Moretti s'interroge : comment parler de Berlusconi, alors que tout a déjà été dit sur lui ? Sachant que le petit peuple a appris à fermer les yeux, à force de lassitude, sur les critiques du dirigeant trop souvent formulées par des gauchistes pas assez malins pour éviter de prêcher à leur propre paroisse, Moretti prend le problème à revers, préférant parler des italiens pour essayer de comprendre (et d'attaquer, mais presque secondairement) leur attrait pour cette crapule charismatique. L'analyse est généreuse et diffuse, éparpillée dans plusieurs traits de caractère de Bruno Bonomo, producteur fauché et italien lambda autour duquel tourne le film. Anxieux sur le plan familial comme sur le plan professionnel, aimant mais aussi possessif, simple en goûts et en traditions (pizza et foot à l'appui), le personnage n'est jamais méprisé par le script mais on sent bien l'égocentrisme qui le rend cible du populisme soft qui a fait la réussite du Cavaliere.
Les choses s'embrouillent un peu car Moretti ne se contente pas d'un seul niveau de lecture. Parfois Bruno symbolise Berlusconi en face de ses enfants qui se fichent de ses histoires de corruption, ou bien de sa femme qui au contraire le rejette peu à peu pendant que lui construit sa forteresse de déni. Et puis il y a forcément la critique plus évidente, qui vient du fait que Bruno tente lui-même de produire un script qui critique Berlusconi de manière oblique. Je ne vais pas m'aventurer à explorer les ramifications d'un éventuel parallèle entre Moretti et son personnage, c'est un niveau de méta de trop pour moi (et qui m'a d'ailleurs aussi un peu laissé froid dans Mia Madre). Cette complexité prive le film d'être celui qui insufflera un franc ras-le-bol de Berlusconi chez les italiens, mais l'effort de réalisation d'un film politique différent est appréciable. D'autant plus qu'il n'oublie pas d'être par moments bien drôle.
Sinon Moretti n'apparaît pas longtemps devant la caméra, mais c'est clairement la meilleure interprétation du lot. S'il s'adonnait à jouer ailleurs que dans ses propres films, je ne doute pas qu'il serait autant connu comme acteur que comme auteur.
Moretti s'interroge : comment parler de Berlusconi, alors que tout a déjà été dit sur lui ? Sachant que le petit peuple a appris à fermer les yeux, à force de lassitude, sur les critiques du dirigeant trop souvent formulées par des gauchistes pas assez malins pour éviter de prêcher à leur propre paroisse, Moretti prend le problème à revers, préférant parler des italiens pour essayer de comprendre (et d'attaquer, mais presque secondairement) leur attrait pour cette crapule charismatique. L'analyse est généreuse et diffuse, éparpillée dans plusieurs traits de caractère de Bruno Bonomo, producteur fauché et italien lambda autour duquel tourne le film. Anxieux sur le plan familial comme sur le plan professionnel, aimant mais aussi possessif, simple en goûts et en traditions (pizza et foot à l'appui), le personnage n'est jamais méprisé par le script mais on sent bien l'égocentrisme qui le rend cible du populisme soft qui a fait la réussite du Cavaliere.
Les choses s'embrouillent un peu car Moretti ne se contente pas d'un seul niveau de lecture. Parfois Bruno symbolise Berlusconi en face de ses enfants qui se fichent de ses histoires de corruption, ou bien de sa femme qui au contraire le rejette peu à peu pendant que lui construit sa forteresse de déni. Et puis il y a forcément la critique plus évidente, qui vient du fait que Bruno tente lui-même de produire un script qui critique Berlusconi de manière oblique. Je ne vais pas m'aventurer à explorer les ramifications d'un éventuel parallèle entre Moretti et son personnage, c'est un niveau de méta de trop pour moi (et qui m'a d'ailleurs aussi un peu laissé froid dans Mia Madre). Cette complexité prive le film d'être celui qui insufflera un franc ras-le-bol de Berlusconi chez les italiens, mais l'effort de réalisation d'un film politique différent est appréciable. D'autant plus qu'il n'oublie pas d'être par moments bien drôle.
Sinon Moretti n'apparaît pas longtemps devant la caméra, mais c'est clairement la meilleure interprétation du lot. S'il s'adonnait à jouer ailleurs que dans ses propres films, je ne doute pas qu'il serait autant connu comme acteur que comme auteur.