Je crois désormais comprendre que, après des années 70 marquées par des histoires nerveuses et téméraires, Scorsese a prolongé son oeuvre en faisant poindre l'angoisse derrière l'agressivité, avec un crescendo assez clair et trop peu commenté pendant les années 80 : The King of Comedy, le névrosé After Hours, puis le lancinant The Last Temptation of Christ. Il me manque certains épisodes de sa filmographie, notamment Cape Fear et Bringing Out the Dead, mais j'ai bien l'impression que Goodfellas, en 1990, a sonné le glas de ces explorations. Je le regrette un peu, car même si je me complais dans l'aisance et l'énergie avec lesquelles il déroule ses classiques criminels, c'est pour ces tentatives psychologiques bizarres que j'ai le plus d'admiration, si imparfaites et frustrantes soient-elles.
Sur le film en lui-même, les textes que j'ai croisés sont assez pertinents pour que je n'aie pas envie de les répéter. Disons simplement que The King of Comedy partage avec After Hours une certaine férocité de mise en scène, et un humour si corrosif qu'il inquiète simultanément (humour que Robert De Niro s'approprie d'ailleurs pleinement dans la scène conclusive), mais son scénario manque cruellement de surprises au-delà de la première demi-heure. La mise en scène est inspirée et les acteurs (dont un Jerry Lewis inattendu) se défendent, mais l'écriture flirte un peu trop avec le remplissage...
Je crois désormais comprendre que, après des années 70 marquées par des histoires nerveuses et téméraires, Scorsese a prolongé son oeuvre en faisant poindre l'angoisse derrière l'agressivité, avec un crescendo assez clair et trop peu commenté pendant les années 80 : The King of Comedy, le névrosé After Hours, puis le lancinant The Last Temptation of Christ. Il me manque certains épisodes de sa filmographie, notamment Cape Fear et Bringing Out the Dead, mais j'ai bien l'impression que Goodfellas, en 1990, a sonné le glas de ces explorations. Je le regrette un peu, car même si je me complais dans l'aisance et l'énergie avec lesquelles il déroule ses classiques criminels, c'est pour ces tentatives psychologiques bizarres que j'ai le plus d'admiration, si imparfaites et frustrantes soient-elles.
Sur le film en lui-même, les textes que j'ai croisés sont assez pertinents pour que je n'aie pas envie de les répéter. Disons simplement que The King of Comedy partage avec After Hours une certaine férocité de mise en scène, et un humour si corrosif qu'il inquiète simultanément (humour que Robert De Niro s'approprie d'ailleurs pleinement dans la scène conclusive), mais son scénario manque cruellement de surprises au-delà de la première demi-heure. La mise en scène est inspirée et les acteurs (dont un Jerry Lewis inattendu) se défendent, mais l'écriture flirte un peu trop avec le remplissage...