Rambo

First Blood

un film de Ted Kotcheff (1982)

N'ayant rien lu auparavant sur le film, extrapolant sur la base de l'affiche et de la réputation de la saga, je m'attendais à un actionner bourrin. Oui mais. En fait je ne m'étais pas autant plantée dans mes attentes depuis Saturday Night Fever : le premier Rambo, non content d'être très efficacement mis en scène, est un plaidoyer paradoxal de non-violence, écrit avec de vraies subtilités.

Contrairement à The Deer Hunter, que j'ai cru retrouver dans les premiers plans, il ne s'agit pas d'explorer la (non-)place des soldats de retour au pays après les atrocités du Vietnam, mais plutôt de comprendre les origines de ce conflit désastreux. Le scénario rejoue la guerre sur le propre sol américain, rien de moins. Tout y est : un shérif facho qui considère ses subordonnés comme du bétail et refuse les avis d'experts, les autres policiers naïfs et pas entraînés, la traque dans une forêt que les soldats ne maîtrisent pas du tout, le cirque médiatique autour des prétendus héros, le dénigrement et la détestation arbitraires envers l'ennemi, la persévérance suicidaire et orgueilleuse dans un combat condamné...

Sans aller jusqu'à parler de légitime défense, Rambo, poursuivi par une horde aveugle et inconsciente, tente tout de même longtemps de limiter les dégâts, et propose de se rendre après la seule mort du film, d'ailleurs quasi accidentelle. Même perdu dans les pires obscurités de son PTSD, au cours du dernier acte, il ne s'en prend pas à des personnes, mais à des symboles proprement américains, faisant brûler tour à tour l'essence, les voitures et l'armurerie, témoins d'une culture de consommation hypocrite et d'un passif belliqueux gerbant.

La guerre menée par les US of A au Vietnam n'était pas qu'une affaire de politique extérieure : c'est le produit d'une société qui érige l'égocentrisme et l'agressivité comme valeurs cardinales. Une nation rendue malade par sa propre fierté.