Mammuth

un film de Benoît Delépine, Gustave Kervern (2010)

Avec cette comédie féroce, Kervern et Delépine font preuve du même esprit punk que ce dont j'avais été témoin dans Le Grand Soir. Sur le message, ils se montrent impitoyables contre le mode de vie "travail débilitant + épargne = mirage de retraite + ennui". Leurs blagues sont cruelles, font mouche, et m'auraient sans doute plus dérangé si je n'étais pas déjà plutôt acquis à leur cause. Par contre la mise en scène est régulée et lisible, même au moment de certaines petites fantaisies humoristiques, de sorte que le fond n'en est jamais parasité.

Je regrette un peu l'histoire parallèle avec Adjani, qui connecte mal avec le reste ; comme avec Poelvoorde, on a l'impression que la prod les a fait tourner juste parce qu'elle avait les acteurs à disposition pendant deux ou trois jours. Une ou deux déclinaisons de la France profonde étaient aussi assez débiles et nuisaient à la crédibilité de l'ensemble (Depardieu qui fait une branlette à son vieux cousin du terroir, wtf). Mais ma plus grosse réserve reste la même que contre Le Grand Soir : critiquer et détruire c'est toujours facile, par contre pour reconstruire il y a plus personne.