Madame de...

un film de Max Ophüls (1953)

Il y a deux façons de voir le classique de Max Ophuls.

D'un côté, les décors coquets, les costumes élégants, les interprétations gracieuses et les valses de caméra, graduellement rejoints par l'expression sobre de sentiments solennels quoique sincères, nourrissent une esthétique des plus raffinées. Comme Bertolucci dans Le Conformiste, Ophuls se livre à cet exercice distingué sous le prétexte de déjouer les apparences d'un contexte social et intime étouffant. Sans démontrer une attention équivalente pour le grain de l'image (ni, évidemment, pour la couleur), Madame de... flatte toujours largement les sens.

De l'autre côté, et peut-être plus simplement, sans se laisse aveugler par le filtre du cinéphile technicien, Madame de... est un mélodrame affecté entre membres riches et snobs d'une haute société aveugle, ou bien orgueilleuse, de ses valeurs rétrogrades. L'admiration naturelle des "belles choses" laisse place à l'indifférence, voire à l'écœurement : ce monde n'est pas fait pour être envié, mais pour être brûlé. Et dans l'affaire, Ophuls est bien moins délateur que complice...