équipes derrière font preuve d'une imagination candide pour s'attaquer à des conditions physiques pas communes. Le vaisseau ver de terre est une belle création, la caverne géode pourquoi pas aussi... Je co…

Perfect Blue (1997)

Satoshi Kon, grand fou. J'attendais de me sentir bizarre au milieu d'une nuit pour découvrir son premier long-métrage, et ça n'a pas raté. Sans épiloguer sur le charme de la belle animation 90s ni l'horreur insidieuse du piège dissociatif qui se joue, parce que les frontières entre l'actrice (de la diégèse) et le personnage qu'elle interprète sont si habilement et violemment brouillées, je n'ai jamais autant eu l'im…

Public Enemies (2009)

Au bout d'un quart d'heure, je me vois déjà arrêter. Un scénario de film de gangster terriblement codifié, qui jette ses ficelles comme on l'attend et ne promet ni surprise, ni plaisir, ni enseignement. Mais le carton rouge, c'est de filmer tout ça caméra à l'épaule, avec la pire rudesse du numérique. Mann a beau être sur son terrain, c'est d'une contre-productivité dramatique par rapport à la figure fantasmée du ba…

Domino (2005)

Tony Scott tente d'intensifier la grammaire cinématographique américaine dans un paroxysme de mauvais goût, mais ni la "créativité" ni l'intrigue ne sont assez intenses pour maintenir mon attention. J'ai arrêté au bout d'une demi-heure, quand Keira Knightley offre ses fesses à un gangsta latino dans un lap dance salement gratuit. Si en fait c'était de la satire à la Showgirls ou Spring Breakers, prévenez-moi, mais l…

Le papier ne peut pas envelopper la braise (2007)

Ce soir j'ai regardé un Cronenberg en mangeant, puis un docu sur des prostituées cambodgiennes avant de me coucher. Absolument plombant. Je sais pas d'où viennent ces motivations subites de visionnage, mais à ce niveau de bêtise j'ai peur de m'enfermer sur mon palier avant de réussir à atteindre mon lit... Pas grand-chose à ajouter aux textes de gallu et Fritz ("merci" pour la reco), autrement. Rithy Panh ne fait…

Toto le héros (1991)

Mr Nobody meets Harold Crick. Du trivial maquillé en tragi-comique, plein de clichés pour que chacun s'y retrouve, et du coup pas très accrocheur en ce qui me concerne. Dans la même veine, la mise en scène mange à tous les râteliers, sans parvenir à imposer sa propre identité. Avec son histoire de bébés échangés, Jaco van Dormael a l'air un peu obsédé par cette idée qu'on puisse lui voler sa vie dès l'enfance. Pense…

Le nom de la rose (1986)

Le vénérable Jorge l'explique vers la fin du film : le rire tue la peur, et la peur tue la foi. Jean-Jacques Annaud est ainsi très conscient de ce qu'il accomplit dans son adaptation, en mettant en scène Sean Connery comme un Sherlock facétieux dans une abbaye franciscaine (à moins que ce ne soit une boîte gay médiévale). Il veut amuser, il veut divertir, mais il le fait hélas aux dépens de l'atmosphère roman gothiq…

La jetée (1962)

Euh ? Je suis complètement passée à côté. Chris Marker fait un "photo-roman", on ne peut pas lui reprocher de mentir sur la marchandise. Mais quelle idée pour tant de critiques d'y voir une remise en question inventive du mouvement au cinéma ? C'est au contraire une régression vers un mode narratif qui appartient à la littérature, et une grammaire visuelle qui relève de l'animation archaïque. C'est différent oui,…

Les fraises sauvages (1957)

J'appréhendais mon premier Bergman depuis Le Septième Sceau il y a bien une dizaine d'années, d'autant plus que j'ai eu le temps de développer une aversion raisonnée pour les films qui se prenaient excessivement au sérieux et versaient dans un symbolisme surchargé (c'est ainsi qu'a mûri mon souvenir du match Max von Sydow vs. Death). Les deux films ayant été tournés à quelques mois d'écart, mes craintes n'étaient pa…

Flash Gordon (1980)

Même en film à boire, j'ai peur que ça ne marche pas. Les dialogues sont tellement lourds et neutres qu'il est impossible d'y interpréter le même humour kitsch que dans les décors et les costumes. Flash Gordon est un super-héros sans pouvoir, et Queen signe la bande-son d'un film presque sans musique (je n'avais pas connu pareille déconvenue depuis Giorgio Moroder et Midnight Express). Un bon point pour la mise en s…

La source (1960)

Semi-surprise à nouveau du côté de Bergman. Malgré son éclat pictural, le premier acte n'a pas trop résonné en moi. La faute sans doute à quelques dialogues trop sentencieux et à une mise en scène qui accumule trop de non-dits. Et puis c'est l'horreur, et le film ne s'en relève jamais tout à fait. Les mots n'en sont pas rendus plus violents, mais les valeurs civilisées qu'ils représentaient ne sont plus qu'une coqui…

Le Point de non-retour (1967)

John Boorman est décidément un excellent conteur, mais ça lui joue ici quelques tours. Point Blank est une relecture inspirée du film noir dans une Californie poisseuse, mais le scénario peine à ralentir ses rebondissements en vue d'expliquer pourquoi on suit un Lee Marvin crispé, pourquoi on devrait s'attacher à lui. Bien que les multiples décors nourrissent une atmosphère à la fois urbaine, exotique et inquiétante…

Amer (2009)

Un film presque sans paroles, qui s'apprécie de la même façon. La chose la plus importante que j'aie à en dire, c'est que je me serais mordu les doigts de ne pas l'avoir vu en salle. Le premier long-métrage de Cattet et Forzani fait non seulement l'économie des dialogues, mais aussi celle de presque toute intrigue. Le scénario est construit comme une suite de rushs stylistiques grisants, qui poussent l'esthétique…

Il n'y a pas de rapport sexuel (2011)

Les séquences de "making-of" (peut-être un terme encore trop technique pour désigner une caméra qu'on laisse tout le temps tourner) montrent comme promis, crûment, les coulisses du porno des années 2000. Pour un peu qu'on se soit intéressé à la question auparavant, ce docu ne fait que confirmer ce qu'il était déjà permis de s'imaginer : derrière le spectacle dévolu à la performance et aux fantasmes grandiloquents, i…

Margot (2007)

Où l'on comprend que l'humour de Tim Burton, au milieu de ses accès de stop-motion gothique et macabre, le sauve en fait de la naïveté. La jeune réalisatrice de ce court-métrage plonge dans le glauque jusqu'à la caricature, au point que son scénario aligne les platitudes "je tue par amour, je meurs par amour, mon cœur est glacé et je souffre éternellement pour des siècles et des siècles". Dommage pour la constructio…

La jeune fille de l'eau (2006)

L'injustice et l'incompréhension qui entourent ce conte merveilleux me font pour une fois excuser le réalisateur qui trashe les critiques ciné au sein même de son récit... Personne ne cherche à comprendre la séquence post-prologue où Shyamalan tente d'écraser la teigneuse absence de fantaisie qui cloue désormais largement le public au sol. Personne ne parle du travail de caméra qui occulte consciencieusement ce m…

Les enquêtes du Département V: Miséricorde (2013)

J'aime bien mes potes et je peux pas leur en vouloir de m'imposer un polar danois à succès après les avoir dégoûtés avec une série B hong-kongaise, mais quand même : au secours c'est trop nul, et je sais pas comment m'échapper sans passer pour une cinéphile méprisante et une amie déplorable. C'est aussi cliché et vain que les champignons moisis qui foisonnent sur les étals des librairies de gare. Je suis pas capable…

Conversation secrète (1974)

A l'image de son héros, la sobriété apparente de Coppola n'est qu'une façade pour une créativité et des tensions de mise en scène inspirées, à la fois sur l'image et sur le son. C'est toujours un plaisir, en tant que spectateur, d'être entre ses mains. Sur l'étude paranoïaque et l'approche anti-romanesque, suffisamment d'encre a déjà coulé pour que je n'aie pas à m'épancher à mon tour. Je me contenterai de dire q…