J'ai cru pouvoir résister au director's cut de trois heures en suivant la frustration du personnage de F. Murray Abraham, confronté au génie d'un jeune Mozart indécent d'excentricité frivole. Seulement la progression de son personnage est très inégale, tour à tour hypocrite, révérencieux, vicieux, passionné... Ces motivations inconsistantes vident le scénario de tout crédit à commenter le processus de création artistique, d'autant plus qu'elles poussent à remettre en question, en miroir, le réalisme du personnage de Mozart, qui ne doit rien au travail, ne doute jamais de ses capacités, compose dans tous les registres en claquant des doigts... Entre "avoir l'oreille" et être un superman artistique, il y a un fossé dont le scénario ne semble pas avoir conscience.
Comme Mozart n'a pas besoin de recherche, et que Salieri brimbale des idées machiavéliques sans parvenir à leur insuffler de direction probante, le film se voit forcé d'équilibrer son vide thématique avec un bourrage dispendieux. Les péripéties autour de la quête d'argent sont particulièrement vaines et écorchent la maigre construction du personnage, mais le pire est sans doute ce défilé d'extraits d'opéras censément grandioses, dans les faits un best-of assemblé sans caractère, une triste tentative de maintenir l'attention du public grâce à une poignée d'airs célèbres. Le manque de subtilité se retrouve fatalement dans la mise en scène : en dehors des décors et des costumes, c'est d'une lisseur académique confondante. Las.
J'ai cru pouvoir résister au director's cut de trois heures en suivant la frustration du personnage de F. Murray Abraham, confronté au génie d'un jeune Mozart indécent d'excentricité frivole. Seulement la progression de son personnage est très inégale, tour à tour hypocrite, révérencieux, vicieux, passionné... Ces motivations inconsistantes vident le scénario de tout crédit à commenter le processus de création artistique, d'autant plus qu'elles poussent à remettre en question, en miroir, le réalisme du personnage de Mozart, qui ne doit rien au travail, ne doute jamais de ses capacités, compose dans tous les registres en claquant des doigts... Entre "avoir l'oreille" et être un superman artistique, il y a un fossé dont le scénario ne semble pas avoir conscience.
Comme Mozart n'a pas besoin de recherche, et que Salieri brimbale des idées machiavéliques sans parvenir à leur insuffler de direction probante, le film se voit forcé d'équilibrer son vide thématique avec un bourrage dispendieux. Les péripéties autour de la quête d'argent sont particulièrement vaines et écorchent la maigre construction du personnage, mais le pire est sans doute ce défilé d'extraits d'opéras censément grandioses, dans les faits un best-of assemblé sans caractère, une triste tentative de maintenir l'attention du public grâce à une poignée d'airs célèbres. Le manque de subtilité se retrouve fatalement dans la mise en scène : en dehors des décors et des costumes, c'est d'une lisseur académique confondante. Las.