Rambo II : La mission (1985)

Déjà quand un film s'appelle "First Blood Part II", ça pue... Pour rappel, le premier Rambo est un film plutôt non-violent que l'inverse, et assez intelligent. La suite, cette fois conforme à la réputation de la saga, est un actioner indigent et franchement simpliste. Le scénario cosigné par Cameron n'est pas complètement manichéen, il y a des mercenaires américains qui en prennent un peu pour leur grade... Ma…

La part du hasard (1984)

À force d'enchaîner les films, derrière lesquels grouillent (dans le meilleur des cas) toute une équipe de techniciens talentueux, chapeautés par un metteur en scène aussi bien visionnaire que maître d'orchestre, j'avais perdu de vue le visage brut du génie. Dans ce documentaire, Patrick Bokanowski s'efface derrière les mains du peintre Henri Dimier, pour laisser la créativité pure s'exprimer. Animé des mêmes int…

Je veux seulement que vous m'aimiez (1976)

Peter est un gentil allemand, tendance je-me-laisse-marcher-sur-les-pieds. Il amène des fleurs à ses parents, à sa grand-mère, à sa femme, mais ils ont l'habitude, ils ne font plus gaffe, ils s'en foutent. D'ailleurs ses parents ont tellement l'habitude de l'avoir à leur botte qu'ils le remercient à peine après que gentil Peter leur ait construit une maison. Gentil Peter ne proteste pas contre son boss qui le paye u…

Thirty Years of Adonis (2017)

Que le réalisateur veuille filmer des beaux mecs à poil, avec une mise en scène un peu léchée mais au fond franchement gratuite, fondamentalement ça ne me gêne pas. Au bout d'une heure par contre, le temps commence à se faire bien long. Mais quand dans le dernier quart d'heure, Scud se sent de justifier son voyeurisme artsy, entre prétentions kharmiques et condescendance de cinéaste ("au fond j'aide mes acteurs à ré…

Tokyo Vampire Hotel (2017)

Je sais pas ce qui m'a fait le plus mal pendant cette séance : les torrents de violence, ou bien la débauche de fric grâce à la complicité d'Amazon. Sans doute plus le fric, en fait. Même si le spectacle sanguinolent est éreintant et désagréable, Sono Sion parvient à lui donner du sens en le raccordant avec le parcours désenchanté de son héroïne. Un monde indifférent, stupide et brutal, bourré de doutes et d'illu…

Mansfield 66/67 (2017)

Signé par les producteurs exécutifs de Room 237, ce docu semble en partager les mêmes tares (sur les base des retours que j'ai croisés). Des parallèles et des coïncidences forcées sont tracées autour de la vie de l'actrice Jayne Mansfield, pour embellir l'histoire de sa mort qui est d'une banalité tristounette. La première partie qui tentait d'expliquer son personnage au sein de la hiérarchie des stars hollywoodienn…

Thelma (2017)

De timides notes fantastiques disséminées le long d'une histoire coming-of-age assez attendue. La mise en scène est presque craintive par rapport à l'angoisse qu'elle veut instiller ; on sait que Joachim Trier ne vient pas du cinéma fantastique, mais enfin ça n'excuse pas non plus cette approche si réservée que le long-métrage en devient inoffensif. L'écriture des personnages est plus équilibrée, et leur interpré…

Mad God: Part 1 (2014)

Phil Tippett, le génie derrière les effets spéciaux de Star Wars, Jurassic Park, Starship Troopers (...) réalise dans l'ombre, depuis le début des années 2010, un film dont on peut déjà dire qu'il marquera l'histoire du cinéma d'animation. Sans dialogue, presque sans intrigue, mais storyboardé dans les moindres détails, Mad God est une plongée apocalyptique fascinante. Chaque plan, sans exception, regorge d'ambition…

Barbara (2017)

Post-moderne par excellence, Barbara (le film) est sans cesse engagé dans une lutte contre lui-même. Mais une lutte tendre, amoureuse, plutôt un mélange, une fusion. Sujet, acteur et auteur ne font qu'un, ou bien deux, si l'on croit bon de séparer le couple Balibar-Amalric. Un jeu de miroirs infinis capturé sur une seule surface d'écran, inédit non par cet entrelacement des frontières narratives (Irma Vep et, beauco…

Le sacrifice (1986)

Reprise de ce que j'avais dit sur Stalker, et qui tient plus que jamais : "J'ai beaucoup d'estime pour la maestria technique de Tarkovski et pour son originalité. Je suis plus partagée vis-à-vis de sa constante morgue. Quant à sa philosophie, c'est bien simple, je suis franchement pas intéressée, et presque contre. J'ai déjà exposé ailleurs mes positions camusiennes, en particulier que l'absence d'espoir face …

L'anguille (1997)

L'Anguille, comme Rosetta, Wild at Heart, ou le dernier Ken Loach, fait partie des palmes cannoises dont il est difficile de concevoir qu'elles acclament plus un film, que l'ensemble de la carrière de leur metteur en scène. Les multiples plans construits en profondeur, les intérieurs domestiques, les drames passionnels, les personnages bloqués dans les bas-fonds de l'échelle sociale japonaise... l'esprit d'Imamura e…

Dangerous Days: Making Blade Runner (2007)

Je craignais de me lancer dans ce making-of fleuve après avoir essuyé dix minutes de commentaire superficiel et barbant de la part du sieur Scott. Sept ans et demi après avoir découvert ce film (je sors d'une séance d'archéologie fb pour retrouver cette date, si si), je n'ai pas franchement besoin qu'on me décrive ce qui se passe à l'écran. Peut-être les deux autres commentaires enregistrés sur le final cut sont-ils…

Massoud, l'Afghan (1998)

"Tout devient dangereux, mais il n'y a aucun spectacle." Le reportage atypique de Christophe de Ponfilly dépasse amplement l'acte biographique. À la fin de ce film désenchanté ressort surtout l'amitié entre le commandant Massoud et le journaliste : la réserve et l'humilité du premier sont parfois percées de notes intimes inattendues, capturées sur le vif, tandis que le second brise rapidement les prétentions d'ob…

Personne ne veut jouer avec moi (1976)

Je ne sais pas ce qui a pu motiver Herzog à tourner ce court-métrage de commande. Pour rendre service à un ami, comme avec les Médecins volants ? Par exigence contractuelle après Avenir handicapé ? Pour tourner avec des enfants de maternelle ? Ou peut-être pour filmer un corbeau parlant ? En tout cas ce n'est pas le thème de l'isolement social qui fait vibrer le réalisateur ; il reste permis de s'imaginer le para…

How Much Wood Would a Woodchuck Chuck... (1976)

Le paradoxe sublime qui voit la langue, asservie par le rendement et l'orgueil, défigurée et monstrueuse, scintiller de personnalité et d'harmonie. La transfiguration inconsciente et magnifique opérée par des commissaires-priseurs de bétail. La langue, quoiqu'outil, n'est pas conditionnée à l'objectif argumentatif du langage ; il faut la laisser s'échapper ou bien, cinéaste amish-emin, s'en défaire.

Onibaba, les tueuses (1964)

La maîtrise des lumières est incroyable, les prises de vues sont aussi impressionnantes vis-à-vis du huis clos, et le traitement du son est souvent remarquable. Dommage alors que cette luxuriance technique soit au service d'une histoire élémentaire et distendue ; il ne s'agit jamais que d'une vieille femme qui, par puritanisme et par jalousie, veut empêcher sa belle-fille de rouler des patins à un hurluberlu... non ?

Happy Feet 2 (2011)

Mince, je me suis encore faite avoir par George Miller. Il y a moins d'action que dans le premier, moins de profondeur de pensée aussi, mais l'enthousiasme est toujours présent, et l'exercice d'écriture vaut d'être étudié. Le scénario fait encore plus dérailler le héros aux mille et un visages, pour répartir le poids des événements sur les épaules de chaque personnage, un à un. Ces variations de focus sont déroutant…

La meilleure façon de marcher (1976)

Le savoir-faire technique, ou en tout cas l'inventivité, fait défaut à l'équipe de Claude Miller pour son premier long-métrage, mais l'attention est tenue par les acteurs qui s'approprient très bien leurs rôles respectifs, tout particulièrement Patrick Dewaere. Partant de l'homophobie ancrée dans son personnage, le scénario développe avec justesse, sans grossissement de traits dramatique, à la fois les conséquences …

Dagen zonder lief (2007)

Le montage et le ton du Broken Circle Breakdown m'avait mise en rogne : jouer de contrastes aussi naïfs entre un couple passionnel et une gamine cancéreuse, faut laisser ça à W9, ou bien c'est le bûcher direct. On sent que van Groeningen préparait son coup dès son deuxième long-métrage, avec ce suicide qui débarque comme un cheveu sur la soupe et tourné au ralenti s'il vous plaît, et puis il y a aussi une autre affa…

L'Énigme de Kaspar Hauser (1974)

Je triture le problème depuis plus d'un mois maintenant. Comment parler de L'Énigme de Kaspar Hauser sans rentrer en contradiction avec son aversion envers un langage trop rationnel ? Même mon orgueil ne me permettra pas d'échapper à une logique aussi élémentaire. Et me voilà déjà à manier des notions de causalité quand je voudrais de tout cœur les fuir. Le mieux à faire est de reconnaître d'emblée mon échec : je n'…