L'imaginarium du docteur Parnassus (2009)

Que Gilliam se soit perdu en cours de route ou que nos mondes intérieurs respectifs souffrent d'un fossé impossible à combler, Parnassus achève de me montrer, en complément de Fear and Loathing in Las Vegas, Tideland et Zero Theorem, que je ne tolère pas de voir le surréalisme se compromettre au divertissement foutraque qui imprègne l'industrie ciné depuis la fin des 90s. Ce vain sens du spectacle désamorce les visi…

La valse des pantins (1982)

Je crois désormais comprendre que, après des années 70 marquées par des histoires nerveuses et téméraires, Scorsese a prolongé son oeuvre en faisant poindre l'angoisse derrière l'agressivité, avec un crescendo assez clair et trop peu commenté pendant les années 80 : The King of Comedy, le névrosé After Hours, puis le lancinant The Last Temptation of Christ. Il me manque certains épisodes de sa filmographie, notammen…

Constantine (2005)

Je voulais rattraper ce machin qui avait tant fait jaser ma classe de 3ème. Mais douze ans plus tard (deux fois plus vieille... *angoisse*), je suis pas capable d'apprécier un tel torchon, et puis j'ai perdu contact avec mes potes du collège de toute façon. Fin du voyage. N'ayant aucune connaissance du comics d'origine, je ne saurais pas précisément distribuer les torts, mais ils doivent au moins autant venir de …

Dersou Ouzala (1975)

J'ai trouvé mon Kurosawa préféré, avant de faire un dernier détour du côté de Rêves. Dépouillé du moralisme (certes bienfaisant) qui infuse et m'a donné du fil à retordre sur des classiques tels que Barberousse, Sanjuro, ou encore Dodes'kaden, Dersou Ozala témoigne d'une philanthropie candide, quoique sincère et émouvante (comme dans Vivre), tout en se livrant à des performances cinématographiques exaltantes. Jamais…

World of Tomorrow (2015)

Le nom de Don Hertzfeldt me laissait jusqu'ici méfiante : j'avais cordialement détesté le noirceur gratuite de ses court-métrages de jeunesse (dont Billy's Balloon et Rejected sont les plus connus), et la trilogie It's Such a Beautiful Day alternait un peu trop entre l'auto-flagellation dépressive et la mélancolie rêveuse pour que je l'embrasse totalement. Dernière étape en date, l'intro de deux minutes réalisée pou…

Amadeus (1984)

J'ai cru pouvoir résister au director's cut de trois heures en suivant la frustration du personnage de F. Murray Abraham, confronté au génie d'un jeune Mozart indécent d'excentricité frivole. Seulement la progression de son personnage est très inégale, tour à tour hypocrite, révérencieux, vicieux, passionné... Ces motivations inconsistantes vident le scénario de tout crédit à commenter le processus de création artis…

Catwoman (2004)

Il fallait que je vérifie si c'était drôle. J'ai pu y croire le premier quart d'heure, puis mes yeux ont commencé à saigner face à ces travellings de synthèse hideux, mes oreilles crachaient du pus devant les interactions idiotes des personnages sur fond de r'n'b skyrock 90s crasseux, et mon cerveau a fini par se casser au Guatemala, dégoûté de cette équivalence affichée entre libération de la femme et sexualisation…

La sorcellerie à travers les ages (1922)

Le premier quart d'heure horriblement pédagogue (une moitié d'intertitres, une autre moitié de plans quasi fixes) a failli avoir ma peau, puis le film prend des directions assez inattendues. Que ce soit parce qu'il n'y avait pas encore de codes documentaires en vigueur, ou parce que Christensen était particulièrement brillant, Häxan est empreint d'un éclectisme revigorant, jouant en plus avec brio dans chacun des re…

Cartel Land (2015)

C'est franchement déstabilisant de tomber sur un documentaire avec à peu près la même photo que le Serpico de Villeneuve. Heineman est allé filmer deux groupes de vigilantes, un au centre du Mexique, l'autre en Arizona. Le ton n'est ni accusateur, ni protecteur, et vu que les gouvernements respectifs n'ont pas été invités à commenter leur impuissance face caméra, il y a moyen de croire que certaines de leurs actions…

Les plages d'Agnès (2008)

C'est amusant, et en fait surtout révélateur, qu'Agnès Varda, lancée dans le premier projet ouvertement autobiographique de sa carrière, se mette si rapidement en retrait de la caméra, pour montrer ses collaborateurs (récents ou non, jeunes ou non), sa famille, ses amis, et une quantité infinie d'anonymes avec qui elle a interagi au cours de sa carrière. Son identité et son but semblent avoir toujours été de tenter …

Madame de... (1953)

Il y a deux façons de voir le classique de Max Ophuls. D'un côté, les décors coquets, les costumes élégants, les interprétations gracieuses et les valses de caméra, graduellement rejoints par l'expression sobre de sentiments solennels quoique sincères, nourrissent une esthétique des plus raffinées. Comme Bertolucci dans Le Conformiste, Ophuls se livre à cet exercice distingué sous le prétexte de déjouer les appar…

Sans soleil (1983)

"La poésie naît de l'insécurité : Juifs errants, Japonais tremblants. A vivre sur un tapis toujours prêt d'être tiré sous leurs pieds par une nature farceuse, ils ont pris l'habitude d'évoluer dans un monde d'apparences fragiles, fugaces, révocables, des trains qui volent de planète en planète, des samouraïs qui se battent dans un passé immuable : cela s'appelle l'impermanence des choses." Mais sérieux qui ose éc…

Baby Driver (2017)

Baby Driver est cool, tellement cool qu'il parvient à passer pour pop alors qu'il déterre des vinyles pas possibles pour son OST et que sa fluidité cache une expertise de mise en scène déterminée et redoutable. Parfois même un peu trop cool pour son propre bien, laissant entendre que les braquages et la violence c'est quand même super fun (j'ai surtout la happy end en travers de la gorge, alors que jusqu'avant les d…

Daguerréotypes (1976)

J'ai vécu dans le rayon de cent mètres autour de la maison d'Agnès Varda, qui a servi de zone de tournage pour Daguerréotypes il y a quarante ans. Merci au Reflet Médicis de m'avoir enfin permis d'assouvir ma curiosité égocentrique pour ce documentaire. :') Encore chez Varda cette passion à aller vers les autres, à essayer de les raconter, à montrer la part de beauté chez n'importe qui, pour peu qu'on s'y intéres…

Tideland (2005)

La première heure suffira largement. Tideland est un remix naïvement glauque des précédents films de Gilliam : on y fait quand même péter un cadavre, plusieurs fois... Une gamine déambule entre des sketchs surréalistes pendant qu'elle déblatère un monologue assommant, le tout sous les angles obliques de la caméra de Gilliam, plus éreintants encore que dans The Zero Theorem. Il s'agit bien de poésie, conçue pour être…

Rambo (1982)

N'ayant rien lu auparavant sur le film, extrapolant sur la base de l'affiche et de la réputation de la saga, je m'attendais à un actionner bourrin. Oui mais. En fait je ne m'étais pas autant plantée dans mes attentes depuis Saturday Night Fever : le premier Rambo, non content d'être très efficacement mis en scène, est un plaidoyer paradoxal de non-violence, écrit avec de vraies subtilités. Contrairement à The Dee…

Noriko's Dinner Table (2005)

Mon cinquième Sono Sion, en demi-teinte. J'avais peur de la durée, mais c'est passé sans encombre, grâce au style de narration exhaustive que j'avais rencontré dans Why Don't You Play in Hell et que je commence à bien connaître : narrateurs/personnages principaux multiples, enchevêtrement temporel très équilibré, spontanéité des voix off. Seulement, autant sur ce travail d'écriture et montage, que sur les thèmes de …

Love Hunters (2016)

J'ai appris à suivre à l'aveugle bon nombre de recos de Fritz. Beaucoup de belles surprises à l'arrivée, mais on ne se retrouve pas du tout sur Hounds of Love. Tant pis, ça fait partie du jeu. Enfin tout de même, je reste dubitatif face à son appréciation, vu qu'on partage une même allergie à l'auteurisation des films de genre, et que Ben Young met complètement les pieds dans le plat à ce niveau... Le ralenti de …

Platoon (1986)

Bof j'ai arrêté au milieu, quand un soldat explosait le crâne d'un handicapé vietnamien à coups de crosse, avec force éclaboussures sanglantes sur ses pauvres, pauvres compagnons de peloton. Je sais pas ce qui m'ennuie le plus dans cet énième film de guerre : les dialogues virils et attardés des soldats surécrits par le scénario, la pudeur hypocrite d'un voyeurisme de la violence, ou bien le pleurnichage sur des jeu…

Le lauréat (1967)

The Graduate commence sur le jeunisme et l'embrigadement des classes moyennes-supérieures, puis part en sucette en tentant de maquiller une histoire de stalker en romcom d'émancipation, avec des dialogues qui tournent à la jacasserie. Même s'il ne rattrape pas complètement cette errance longuette, je salue la suprême ironie du dernier plan (qui semble avoir échappé à des chroniqueurs pourtant avertis) : le jeunot et…