In the Mood for Love (2000)

Revu en salle. En public, la pudeur de ces amants, qui refusent d'apparaître dans le même cadre, qui vont jusqu'à se réfugier aux frontières diamétralement opposées de leurs plans respectifs malgré la distance précédente, déjà impitoyable. Et le montage temporel qui, régulier et imperturbable, abolit leur dichotomie, trahit leur attirance l'un pour l'autre. La promiscuité dans ces escaliers étroits, depuis le …

No Direction Home: Bob Dylan (2005)

Je ne me suis jamais retrouvé dans Bob Dylan, et ça n'a toujours pas changé, mais grâce au docu de Scorsese, je comprends mieux la fascination qu'il a exercé sur une génération d'américains. La personnalité du chanteur, ce qu'il veut accomplir (ou plutôt : ce qu'il a besoin d'exprimer, quelles que soient les réactions de son public), est aussi longuement discuté. Par contre, heureusement que je ne connaissais pre…

Assaut (1976)

Le deuxième film de John Carpenter est un actioner plutôt mou, et j'ai bien du mal à comprendre l'enthousiasme qu'il soulève. Pour un projet fauché, c'est proprement mis en scène, et Carpenter injecte quelques idées en plus de sa musique, et puis un ou deux synthés plutôt originaux pour l'époque quoique franchement simplets. La horde aveugle de voyous, presque zombifiée, annonce les silhouettes mutiques de Escape Fr…

The Lost City of Z (2016)

Quelqu'un a-t-il prévenu James Gray de l'existence d'un petit réalisateur allemand du nom de Werner Herzog ? Derrière ses apparats romantiques, The Lost City of Z ressemble fort à une version délavée du mythe du "conquérant de l'inutile", dont Fitzcarraldo et Aguirre restent les manifestations les plus éclatantes. Je peine à comprendre le besoin de reprendre cette légende pour n'effectuer qu'une relecture superficie…

Resident Evil : Chapitre final (2016)

J'ai déjà écrit des textes mesurés en défense de films bassement notés, et même contre les notes tout court, alors je vais me permettre ce soir de commencer par dire que j'emmerde sans concession tous ceux qui sont incapables de me prendre au sérieux quand je parle en bien de films à mauvaise réputation. Je le fais pas pour amuser la galerie, et encore moins par esprit de contradiction. C'est juste que je reste capa…

Split (2016)

Passer la séance à côté de mon ex a fait encore plus ressortir la futilité de ces personnages en carton et ces rebondissements sagement dosés. En plus, contrairement au précédent et encore plus fauché The Visit, Split ne cherche pas franchement à créer quoi que ce soit... C'est proprement filmé, quelques passages portent même une intensité honnête (la bête dans le couloir, surtout), mais dans l'ensemble ça manque sé…

Ghost Dog, la voie du samouraï (1999)

Cf. le texte du Sergent : "une forme d'ataraxie fascinante". Les choses éparpillées que je ne ferai qu'évoquer malproprement : _Jarmusch est tellement à l'aise et respectueux avec des acteurs en dehors de son milieu culturel, rien à voir avec Tarantino et sa caution black Samuel L. Jackson, et puis tous les blancs qui n'engagent que des blancs; _les cartoons reproduisent assez fidèlement les scènes qu'ils p…

Gimme Danger (2016)

Ni plus ni moins que ce que j'attendais sur la base de la bande-annonce (et malgré mon plus grand respect pour les films de fiction de Jarmusch) : un documentaire un peu enjoué et surtout encyclopédique sur Iggy Pop, avec puis sans puis avec les Stooges. Lorsque Jarmusch fait des efforts, sa mise en scène rappelle de loin Gondry, mais globalement c'est assez convenu. Cela dit je venais surtout pour me renseigner …

Fucking Kassovitz (2011)

L'histoire sage d'un tournage malfoutu. Les gars ont essayé de faire un film à 100 millions avec un budget de deux ou trois fois moins que ça, et manque de pot pour Kassovitz, pour Babylon A.D. c'est pas passé. En plus des problèmes avec Vin Diesel et puis les équipes techniques, on sent que la management du réalisateur n'était pas tip-top. Je ne saurais pas dire si c'est parce qu'il s'y prend mal ou parce qu'il a v…

Mammuth (2010)

Avec cette comédie féroce, Kervern et Delépine font preuve du même esprit punk que ce dont j'avais été témoin dans Le Grand Soir. Sur le message, ils se montrent impitoyables contre le mode de vie "travail débilitant + épargne = mirage de retraite + ennui". Leurs blagues sont cruelles, font mouche, et m'auraient sans doute plus dérangé si je n'étais pas déjà plutôt acquis à leur cause. Par contre la mise en scène es…

Yourself and Yours (2016)

Le HSS 2017 est un petit cru. Les premières scènes laissent croire que de vieux ressorts scénaristiques vont être traités plus frontalement qu'auparavant, la rumeur et l'alcoolisme notamment. Et puis la suite se déroule, on constate que Yourself and Yours dénonce un peu plus la misogynie que ses prédécesseurs, mais enfin c'est en plissant les yeux, et ça n'a rien de remarquable dans l'absolu. Je ne sais pas si je…

La La Land (2016)

Bof. Profitant du peu de mémoire collective, La La Land commence comme un épisode de Glee superproduit et surproduit, débauche visuelle et plan-séquence censément spectaculaire à l'appui. Directement, j'ai bien senti un profond amour du travail bien fait chez Chazelle, mais j'ai aussi trouvé éreintant (et presque indécent) de dépenser autant d'énergie pour illustrer des paroles surécrites et, appelons un chat un cha…

Vivre (1952)

J'ai déjà dit ailleurs que les jidaigekis de Kurosawa m'ont plus souvent ennuyé que le contraire, mais je craignais aussi qu'un drame contemporain comme Vivre me laisse froid, car l'expressionnisme de Dodes'kaden m'avait encore moins séduit. Eh bien non, je retiendrai pour l'instant Vivre comme l'épisode qui a racheté le maître japonais à mes yeux. La ligne de fond reste classique : au seuil d'une mort cancéreuse…

Moonlight (2016)

Auto-citation de mon texte sur Carol : En définitive, Carol est un écrin splendide et assez creux, mais sa simple existence, après J. Edgar et The Imitation Game, montre d'une façon presque bienvenue que l'homosexualité est à ce point acceptée par l'industrie du cinéma qu'elle a désormais sa place au sein des intrigues académiques les plus rasoirs. Reste à attendre le moment où les producteurs afférents pourront …

Une nuit sur terre (1991)

Le court-métrage avec Benigni est de trop. Je l'aime plutôt mais Night on Earth c'est pas (uniquement) un film de clowns, or l'italien phagocyte l'ensemble des vingt minutes de son temps d'apparition, et Jarmusch ne lui oppose aucun contre-poids. Les quatre autres suffisaient à composer un film assez irréprochable, énième variation du réalisateur sur le thème du spleen urbain. En plus dans Night on Earth, on voya…

Blueberry, l'expérience secrète (2004)

Je ne savais pas du tout ce que contenait ce fichier et je me suis arraché les yeux sur mon écran modeste avec ma copie crado, c'est dommage parce que les visuels psychés doivent joliment rendre dans de meilleures conditions. Et ça malgré la limite habituelle du : le montrer c'est bien, le vivre c'est quand même mieux. Au début je me disais que Jan Kounen avait pris trop littéralement le "acid" de "acid western",…

Le concours (2016)

Claire Simon dépeint sans fioriture, avec un montage un brin malicieux mais surtout observant, les épreuves du concours d'entrée de la Fémis. Le fond est dense et me donne envie de débattre plutôt que de me parler à moi-même, donc je resterai bref et épars. Le docu n'a pas peur de montrer le caractère arbitraire de certaines épreuves, dont l'investissement hétérogène des multiples correcteurs/jurés. Ça n'est pas …

Barberousse (1965)

J'ai rarement été autant tiraillé entre la révérence et l'indifférence. Je vois à chaque scène le savoir-faire technique et la délicatesse extrême de Kurosawa. Je sens sa juste indignation contre la misère sociale, et son sincère désintérêt envers la reconnaissance. Même Toshiro Mifune parvient à faire preuve de l'exacte réserve que son personnage incarne. Mais une fois de plus devant le maître japonais, je const…

Les valseuses (1974)

Gérard Depardieu et Patrick Dewaere, punks avant l'heure, insouciants et brutalement hédonistes, lancés éperdument dans une cavale éternelle. C'est atterrant de misogynie, couillon, destructeur, et pourtant. Ça me fait penser à quand j'étais gamin, quand je voyais presque tout à travers les yeux de mes parents. Ça me fait me projeter dans la jeunesse de mes parents. Plutôt début 80s que début 70s en vrai, mais qu'im…

Mourir comme un homme (2009)

Il y a un réalisateur portugais qui se prend à moitié pour Dolan et à moitié pour Weerasethakul. Sans trop de surprise, ça marche très mal. Plans auteuristes pompeux et risibles, dialogues appuyés et faux, c'est épuisant de vanité, et je n'ai pas le courage de me confronter à la deuxième heure. C'est quand même un peu dommage, parce qu'il y avait dans le scénario des éléments de dialogue sur le transsexualisme assez…