Le miroir (1975)

Techniquement c'est épatant, tellement fascinant que ça a suffi pour m'amener jusqu'au bout du film. Entre plan-séquences magiques et ralentis sublimes, Le Miroir est un travail d'orfèvre qui renvoie Barry Lyndon aux bacs à sable. Sur la démarche d'ensemble je suis par contre nettement plus réservé, pour ne pas dire sceptique jusqu'à l'indifférence. Il m'a fallu un peu de temps pour comprendre que j'avais un Tree of…

Mysterious Object at Noon (2000)

Je ne suis guère surpris, et pas plus gêné, que le premier film de Weerasethakul ait dû attendre une quinzaine d'années pour trouver le chemin des salles françaises. Sur le papier, le principe du cadavre exquis ne m'a jamais séduit. Le passage à la pratique n'arrange rien. L'histoire fragmentée, salade de doppelgängers, de paralytiques et d'extraterrestres, composée par les thaïlandais croisés par l'équipe de tourna…

Matins calmes à Séoul (2011)

Hong Sang-soo, encore et toujours : des motifs de mise en scène qui passeraient pour des tics si leur modestie ne les rendait pas si attachants, et pour justifier le film, un énième mini-brainfuck narratif comme il en a le secret. Surfant sur les thèmes du hasard, des circonstances et de l'indécision, le coréen brille immanquablement par la finesse de son écriture et l'énergie de son montage. Le noir et blanc est un…

Brève rencontre (1945)

Les histoires bien foutues d'amours impossibles, je sais pas résister. 1945, David Lean a déjà quelques films au compteur, mais la maîtrise dont il fait preuve avec Brief Encounter n'en est pas moins étonnante. Le réalisateur agit plus que jamais en chef d'orchestre, laissant les acteurs, la musique, la photo, le montage et tout, s'épanouir dans leurs excellences respectives, tout en alternant et synchronisant ces d…

Cracked Actor (1975)

Docu réalisé pour la BBC sur la tournée de Bowie aux US, en 1974. Mon intérêt est un peu obscène... Factuellement le film ne présente rien de neuf, et il y a au plus trois morceaux qui apparaissent sans coupes ; par contre, on y voit Bowie à un des stades les plus fragiles et pathétiques de sa vie. Paumé dans un pays étranger et écrasé par son succès, il s'en remet plus que jamais à la coke pour stimuler sa créativi…

La tour 2 contrôle infernale (2016)

Biensurément c'est pas du grand art, mais ça m'a fait rire et c'est ce que j'attendais. Je me souviens pas trop ni du premier épisode, ni de Dumb & Dumber, mais ça me paraît deux bons éléments de comparaison. Du non-sens à la française, qui tache, où tous les jeux de mots et les guignoleries les plus stupides sont bons pour bercer le spectateur, l'espace d'une petite heure et demie, dans un état d'inconscience et de…

Ce sentiment de l'été (2015)

J'aime pas le mois de février. Quelles que soient les circonstances, chaque année je me sens assailli par trop d'événements et rattrapé par des accès dépressifs. Je sais vraiment pas comment je ferais si l'été dont je rêve vaguement devenait le marqueur de la disparition d'un proche. Les personnages de "Ce sentiment de l'été" ne le savent pas non plus, mais ils n'ont pas le choix, alors ils se débrouillent, ils font…

Conte de cinéma (2005)

Quelle curieuse charnière à la filmographie de HSS. Pris à part, ce Conte n'impressionne pas particulièrement, et sa seconde partie renvoie quelques échos de l'épanouissement dans un malaise glauque qui m'avaient fait prendre en grippe le Cochon tombé dans le puits. Mais en mettant en regard cette sortie de 2005 avec la petite dizaine de films que le coréen a signé depuis, elle gagne une saveur inattendue. La net…

45 ans (2015)

[NB : j'ai pas mal nuancé mes réserves depuis la rédaction du commentaire ci-dessous] Zut. Charlotte Rampling et Tom Courtenay ont une super présence à l'écran, une belle et venimeuse alchimie, et le grain de l'image les rend encore plus magnifiques. De façon générale, Andrew Haigh fait preuve de goût et d'habileté dans sa mise en scène. Mais l'histoire empêche d'apprécier ces efforts à leur juste mesure. Le scén…

Vicky Cristina Barcelona (2008)

Pouah, mais c'est aussi nul que Magic in the Moonlight. Avec un comparse j'ai bien ri de certains passages miséreux, notamment un enchaînement de fondus fleur bleue suivi d'un ralenti hideux lorsque je sais plus quelle greluche embrassait Javier Bardem, mais globalement c'était franchement pénible. La mise en scène n'a rien de remarquable, les personnages sont presque interchangeables et, comble pour un Woody Allen,…

Fog (1980)

Superbe travail atmosphérique de la part de John Carpenter. Il suffit d'un peu de fumée et d'une poignée de projos pour qu'il instille le malaise et la peur. Les acteurs sont capables et le script est correct, mais ils sont très terre-à-terre et ne révéleront rien à la relecture. Les efforts de mise en scène en sont d'autant plus méritants. Lumières diffuses, musique low-key, monstres implacables... Tout est dans la…

Turning Gate (2002)

L'esthétique de la trivialité : un mur noirci par l'humidité, le frémissement de la graisse sur un barbecue, le frottement d'une feuille traînée par le vent sur le sol, les étendoirs à linge, et les détritus partout. Narrativement c'est pareil. Un verre est cassé par accident, mais l'événement n'engendre remarquablement rien. Le mari cocu est surpris en pleine tromperie, mais la révélation ne change personne. Les ma…

Jazzin' for Blue Jean (1984)

Au milieu des années 80, Bowie imagine (avec quelle influence de sa maison de disques ?) un clip d'une vingtaine de minutes comme introduction à son nouveau single. Blue Jean fait partie des quelques morceaux respectables de l'album Tonight, mais le court-métrage qui en est tiré n'a pas grand-chose à défendre. Bowie reste bon acteur, mais tenir l'écran pendant une dizaine de minutes avec des dialogues insipides en e…

Woman on the Beach (2006)

Le temps s'est fait long devant ce HSS de deux heures dont je n'ai pas réussi à saisir le propos ni l'originalité. Les couples se font et défont autour d'un scénariste en recherche d'inspiration dans une station balnéaire moribonde. La patte du réalisateur est immanquable dans ce lieu touristique assailli par une brume indécise, littéralement désenchanté, mais ses évocations de premières impressions erronées et de v…

No Home Movie (2015)

Quelle erreur, quelle horreur. Le temps dans une salle de cinéma n'avait pas été aussi long depuis 12 Years a Slave. Je serais parti avant la moitié si ça n'avait pas forcé une gentille mamie à se lever péniblement. Le film est une épitaphe DV que Chantal Akerman a montée pour sa mère. Ca se voudrait portrait et hommage, mais concrètement c'est une suite de séquences crado en plan fixe ou tremblotant, essentielle…

New York 1997 (1981)

Oh la mauvaise surprise. Alors que j'avais adoré les excès 80s de Friedkin et que mon admiration pour The Thing n'a fait que grandir avec le temps, j'ai failli m'endormir devant Escape From New York, un samedi en début d'après-midi. Triste. La première demie-heure est assez séduisante, avec ses décors huileux, noir bitume, et la faune locale qui s'agite dans l'ombre comme de la vermine monstrueuse rejetée par la …

Prince des ténèbres (1987)

Vu en VF parce qu'apparemment il n'y a pas beaucoup de bobines de ce film en circulation. Ca n'a pas aidé une bonne partie des dialogues qui avaient l'air, de base, déjà bien kitschos, mais bon, c'était amusant, et puis ça ne m'a pas empêché de prendre au sérieux d'autres aspects comme le souhaitait sans doute le réalisateur. Niveau richesse d'interprétation, The Thing reste la référence de son auteur, mais ce Pr…

Kung Pow: Enter the Fist (2002)

Kung Pow en 2002, Kung Fury en 2015, même combat : pousser le film de genre dans ses retranchements les plus ridicules. Vieillissement artificiel de l'image, inserts numériques, doublages réenregistrés avec des dialogues et bruitages stupides, le travail de détournement est ambitieux, même si le résultat est (comme attendu) d'une inconséquence mémorable. Contrairement à la demie-heure de Kung Fury, Kung Pow a la dur…

Un jour avec, un jour sans (2015)

Le dernier rendez-vous avec Hong Sang-soo n'a pas l'éclat que laissait un peu espérer sa distinction à Locarno, mais dans l'idée de ne pas attendre un prix honorifique quand le coréen aura soixante-dix balais, "Un jour avec, un jour sans" est un candidat satisfaisant pour récompenser le succès artistique de son auteur. Bien sûr, on est en terrain connu : le réalisateur maladroit mais malin, la fille indécise, la …

The Revenant (2015)

Il m'est impossible de ne pas prendre Gravity comme référence à laquelle comparer The Revenant : un thème essentiel de survie, un personnage brisé, un scénario linéaire, des prouesses de caméra... Le problème étant que le film d'Iñárritu pâtit de la comparaison sur de nombreux points. Contrairement à Birdman, le festival de plan-séquences est ici aussi admirable qu'efficace car très intégré au récit, immersif et rar…