La source

Jungfrukällan

un film de Ingmar Bergman (1960)

Semi-surprise à nouveau du côté de Bergman. Malgré son éclat pictural, le premier acte n'a pas trop résonné en moi. La faute sans doute à quelques dialogues trop sentencieux et à une mise en scène qui accumule trop de non-dits. Et puis c'est l'horreur, et le film ne s'en relève jamais tout à fait. Les mots n'en sont pas rendus plus violents, mais les valeurs civilisées qu'ils représentaient ne sont plus qu'une coquille creuse, à laquelle plus aucun personnage ne parvient à croire. Tous les plans portent les cicatrices humiliantes et pathétiques d'une injustice que l'on refuse d'accepter. L'opulence des décors forestiers de la première partie fait place à un environnement domestique avili, sans plus aucune dignité. Pétrifié devant ces compositions crues, implacables, et pourtant magnifiques, c'est finalement la gêne qui l'a emporté dans les dernières minutes, le besoin de regarder ailleurs que l'écran pour ne pas être témoin de sentiments et d'actes qui dépassent ma propre identité, peut-être ma propre nature, et qui me fascinent moins qu'ils ne m'effraient.