Le sacrifice

Offret

un film de Andrei Tarkovsky (1986)

vu le 11 septembre 2017 au Forum des images

Reprise de ce que j'avais dit sur Stalker, et qui tient plus que jamais :

"J'ai beaucoup d'estime pour la maestria technique de Tarkovski et pour son originalité. Je suis plus partagée vis-à-vis de sa constante morgue. Quant à sa philosophie, c'est bien simple, je suis franchement pas intéressée, et presque contre.

J'ai déjà exposé ailleurs mes positions camusiennes, en particulier que l'absence d'espoir face à la vie n'est pas synonyme d'un désespoir malheureux. Non seulement Tarkovski défend sa foi comme un chien affamé défendrait son os (voir le monologue final du stalker, touchant mais misérable, et aussi un peu prétentieux et condescendant...), mais en plus il le fait sans la moindre joie, comme s'il était en partie conscient du mensonge qu'il perpétuait mais refusait de l'admettre devant son public."

Le Sacrifice étale la conclusion de Stalker sur plus de deux heures, et je trouve ça proprement scandaleux. Tarkovski a plus de nerfs que Zulawski, mais les deux zozos partagent la même complaisance dans leurs affabulations philosophiques prétendument grandioses. Qu'il aille consulter Sartre, deux gouttes d'existentialisme et il pourra à nouveau ronfler comme un gros bébé, au lieu de noyer le poisson de son orthodoxie pathétique par le biais de déclamations volontairement obliques, et même pas poétiques.

En bonus, du sexisme à papa, les personnages féminins étant incapables de prendre part aux discussions profondes des hommes. Bah oui, elles sont trop occupées par leurs crises d'hystérie ou bien leur instinct maternel qui les fait pleurer pour défendre les enfants. On est au milieu des années 80, faudrait sortir de ta grotte Andreï...

Qu'on ne vienne pas me dire que les plans-séquences austères rattrapent le coup. La technique est ici un moyen, pas une fin en soi. Du détail par rapport au reste. Et il faut une poutre dans chacun des yeux, où des œillères de cinéphile mal à l'aise, pour ne pas remettre en question, au moins en partie, cette supercherie qu'est le culte de Tarkovski.