À la recherche du temps perdu (1927)

Bonjour, bonsoir, Une fois n'est pas coutume, je tâcherai de rester concise. Je supprimerai mon compte SC le 10 décembre prochain. On fera un grand feu de joie avec Maratz. Trois raisons principales à ça. Si vous suivez un peu mon activité, ou si vous avez lu certains textes déjà lointains, vous n'êtes pas sans connaître mon scepticisme vis-à-vis de l'approche de la culture opérée par le site. Sans nier …

Satyricon (1969)

La direction artistique est épatante ; les visions de Fellini marient l'antique et le surréalisme sans aucune décence de proportions. L'interprétation, le doublage, la narration segmentée, tout concourt à l'impression que l'humanité ne tourne pas rond... Seulement on comprend au bout de quelques minutes que, dans le même registre que The Square, ce Satyricon n'est là que pour illustrer et marteler la prétendue laide…

Still Life (2006)

Jia Zhangke marque ses distances face aux bourreaux de la Chine traditionnelle, mais en est sans doute le plus beau fossoyeur. Still Life est un triste instantané de l'essor économique du pays : les familles se disloquent dans de grises tragédies, l'argent est le diapason du lien social, les immeubles explosent, les riches festoient, et le passé est littéralement englouti par le barrage des Trois Gorges. Pas glop.

Le sang du châtiment (1987)

Bien que tourné en 1986, Rampage voit Friedkin se débarrasser de l'outrance visuelle des 80s en faveur du réalisme cynique du début des 90s. Musique à gros sabots (Morricone cherchait aussi sa reconversion) et photographie plate, il reste beaucoup de plâtres à essuyer... La cabale judiciaire contre le psychopathe meurtrier et nazi n'est pas moins subtile que ledit accusé : la moitié du scénario s'abreuve de discu…

Danse avec les loups (1990)

En matière d'appréciation des espaces et des cultures, Dances With Wolves est à peu près aux Grandes Plaines ce que Lawrence of Arabia était à la péninsule arabique. Je pourrais pinailler sur l'accompagnement orchestral parfois pataud, la troisième heure parasitée par une romance textbook, ou encore le manque de profondeur du personnage principal (par négligence plus que par hypocrisie), mais je n'en ai pas moins ét…

La ballade de Bruno (1977)

Les Etats-Unis selon Herzog, terre de précarité et d'hypocrisie, plus cruelle encore que l'indifférente Allemagne par les insidieuses illusions qu'elle entretient. Ce créancier, coiffé vainement, qui vient s'excuser d'être fort contrarié d'avoir vraiment besoin de l'argent du prêt, pour la banque vous comprenez, une montre plaqué or au poignet. Une maison qui disparaît aussi vite qu'elle a été livrée. L'impasse sent…

Kung-fu master (1988)

Une femme esseulée s'amourache d'un garçon de quatorze ans, alors que le sida et les jeux vidéo deviennent une affaire publique. Les ados s'amusent avec des capotes et boivent jusqu'à se rendre malades ; Paris et la maison n'ont pas changé, et pourtant les repères du quotidien se sont écroulés, silencieusement, parce que dans la solitude, on a cru pouvoir échapper à la marche du monde. Douce et rêveuse parenthèse da…

Holy Motors (2012)

A tous les choix que nous pourrions faire A toutes les vies que nous pourrions mener A tous les mensonges que nous pourrions fuir A toutes nos morts dont nous pourrions nous rappeler A tous les genres que nous pourrions pasticher A toutes les images que nous pourrions créer A tous les rêves que nous pourrions raconter A toutes les aventures que Paris pourrait offrir Il semblerait qu'on puisse…

Les Paradis artificiels (1860)

Preuve, s'il en fallait, qu'on peut écrire des idioties avec le plus joli des styles. Avec Les Paradis artificiels, Baudelaire s'embourbe dans un procès truqué contre le haschich, puis l'opium. Même dans les sections où il décrit les effets positifs recherchés, il ne parvient pas à s'empêcher d'aligner des "vicieux" et "diaboliques", avec la subtilité combinée d'un prédicateur télévisuel américain et d'un bulleti…

The Square (2017)

Je ne parviens pas à retrouver immédiatement une source, mais il me semble avoir lu, quand Cannes battait son plein, que Ruben Östlund avait écrit The Square avec la compétition bien en tête. Ayant beaucoup accroché au précédent Turist, je gardais foi en le projet. Hélas, dès les premières minutes, le film prend effectivement des allures festivalières ronflantes... La raison principale pour laquelle The Square m'…

Shoah (1985)

Le documentaire fleuve de Claude Lanzmann affiche nettement son ambition de constituer un témoignage historique essentiel. S'il est certain que Shoah balayera efficacement toute protestation négationniste, malgré ses dignes intentions, je dois avouer que je manque de motivation pour lancer la « seconde époque ». Le cinéaste conçoit l'Holocauste comme la pire tragédie de l'Histoire, et veut lui ériger ce monument aux…

Blade Runner 2049 (2017)

Plus c'est gros, plus ça passe... Bien moins catastrophique que les courts-métrages promotionnels qui l'ont précédé, Blade Runner 2049 confirme tout de même qu'il était inutile de lancer une suite au classique que l'on connaît. Déjà, à contre-courant, je dois bien dire que je trouve que Denis Villeneuve est un pet. Le relativisme moral de Prisoners et Sicario, avec le recul, prend une teinte de lâcheté et d'escro…

Vorace (1999)

J'en suis à une heure de film et je m'ennuie comme un rat mort. Pour un western/survival/comédie noire, ça fait franchement tache... C'est sans doute ce mélange de genres qui empêche l'ambiance de se construire, qui m'empêche d'avoir envie d'y croire, plus encore que le personnage principal amorphe. Les choix musicaux inattendus confirment que la démarche est assumée, mais de mon point de vue l'expérience est ratée.

Harry dans tous ses états (1997)

Un épisode Allen avec ses bizarreries (étrange montage syncopé) mais sans prétention. Certaines répliques tombent à plat, d'autres marchent bien, et c'est pareil pour les acteurs. Dans son intersection des temporalités, du réel et de l'imaginaire, on repense un peu à The Purple Rose of Cairo, si ce n'est qu'ici Allen ne prétend pas expliquer les fantasmes cinématographiques de son public, mais simplement parler de s…

Los Angeles Plays Itself (2003)

La voix-off pleine de morgue fait un peu angoisser d'avoir lancé un docu de trois heures, mais le montage explique rapidement les intentions de Thom Andersen, et il est difficile de ne pas le rejoindre. Amoureux de la ville et de l'architecture, sensible aux questions d'urbanisme autant que d'histoire, il explique avec amertume la façon dont le simulacre Hollywood a dépossédé Los Angeles de son identité. La construc…

Les chaussons rouges (1948)

Il y a quelques années de ça, deux ou trois personnes m'avaient vendu The Red Shoes comme "Black Swan en mieux". En ce qui me concerne, si je devais me fendre d'un parallèle moderne, j'évoquerais plutôt Whiplash. La danseuse des Red Shoes n'est pas à la recherche de la perfection, mais plutôt d'une combinaison de talent, d'amour et de reconnaissance (dans cet ordre de préférence). C'est son hésitation qui la préserv…

Carnage (2011)

Une bonne farce satirique. En parallèle : tristesse amusée face aux affiches publicitaires de "D'après une histoire vraie", placardées des titres des anciens succès du réalisateur, parce qu'aucune revue n'ose dire du bien d'un film loin de faire l'unanimité ? Ou parce que personne n'ose s'associer avec Polanski ? Je ne sais pas si c'est l'endroit pour en débattre intelligemment, mais je dois avouer que je ne c…

Collatéral (2004)

Ma cinéphilie a démarré en tombant à la télé sur Femmes au bord de la crise de nerfs, puis Collateral quelques semaines plus tard. Je ne comprenais pas bien ce qui se passait ni dans l'un ni dans l'autre, mais le caractère et la volonté des metteurs en scène était suffisamment prégnants à travers l'écran pour me marquer au fer rouge. Pendant des années, j'ai craint de relancer le film de Michael Mann, de peur d'y re…

Les héritiers (1964)

Passeron et Bourdieu déconstruisent le système universitaire français du début des années 60, pour faire ressortir notamment l'hypocrisie qui consiste à nier le poids de l'origine sociale des étudiants dans leur parcours. S'il peut exister une discrimination positive, elle n'est jamais administrée que comme un pardon condescendant. Ils illustrent aussi les façons dont les étudiants et les professeurs fuient leurs…

Mother! (2017)

J'aime bien, encore plus que les cinéastes qui croient à fond dans leur vision, les films qui font largement débat. Je regrette de ne pas me retrouver dans le camp des admirateurs de mother!, mais ça ne m'empêche pas de vouloir apporter ma pierre à l'édifice critique d'une œuvre qui, gageons-le, sera regardée d'ici quelques années avec la révérence fascinée ou l'amusement moqueur qui font l'héritage de The Tree of L…