La complainte du sentier (1955)

Je surnote légèrement par rapport à mon appréciation, ayant conscience que j'avais moyen envie d'écouter les malheurs des autres ce soir. Premier film de Satyajit Ray, éminent réalisateur indien pourtant méconnu sur SC. On évoque souvent le néoréalisme italien pour parler du bonhomme, et La Complainte du sentier va clairement dans ce sens. Un drame familial profondément ancré dans un lieu et une époque, dont les per…

Down by Law - Sous le coup de la loi (1986)

Même si sa filmo ultérieure ne manque pas de bons éléments, le style de Jarmusch était vraiment à son apogée dans les années 80 (avant que le cinéma indé américain ne le rattrape, en fait). Pendant que le reste des US se roule dans les blousons de cuir, les lunettes d'aviateur, les poses outrées et les éclairages saturés, Jarmusch assume avec foi et fierté la position inverse : un cinéma du dénuement, refusant les é…

Duel (1971)

15 ans avant The Hitcher, la chaîne ABC filait un demi-million à un inconnu pour filmer un paumé et sa bagnole persécutés par un camion maléfique sur les routes désertiques de la Californie. Placements de caméra audacieux, découpage visuel visionnaire, gestion du rythme irréprochable : Spielberg est né. Aucune préoccupation humaniste à l'écran, la tension constante découlant d'un antagonisme vicieux et irrationnel, …

Johnny s'en va-t-en guerre (1971)

Il y a une moitié "Flashbacks : le film" et une autre moitié "Rollercoaster sensoriel d'un paralytique aveugle borgne sourd muet manchot cul-de-jatte". Les deux sont entremêlées, mais l'une comme l'autre sont assez grotesques et ne racontent rien d'intéressant. Overdose de voix-off aussi, comme s'il fallait un défaut de plus. Il paraît que c'est un film contre les horreurs de la guerre, mais dire que la guerre ça fa…

Le caïman (2006)

Moretti s'interroge : comment parler de Berlusconi, alors que tout a déjà été dit sur lui ? Sachant que le petit peuple a appris à fermer les yeux, à force de lassitude, sur les critiques du dirigeant trop souvent formulées par des gauchistes pas assez malins pour éviter de prêcher à leur propre paroisse, Moretti prend le problème à revers, préférant parler des italiens pour essayer de comprendre (et d'attaquer, mai…

Detention (2011)

C'est un peu comme si on avait demandé à Gregg Araki de rebooter Scream. Et qu'il avait sniffé dix rails chaque jour de la production. Tueur en série, aliens, ados dépressifs, voyage dans le temps, culte des 90s, du méta à la pelle et des intrigues liées dans tous les sens, ça n'arrête jamais et on en rate une bonne partie, mais vouloir tout appréhender c'est un peu comme vouloir trouver une cohérence globale à ce m…

Shotgun Stories (2007)

Les personnages tentent de se convaincre que leur ennui quotidien est une source de quiétude et de bonheur, mais Jeff Nichols se charge d'en révéler la vraie nature : un fléau pernicieux qui avilit les relations humaines pou peu qu'on ne le tienne plus à l'œil. Pour un premier film, l'approche formelle est aussi étrange qu'admirable : privilégier les ellipses, rejeter au maximum l'action de part et d'autre des diffé…

The Yards (2000)

A mi-chemin entre les charniers de gangsters de Scorsese et les fables amorales de Chandor, James Gray se bat pour sauvegarder l'humanité de ses personnages qui, dès le début du scénario, semblent toujours au bord du gouffre. Pour une fois, Joaquin Phoenix ne vole pas la vedette à ses collègues, rien de moins que James Caan, Charlize Theron, Ellen Burstyn, Faye Dunaway et Mark Wahlberg (toujours à l'aise en type dép…

The Descent (2005)

Je comprends mal les avis positifs, c'est essentiellement un slasher de plus, avec ses greluches, ses embûches de parcours et puis ses jump scares crades. Ca se passe dans une grotte ok, mais vu mes penchants claustrophiles c'est un peu raté pour moi. Que ce soit avec la caméra infrarouge ou lorsqu'il s'agit de filmer une nana pendue au-dessus du vide, il y a plusieurs passages où cadrage et montage cafouillent et o…

Submarine (2010)

Après le succès de son The Double en 2014, je confirme que Richard Ayoade m'est autant sympathique en tant qu'acteur que réalisateur. A défaut de révolutionner le genre du coming-of-age, il parvient tout de même à y injecter quelques variations bienvenues, au premier plan desquelles un narrateur ado imparfait (même s'il n'en est pas forcément conscient) dont les préoccupations fébriles balancent entre sa copine biza…

Festen (1998)

Vitesse x2 Vinterberg fantasme du malheur grotesque et dégueulasse, et puis il se branle devant une caméra, avec des insultes, des gifles à la pelle, et un immoralisme complètement vain. Après quelques films de LVT, une récente visite à Copenhague, et maintenant ce Festen vicieux, je vais m'autoriser un bout de xénophobie et dire que j'ai vraiment la sensation que les danois sont les européens les plus tarés, éca…

Capitaine Thomas Sankara (2012)

Apparemment ça ne gêne personne que ce docu brosse sans ciller un portrait presque parfait d'un dirigeant africain. Je sors de la salle et, bingo, Wikipédia a quelques lignes sur ses abus contre les droits de l'homme. Peut-être que sa politique progressiste, écolo, auto-suffisante, féministe, égalitaire, anti-corruption, pro-culture, etc. a été une des meilleures choses à arriver au Burkina Faso, mais ce n'est pas q…

Nous trois ou rien (2015)

Même si ça n'a rien d'un désastre, la surprise espérée n'a pas eu lieu. Kheiron joue le rôle de son propre père, contestataire iranien emprisonné dans la première moitié du film, puis réfugié politique dans une cité du 93 au cours de la seconde. Vous vous souvenez de Dheepan, un drame d'intégration avec des bouts de comédie dedans ? Bah Nous trois ou rien, c'est une comédie d'intégration avec des bouts de drame deda…

L'étreinte du serpent (2015)

Ca me rappelle Tabou sorti toute fin 2012, et qui avait raté pour ça l'essentiel des tops ciné de l'année alors que c'était pourtant un incontournable. Pour son troisième film mi-contemplatif mi-fulgurant, Ciro Guerra tente de rendre un hommage presque définitif à toutes ces micro-civilisations étouffées par les prémices de l'exploitation de l'Amazone au début du siècle et, ma foi, il est pas loin de cartonner. Le M…

Sur écoute (2002)

Il s'agit donc de mettre moins de 9 à The Wire en essayant de ne pas passer pour un blaireau, sachant que la série est à l'origine d'un consensus critique qu'aucun film n'a su susciter en plus d'un siècle de cinéma. Partir dans une telle direction, c'est s'exposer d'emblée aux soupçons de bêtise (au mieux) et de malhonnêteté (au pire). J'espère que les paragraphes qui suivent dissiperont ces vapeurs délétères. Th…

Vers l'autre rive (2015)

Oui Kiyoshi, je les ai vus tes colonnes d'intérieur, tes poteaux électriques, tes troncs d'arbres. Ils cisaillent presque un cadre sur trois. Ils symbolisent cette frontière entre le monde des vivants et celui des morts. D'abord opaque et dure avec ces piliers carrés de bois sombre, l'émergence de teintes lumineuses ainsi que l'apparition de plusieurs de ces totems dans un même cadre démystifient cette lisière surna…

Une jeunesse allemande (2015)

Bien qu'il soit intéressant d'observer le dérapage progressif d'un mouvement soixante-huitard allemand dans la violence et les attentats, le fait d'avoir à supporter une première heure de bullshit idéologique finit par taper sur les nerfs. Le déterrage d'archives déçoit par ailleurs un peu, vu que la transition entre les deux parties lui échappe (il aurait sans doute fallu passer par une enquête plus personnelle sur…

Le chant d'une île (2003)

Arrivée dans les salles françaises quinze ans après son tournage, cette déclaration d'amour à un village de pêcheurs déshérité des Açores touche par sa simplicité et sa proximité. Le couple de documentaristes se fait progressivement complice de la communauté locale et de leurs traditions. Rustique sans être grossier, sincère sans être niais, il a bien conscience de sa seule limite : le public assiste à cette amitié,…

Les deux amis (2015)

Ca faisait longtemps que j'avais pas adoré détester un perso comme celui de Louis Garrel. Je connais mal ses autres rôles, mais il le joue tellement bien ici, j'ai du mal à l'imaginer autrement qu'en tête à claques de première classe dans n'importe quelle situation. En tout cas son film était bon. Je ne savais pas que Christophe Honoré avait participé au scénario, mais quand son nom s'affiche au générique, c'est …

Sicario (2015)

Zut. Ca commençait très bien, et à défaut d'avoir un message intelligent je pensais que Villeneuve allait s'en sortir avec un film nerveux et optimisé, à la Michael Mann. Mais le ventre est mou, le scénario se perd en digressions (la vie sexuelle d'Emily Blunt, la bureaucratie tranquille de Victor Garber, les problèmes de famille de Benicio del Toro, etc.), et une fois que la machine d'action est relancée, elle est …