Massoud, l'Afghan

un film de Christophe de Ponfilly (1998)

"Tout devient dangereux, mais il n'y a aucun spectacle."

Le reportage atypique de Christophe de Ponfilly dépasse amplement l'acte biographique. À la fin de ce film désenchanté ressort surtout l'amitié entre le commandant Massoud et le journaliste : la réserve et l'humilité du premier sont parfois percées de notes intimes inattendues, capturées sur le vif, tandis que le second brise rapidement les prétentions d'objectivité traditionnellement associées à sa profession, pour parler de ce qui lui tient profondément à cœur.

Entre eux deux, et tout autour d'eux, une guerre sans les filtres romancés ou esthétiques auxquels la fiction nous a habitués. Des disparus sans pleurs, des souffrances sans justice, des soldats sans convictions. Massoud, érudit mélancolique et manager de moudjahidin, se tient loin de la caste politique afghane minée par la corruption et les ambitions médiocres ; son refus de la chose administrative lui vaut des victoires éphémères, retraites et reconquêtes à répétition, et une indifférence de la scène internationale.

"Afghanistan, pays lointain, en guerre, dont tout le monde se fout, ou presque."