Le nom de Don Hertzfeldt me laissait jusqu'ici méfiante : j'avais cordialement détesté le noirceur gratuite de ses court-métrages de jeunesse (dont Billy's Balloon et Rejected sont les plus connus), et la trilogie It's Such a Beautiful Day alternait un peu trop entre l'auto-flagellation dépressive et la mélancolie rêveuse pour que je l'embrasse totalement. Dernière étape en date, l'intro de deux minutes réalisée pour les Simpsons en 2014, dénonçant le propre recyclage de la série, était d'un surréalisme acide et rafraîchissant, mais sa trop courte durée laissait planer plus de promesses qu'un réel accomplissement.
C'est chose faite avec World of Tomorrow, une historiette qui démarre sur du transhumanisme en mode hard SF, et se recentre peu à peu sur les émotions et la solitude de son personnage. L'amertume propre à Hertzfeldt est toujours présente, mais il l'a apprivoisée au point de parvenir à trouver un réconfort paradoxal dans sa tristesse claustrée. Je me dis qu'il a enfin trouvé sa voix, ce qui redouble le plaisir inattendu de l'expérience. Il y a aussi eu un grand investissement sur le plan technique : les films précédents étaient maniaques du crayon et de bouts de ficelle, mais World of Tomorrow fait un savant étal de techniques numériques modestes mais inhabituelles, qui enrichissent précieusement l'ambiance. Mémorable.
Le nom de Don Hertzfeldt me laissait jusqu'ici méfiante : j'avais cordialement détesté le noirceur gratuite de ses court-métrages de jeunesse (dont Billy's Balloon et Rejected sont les plus connus), et la trilogie It's Such a Beautiful Day alternait un peu trop entre l'auto-flagellation dépressive et la mélancolie rêveuse pour que je l'embrasse totalement. Dernière étape en date, l'intro de deux minutes réalisée pour les Simpsons en 2014, dénonçant le propre recyclage de la série, était d'un surréalisme acide et rafraîchissant, mais sa trop courte durée laissait planer plus de promesses qu'un réel accomplissement.
C'est chose faite avec World of Tomorrow, une historiette qui démarre sur du transhumanisme en mode hard SF, et se recentre peu à peu sur les émotions et la solitude de son personnage. L'amertume propre à Hertzfeldt est toujours présente, mais il l'a apprivoisée au point de parvenir à trouver un réconfort paradoxal dans sa tristesse claustrée. Je me dis qu'il a enfin trouvé sa voix, ce qui redouble le plaisir inattendu de l'expérience. Il y a aussi eu un grand investissement sur le plan technique : les films précédents étaient maniaques du crayon et de bouts de ficelle, mais World of Tomorrow fait un savant étal de techniques numériques modestes mais inhabituelles, qui enrichissent précieusement l'ambiance. Mémorable.