Le miroir

Zerkalo

un film de Andrei Tarkovsky (1975)

Techniquement c'est épatant, tellement fascinant que ça a suffi pour m'amener jusqu'au bout du film. Entre plan-séquences magiques et ralentis sublimes, Le Miroir est un travail d'orfèvre qui renvoie Barry Lyndon aux bacs à sable. Sur la démarche d'ensemble je suis par contre nettement plus réservé, pour ne pas dire sceptique jusqu'à l'indifférence. Il m'a fallu un peu de temps pour comprendre que j'avais un Tree of Life soviétique devant les yeux, mais ça ne m'a pas particulièrement aidé à apprécier. Tarkovski réassemble ses souvenirs en poète non-linéaire, mais ni son approche de la mémoire ni son épreuve de la vie ne m'ont séduit. Dans les deux cas je ne trouve que très peu d'échos à ma propre expérience, et comme j'ai l'empathie difficile, faut pas s'étonner que ce journal intime ultra-personnel jusque dans sa forme me laisse sur le pavé. La captation d'un souffle de vent ou bien des spectres d'une maison d'enfance m'ont bien fait frissonner quelques fois, mais noyées dans un océan de souvenirs et de thèmes laissés à l'état d'échos mystérieux (et dont il reste à me convaincre qu'ils pourraient m'intéresser). Le spectateur et le réalisateur sont sur un tel pied d'inégalité vis-à-vis des motifs et des visées du projet que je m'interroge en définitive sur la pertinence de son partage au public...