L'injustice et l'incompréhension qui entourent ce conte merveilleux me font pour une fois excuser le réalisateur qui trashe les critiques ciné au sein même de son récit...
Personne ne cherche à comprendre la séquence post-prologue où Shyamalan tente d'écraser la teigneuse absence de fantaisie qui cloue désormais largement le public au sol. Personne ne parle du travail de caméra qui occulte consciencieusement ce même sol dès les premières minutes, et établit une transition superbe avec la menace rampante du monstre des herbes. Personne ne parle de l'exemplaire individualité que parviennent à insuffler les décors et l'écriture, en quelques touches habilement réparties, à une galerie d'une quinzaine de personnes. Shyamalan a l'air de se battre contre des spectateurs blasés, plus préoccupés par la logique extrême et l'imbrication glacée de chaque fil narratif, plutôt que la douceur d'une création originale et humble.
Comment ne pas s'attacher au personnage de Paul Giamatti, privé de son rôle de héros dès les premiers plans ? Un homme qui s'est convaincu, dans la solitude, qu'il n'a pas de rôle à jouer, et que par conséquent le mieux qu'il a à faire est de s'effacer devant le destin qu'il attribue aux autres. Désigné Gardien, c'est toute l'intrigue qui s'emballe d'enthousiasme ; quand il réalise son erreur, les rouages s'effondrent un à un autour de lui, et c'est un déchirement abstrait terrible. Sur la fin, chacun parvient tout de même à trouver un rôle à sa mesure, mais en se battant pour le défendre. Et c'est le Guérisseur qui, en reconnectant des individus qui se croyaient incompatibles parce que de cultures et de caractères distincts, parvient à réparer son propre complexe. Qu'on considère aussi l'inquiétude résignée du personnage de Shyamalan (évidemment si proche de sa propre pensée) ou l'aveu de peur et de vulnérabilité de la nymphe magique elle-même. Tout ça relève d'un humanisme peut-être candide, mais aucunement naïf. C'est sincère, et c'est juste.
Je cherche pas à pointer quiconque du doigt, mais je suis amère d'avoir une fois de plus l'impression que, parce qu'un réalisateur n'a pas voulu se soumettre aux règles du film froid et sérieux, son travail et son message soient si durement ignorés...
L'injustice et l'incompréhension qui entourent ce conte merveilleux me font pour une fois excuser le réalisateur qui trashe les critiques ciné au sein même de son récit...
Personne ne cherche à comprendre la séquence post-prologue où Shyamalan tente d'écraser la teigneuse absence de fantaisie qui cloue désormais largement le public au sol. Personne ne parle du travail de caméra qui occulte consciencieusement ce même sol dès les premières minutes, et établit une transition superbe avec la menace rampante du monstre des herbes. Personne ne parle de l'exemplaire individualité que parviennent à insuffler les décors et l'écriture, en quelques touches habilement réparties, à une galerie d'une quinzaine de personnes. Shyamalan a l'air de se battre contre des spectateurs blasés, plus préoccupés par la logique extrême et l'imbrication glacée de chaque fil narratif, plutôt que la douceur d'une création originale et humble.
Comment ne pas s'attacher au personnage de Paul Giamatti, privé de son rôle de héros dès les premiers plans ? Un homme qui s'est convaincu, dans la solitude, qu'il n'a pas de rôle à jouer, et que par conséquent le mieux qu'il a à faire est de s'effacer devant le destin qu'il attribue aux autres. Désigné Gardien, c'est toute l'intrigue qui s'emballe d'enthousiasme ; quand il réalise son erreur, les rouages s'effondrent un à un autour de lui, et c'est un déchirement abstrait terrible. Sur la fin, chacun parvient tout de même à trouver un rôle à sa mesure, mais en se battant pour le défendre. Et c'est le Guérisseur qui, en reconnectant des individus qui se croyaient incompatibles parce que de cultures et de caractères distincts, parvient à réparer son propre complexe. Qu'on considère aussi l'inquiétude résignée du personnage de Shyamalan (évidemment si proche de sa propre pensée) ou l'aveu de peur et de vulnérabilité de la nymphe magique elle-même. Tout ça relève d'un humanisme peut-être candide, mais aucunement naïf. C'est sincère, et c'est juste.
Je cherche pas à pointer quiconque du doigt, mais je suis amère d'avoir une fois de plus l'impression que, parce qu'un réalisateur n'a pas voulu se soumettre aux règles du film froid et sérieux, son travail et son message soient si durement ignorés...