Même si sa filmo ultérieure ne manque pas de bons éléments, le style de Jarmusch était vraiment à son apogée dans les années 80 (avant que le cinéma indé américain ne le rattrape, en fait). Pendant que le reste des US se roule dans les blousons de cuir, les lunettes d'aviateur, les poses outrées et les éclairages saturés, Jarmusch assume avec foi et fierté la position inverse : un cinéma du dénuement, refusant les évidences au profit d'un décalage réjouissant, ni patriotique ni contestataire mais profondément désintéressé. Dans un noir et blanc remarquable, chromé en milieu urbain et intemporel pendant les scènes d'errance, il équilibre l'humour, la mélancolie, le mystère et la candeur qui animent ses autres réussites. La musique, écho d'une Nouvelle-Orléans vivace mais complètement à l'ouest, est juste parfaite (oui, ça m'arrive d'employer le mot), et les acteurs sont tellement à leur place (Roberto Benigni le premier) qu'il y a de quoi se demander si Jarmusch ne serait pas, modestement, un des plus grands directeurs d'acteurs en activité. Ses détracteurs l'accuseront de se répéter, mais ce n'est pas comme s'il cherchait à développer un propos entre ses différents films de façon incrémentale. Sur ce plan son travail ressemble plus à celui de Wes Anderson, qui très tôt déjà avait tout son univers en place, et propose à son public de replonger dans ses obsessions tous les 2-3 ans. Il suffit de ne pas en abuser pour le savourer grandement.
Même si sa filmo ultérieure ne manque pas de bons éléments, le style de Jarmusch était vraiment à son apogée dans les années 80 (avant que le cinéma indé américain ne le rattrape, en fait). Pendant que le reste des US se roule dans les blousons de cuir, les lunettes d'aviateur, les poses outrées et les éclairages saturés, Jarmusch assume avec foi et fierté la position inverse : un cinéma du dénuement, refusant les évidences au profit d'un décalage réjouissant, ni patriotique ni contestataire mais profondément désintéressé. Dans un noir et blanc remarquable, chromé en milieu urbain et intemporel pendant les scènes d'errance, il équilibre l'humour, la mélancolie, le mystère et la candeur qui animent ses autres réussites. La musique, écho d'une Nouvelle-Orléans vivace mais complètement à l'ouest, est juste parfaite (oui, ça m'arrive d'employer le mot), et les acteurs sont tellement à leur place (Roberto Benigni le premier) qu'il y a de quoi se demander si Jarmusch ne serait pas, modestement, un des plus grands directeurs d'acteurs en activité. Ses détracteurs l'accuseront de se répéter, mais ce n'est pas comme s'il cherchait à développer un propos entre ses différents films de façon incrémentale. Sur ce plan son travail ressemble plus à celui de Wes Anderson, qui très tôt déjà avait tout son univers en place, et propose à son public de replonger dans ses obsessions tous les 2-3 ans. Il suffit de ne pas en abuser pour le savourer grandement.