No Home Movie

un film de Chantal Akerman (2015)

vu le 24 février 2016 au Reflet Médicis

Quelle erreur, quelle horreur. Le temps dans une salle de cinéma n'avait pas été aussi long depuis 12 Years a Slave. Je serais parti avant la moitié si ça n'avait pas forcé une gentille mamie à se lever péniblement.

Le film est une épitaphe DV que Chantal Akerman a montée pour sa mère. Ca se voudrait portrait et hommage, mais concrètement c'est une suite de séquences crado en plan fixe ou tremblotant, essentiellement cinéma vérité, avec quelques bouffées éparses de symbolisme du pauvre (le désert/la vie aride, le rideau fermé/la mort, bouh). C'est gentil, ça part d'une bonne intention et tout, mais vu que j'ai aucun respect pour la notion de postérité, que ça me semble stupide de capturer n'importe quoi dans une naïve tentative de tromper la mort avec des images, la séance s'est vite révélée une torture de pitié et de gêne écrasantes à l'égard de la réalisatrice. En plus il y a une sourde complaisance envers l'inaction, envers la décrépitude physique et mentale, comme si c'était une fatalité bienvenue d'avoir à se laisser mourir seul et enfermé dans un appart. Non, juste non.

Indépendamment du contexte doublement funèbre censé convoquer un sens critique laxiste, je vois pas comment ce docu peut être jugé un poil pertinent. Chacun sa petite vie, avec ses gloires et ses merdes : pas besoin d'écouter pendant deux heures neurasthéniques l'histoire croulante d'une grand-mère inconnue, j'ai la mienne et c'est déjà pas rose. Appelez vos proches ou allez boire un verre avec des amis ou faites n'importe quoi avec votre propre vie, vous vous rendrez mille fois plus service qu'en allant voir No Home Movie.