Peter est un gentil allemand, tendance je-me-laisse-marcher-sur-les-pieds. Il amène des fleurs à ses parents, à sa grand-mère, à sa femme, mais ils ont l'habitude, ils ne font plus gaffe, ils s'en foutent. D'ailleurs ses parents ont tellement l'habitude de l'avoir à leur botte qu'ils le remercient à peine après que gentil Peter leur ait construit une maison. Gentil Peter ne proteste pas contre son boss qui le paye une misère, et quand ce dernier lui dit que quand même, il a une tronche de déterré et s'il ne prend pas de vacances il risque de passer l'arme à gauche, il préfère demander plus d'heures sup' pour montrer qu'il est un bon élément de la société et pour offrir des cadeaux à sa femme (après avoir tenté de renforcer leur mariage en pondant un gosse). Vraiment Peter est une brave pomme, il suit toutes les règles, rend service, ne se fritte avec personne. Ça marche tellement bien qu'il se retrouve à étrangler un tenant de café qui n'avait rien demandé...
La réputation de Fassbinder me faisait attendre un film nettement plus trash et pamphlétaire, mais cette production télé, malgré une esthétique ouest-allemande prévisible quoique de circonstance (photo fraîche, décors indifférents, acteurs sans superbe, etc.), révèle à la fois une bonne connaissance des techniques cinématographiques (des cadres et des symétries un peu étudiées, disséminées avec équilibre), et surtout une écriture franchement intelligente. Il transforme ce drame, inspiré de faits réels, en un réquisitoire global contre l'horlogerie sociale allemande.
Face au manque d'affection de ses proches, Peter tente de rééquilibrer la balance avec divers stratagèmes consuméristes. Quand il comprend que les cadeaux ne servent à rien, il se rabat sur de pathétiques machinations pour tenter d'inspirer l'envie ("mes parents seront impressionnés quand ils verront la plaque d'immatriculation du taxi qu'on a payé depuis Munich"). La spirale d'endettement dans laquelle il sombre ne fait qu'accentuer sa tare originelle : une paresse de communication avec son entourage. Paralysé face à ses parents, menteur face à sa femme, muet avec ses collègues, il refuse de voir les mains bénévoles tendues vers lui, estimant qu'il peut et doit arranger sa situation tout seul, héritant de façon explicite le mutisme résigné de son propre père...
Peter est un gentil, qui veut montrer son attachement à ses proches. Mais comme il croit que sa valeur se rapporte directement à son pouvoir d'achat, c'est aussi un sacré idiot.
Peter est un gentil allemand, tendance je-me-laisse-marcher-sur-les-pieds. Il amène des fleurs à ses parents, à sa grand-mère, à sa femme, mais ils ont l'habitude, ils ne font plus gaffe, ils s'en foutent. D'ailleurs ses parents ont tellement l'habitude de l'avoir à leur botte qu'ils le remercient à peine après que gentil Peter leur ait construit une maison. Gentil Peter ne proteste pas contre son boss qui le paye une misère, et quand ce dernier lui dit que quand même, il a une tronche de déterré et s'il ne prend pas de vacances il risque de passer l'arme à gauche, il préfère demander plus d'heures sup' pour montrer qu'il est un bon élément de la société et pour offrir des cadeaux à sa femme (après avoir tenté de renforcer leur mariage en pondant un gosse). Vraiment Peter est une brave pomme, il suit toutes les règles, rend service, ne se fritte avec personne. Ça marche tellement bien qu'il se retrouve à étrangler un tenant de café qui n'avait rien demandé...
La réputation de Fassbinder me faisait attendre un film nettement plus trash et pamphlétaire, mais cette production télé, malgré une esthétique ouest-allemande prévisible quoique de circonstance (photo fraîche, décors indifférents, acteurs sans superbe, etc.), révèle à la fois une bonne connaissance des techniques cinématographiques (des cadres et des symétries un peu étudiées, disséminées avec équilibre), et surtout une écriture franchement intelligente. Il transforme ce drame, inspiré de faits réels, en un réquisitoire global contre l'horlogerie sociale allemande.
Face au manque d'affection de ses proches, Peter tente de rééquilibrer la balance avec divers stratagèmes consuméristes. Quand il comprend que les cadeaux ne servent à rien, il se rabat sur de pathétiques machinations pour tenter d'inspirer l'envie ("mes parents seront impressionnés quand ils verront la plaque d'immatriculation du taxi qu'on a payé depuis Munich"). La spirale d'endettement dans laquelle il sombre ne fait qu'accentuer sa tare originelle : une paresse de communication avec son entourage. Paralysé face à ses parents, menteur face à sa femme, muet avec ses collègues, il refuse de voir les mains bénévoles tendues vers lui, estimant qu'il peut et doit arranger sa situation tout seul, héritant de façon explicite le mutisme résigné de son propre père...
Peter est un gentil, qui veut montrer son attachement à ses proches. Mais comme il croit que sa valeur se rapporte directement à son pouvoir d'achat, c'est aussi un sacré idiot.