Chris Marker fait un "photo-roman", on ne peut pas lui reprocher de mentir sur la marchandise. Mais quelle idée pour tant de critiques d'y voir une remise en question inventive du mouvement au cinéma ? C'est au contraire une régression vers un mode narratif qui appartient à la littérature, et une grammaire visuelle qui relève de l'animation archaïque. C'est différent oui, mais conceptuellement c'est aussi peu intéressant que de raconter ses vacances avec des diapos.
Mettons de côté cette originalité ratée et jugeons la pertinence des procédés par rapport au scénario. La voix off répète ce qui se passe en images donc je vois pas l'intérêt. Le fractionnement de l'image en instantanés est légèrement plus épineux, mais pas plus convaincant : bien que je tolère que certains souvenirs humains puissent être représentés sous la forme de clichés figés, je ne vois rien qui justifie que le procédé soit employé à toutes les époques du récit, en particulier celles où le héros vit son présent, au lieu de se souvenir... L'arrêt sur image pour évoquer le passé, ça peut très bien marcher, il suffit de voir Wong Kar-wai. Mais en faire tout un film, c'est bête ou alors poseur... Par ailleurs la composition de certaines séquences en plusieurs clichés, pris en divers endroits de la scène et étalés sur un temps restreint, fait moins penser à un souvenir à multiples facettes qu'à la transformation d'un plan continu selon un découpage arbitraire, artificiel.
Franchement c'est l'arnaque. Et ce n'est pas le pseudo twist final, vide de conséquence et d'émotion, truc de petit malin par excellence, qui me convaincra du contraire...
Euh ? Je suis complètement passée à côté.
Chris Marker fait un "photo-roman", on ne peut pas lui reprocher de mentir sur la marchandise. Mais quelle idée pour tant de critiques d'y voir une remise en question inventive du mouvement au cinéma ? C'est au contraire une régression vers un mode narratif qui appartient à la littérature, et une grammaire visuelle qui relève de l'animation archaïque. C'est différent oui, mais conceptuellement c'est aussi peu intéressant que de raconter ses vacances avec des diapos.
Mettons de côté cette originalité ratée et jugeons la pertinence des procédés par rapport au scénario. La voix off répète ce qui se passe en images donc je vois pas l'intérêt. Le fractionnement de l'image en instantanés est légèrement plus épineux, mais pas plus convaincant : bien que je tolère que certains souvenirs humains puissent être représentés sous la forme de clichés figés, je ne vois rien qui justifie que le procédé soit employé à toutes les époques du récit, en particulier celles où le héros vit son présent, au lieu de se souvenir... L'arrêt sur image pour évoquer le passé, ça peut très bien marcher, il suffit de voir Wong Kar-wai. Mais en faire tout un film, c'est bête ou alors poseur... Par ailleurs la composition de certaines séquences en plusieurs clichés, pris en divers endroits de la scène et étalés sur un temps restreint, fait moins penser à un souvenir à multiples facettes qu'à la transformation d'un plan continu selon un découpage arbitraire, artificiel.
Franchement c'est l'arnaque. Et ce n'est pas le pseudo twist final, vide de conséquence et d'émotion, truc de petit malin par excellence, qui me convaincra du contraire...