L'Anguille, comme Rosetta, Wild at Heart, ou le dernier Ken Loach, fait partie des palmes cannoises dont il est difficile de concevoir qu'elles acclament plus un film, que l'ensemble de la carrière de leur metteur en scène. Les multiples plans construits en profondeur, les intérieurs domestiques, les drames passionnels, les personnages bloqués dans les bas-fonds de l'échelle sociale japonaise... l'esprit d'Imamura est omniprésent. C'est peut-être la raison pour laquelle j'étais un peu à côté de la séance : j'aime l'humilité du réalisateur, et je sais son budget limité, mais le projet manque d'excitation, je ne vois pas ce qu'il cherche à révéler d'inédit.
On a un bonhomme qui transforme sa peur de la sexualité en jalousie et en haine de sa femme, jusqu'à l'assassinat. Bon. Fallait-il vraiment montrer un meurtre de conjointe pour illustrer l'impuissance et les craintes du japonais lambda ? Plus tard dans le film, l'intéressé tente de se justifier à moitié : "elle était parfaite, je l'aimais, je n'ai pas pu lui pardonner". Imamura reste discret derrière sa caméra, sans effet de manche, mais son silence suffit déjà à me faire trouver la situation plutôt douteuse.
Bien sûr, il faut dépasser ce niveau de lecture : c'est l'apparence immaculée de la fabrique sociale japonaise que Yamashita regrette, mais après avoir pris conscience de l'inanité de ces métros bondés et de ces soirées de pêche neurasthéniques, et avoir commis son acte de rébellion, il est condamné à un exil social sans rédemption possible. Plus exactement, il se retrouve jeté dans une prison symbolique, perdu en banlieue rurale de Tokyo, et bien que le monde qu'il a connu ne s'intéresse plus à lui, il recevra tout de même un soutien muet de la part des codétenus qui ont aussi vu à travers les règles artificielles et nocives du théâtre urbain.
Bref, il y a un peu à creuser, mais rien que ne me semble avoir déjà été dit.
L'Anguille, comme Rosetta, Wild at Heart, ou le dernier Ken Loach, fait partie des palmes cannoises dont il est difficile de concevoir qu'elles acclament plus un film, que l'ensemble de la carrière de leur metteur en scène. Les multiples plans construits en profondeur, les intérieurs domestiques, les drames passionnels, les personnages bloqués dans les bas-fonds de l'échelle sociale japonaise... l'esprit d'Imamura est omniprésent. C'est peut-être la raison pour laquelle j'étais un peu à côté de la séance : j'aime l'humilité du réalisateur, et je sais son budget limité, mais le projet manque d'excitation, je ne vois pas ce qu'il cherche à révéler d'inédit.
On a un bonhomme qui transforme sa peur de la sexualité en jalousie et en haine de sa femme, jusqu'à l'assassinat. Bon. Fallait-il vraiment montrer un meurtre de conjointe pour illustrer l'impuissance et les craintes du japonais lambda ? Plus tard dans le film, l'intéressé tente de se justifier à moitié : "elle était parfaite, je l'aimais, je n'ai pas pu lui pardonner". Imamura reste discret derrière sa caméra, sans effet de manche, mais son silence suffit déjà à me faire trouver la situation plutôt douteuse.
Bien sûr, il faut dépasser ce niveau de lecture : c'est l'apparence immaculée de la fabrique sociale japonaise que Yamashita regrette, mais après avoir pris conscience de l'inanité de ces métros bondés et de ces soirées de pêche neurasthéniques, et avoir commis son acte de rébellion, il est condamné à un exil social sans rédemption possible. Plus exactement, il se retrouve jeté dans une prison symbolique, perdu en banlieue rurale de Tokyo, et bien que le monde qu'il a connu ne s'intéresse plus à lui, il recevra tout de même un soutien muet de la part des codétenus qui ont aussi vu à travers les règles artificielles et nocives du théâtre urbain.
Bref, il y a un peu à creuser, mais rien que ne me semble avoir déjà été dit.