Plus c'est gros, plus ça passe... Bien moins catastrophique que les courts-métrages promotionnels qui l'ont précédé, Blade Runner 2049 confirme tout de même qu'il était inutile de lancer une suite au classique que l'on connaît.
Déjà, à contre-courant, je dois bien dire que je trouve que Denis Villeneuve est un pet. Le relativisme moral de Prisoners et Sicario, avec le recul, prend une teinte de lâcheté et d'escroquerie intellectuelle que je ne suis jamais parvenue à digérer. Quant à Arrival, ce que j'avais écrit l'an passé s'applique malheureusement, presque mot pour mot, à 2049. Je me cite :
"J'en ai ma claque de ces zooms à deux à l'heure, de ces plans morts et statiques entrecoupés de rares rotations de caméra froides et léthargiques, de ces successions de panoramiques qui disparaissent aussitôt de la rétine étant donné leur insignifiance, [...] de ces compositions électroniques amorphes qui abritent leur manque d'originalité derrière des prétentions atmosphériques (lentement mais sûrement, Jóhann Jóhannsson me sort par les trous de nez... remarquez, c'est quand même moins pompeux et risible que l'OST d'Interstellar)."
Dans un tour d'ironie dramatique, 2049 réunit Jóhannsson et Zimmer, pour un résultat affreux, avec des nappes de synthés monosyllabiques et écrasantes. (À noter aussi le mauvais goût absolu de l'explosion de son quand une prostituée dévoile ses seins. Sérieux ?) Le film charge les oreilles pour indiquer au spectateur qu'il faut sentir quelque chose, mais comme avec ses précédents films, Villeneuve n'est pas capable de dire quoi, de s'engager dans une histoire, il se montre un peu touche-à-tout sans rien formuler de nouveau ni d'incisif.
C'est là sans doute ma plus grande déception par rapport à 2049, et que je voyais venir avec Black Out 2022 et cie. Ridley Scott et ses équipes ont tenté d'imaginer le futur ; Denis Villeneuve et les siennes n'ont fait que mettre à jour les codes esthétiques du film original (inspirations principales : catalogue Ikea et boutique Apple)...
...Ils n'ont pas cherché à projeter les dérives, les obsessions et les craintes de leur époque, sauf peut-être l'idée qu'on semble de moins en moins capable de se sentir exceptionnel.le sans être validé.e par la technologie (sans non plus remettre en question cette quête individualiste, ça deviendrait trop profond là). Le reste des dialogues et l'intrigue (une enquête qui ne rechigne pas aux facilités, sous couvert de faire un film d'ambiance de-toute-façon-hein) se réfugient en conséquence dans un schéma balisé de drame filial. D'ailleurs je me recite : "toute la fantaisie et l'émotion que Villeneuve évite d'accomplir par l'image, il tente de la rattraper avec le récit de la vie de Louise".
Dans ces conditions, apprécier l'indéniable travail photographique de Roger Deakins devient difficile. Par moment, l'enchaînement de ses monochromes désaturés donne l'impression de feuilleter un magazine d'interior design, animé par une recherche esthétique que ne sous-tend aucune réflexion d'ensemble. Plusieurs plans reproduisent le film original simplement pour faire de la référence, ce qui ne fait que valider ce sentiment.
Ryan Gosling, pendant masculin de Kristen Stewart en matière de mannequinat bovin, a du coup toute sa place dans cette revue photo *spécial ombres*, mais un héros sans charisme pendant 2h40, c'est dur. Luv, Wallace, Joi, sont écrits et joués de façon superficielle ; seule Robin Wright, à la limite, échappe au recalage. Quant à Harrison Ford, il joue encore très bien (...petit plaisir de voir un mec pleurer après deux heures de ciné qui entretient tristement plein de codes genrés, mais c'est un autre débat), quoique son rôle reste assez passif.
J'ai eu une minute d'excitation, au début du générique. Pas parce que le film se terminait, mais justement parce qu'il avait l'air de commencer : du glitch art sympa doublé d'un morceau électronique menaçant (certes entendu un peu plus tôt pendant une poursuite inutile), enfin une association neuve à l'écran, quoi ! Autrement le seul éclat de futur que permet de voir 2049, c'est le fait que le cinéma a de moins en moins confiance en les capacités d'imagination de ses spectateurs. Il y aura des suites, mais sauf énorme chamboulement dans la production, ce sera sans moi.
Plus c'est gros, plus ça passe... Bien moins catastrophique que les courts-métrages promotionnels qui l'ont précédé, Blade Runner 2049 confirme tout de même qu'il était inutile de lancer une suite au classique que l'on connaît.
Déjà, à contre-courant, je dois bien dire que je trouve que Denis Villeneuve est un pet. Le relativisme moral de Prisoners et Sicario, avec le recul, prend une teinte de lâcheté et d'escroquerie intellectuelle que je ne suis jamais parvenue à digérer. Quant à Arrival, ce que j'avais écrit l'an passé s'applique malheureusement, presque mot pour mot, à 2049. Je me cite :
"J'en ai ma claque de ces zooms à deux à l'heure, de ces plans morts et statiques entrecoupés de rares rotations de caméra froides et léthargiques, de ces successions de panoramiques qui disparaissent aussitôt de la rétine étant donné leur insignifiance, [...] de ces compositions électroniques amorphes qui abritent leur manque d'originalité derrière des prétentions atmosphériques (lentement mais sûrement, Jóhann Jóhannsson me sort par les trous de nez... remarquez, c'est quand même moins pompeux et risible que l'OST d'Interstellar)."
Dans un tour d'ironie dramatique, 2049 réunit Jóhannsson et Zimmer, pour un résultat affreux, avec des nappes de synthés monosyllabiques et écrasantes. (À noter aussi le mauvais goût absolu de l'explosion de son quand une prostituée dévoile ses seins. Sérieux ?) Le film charge les oreilles pour indiquer au spectateur qu'il faut sentir quelque chose, mais comme avec ses précédents films, Villeneuve n'est pas capable de dire quoi, de s'engager dans une histoire, il se montre un peu touche-à-tout sans rien formuler de nouveau ni d'incisif.
C'est là sans doute ma plus grande déception par rapport à 2049, et que je voyais venir avec Black Out 2022 et cie. Ridley Scott et ses équipes ont tenté d'imaginer le futur ; Denis Villeneuve et les siennes n'ont fait que mettre à jour les codes esthétiques du film original (inspirations principales : catalogue Ikea et boutique Apple)...
...Ils n'ont pas cherché à projeter les dérives, les obsessions et les craintes de leur époque, sauf peut-être l'idée qu'on semble de moins en moins capable de se sentir exceptionnel.le sans être validé.e par la technologie (sans non plus remettre en question cette quête individualiste, ça deviendrait trop profond là). Le reste des dialogues et l'intrigue (une enquête qui ne rechigne pas aux facilités, sous couvert de faire un film d'ambiance de-toute-façon-hein) se réfugient en conséquence dans un schéma balisé de drame filial. D'ailleurs je me recite : "toute la fantaisie et l'émotion que Villeneuve évite d'accomplir par l'image, il tente de la rattraper avec le récit de la vie de Louise".
Dans ces conditions, apprécier l'indéniable travail photographique de Roger Deakins devient difficile. Par moment, l'enchaînement de ses monochromes désaturés donne l'impression de feuilleter un magazine d'interior design, animé par une recherche esthétique que ne sous-tend aucune réflexion d'ensemble. Plusieurs plans reproduisent le film original simplement pour faire de la référence, ce qui ne fait que valider ce sentiment.
Ryan Gosling, pendant masculin de Kristen Stewart en matière de mannequinat bovin, a du coup toute sa place dans cette revue photo *spécial ombres*, mais un héros sans charisme pendant 2h40, c'est dur. Luv, Wallace, Joi, sont écrits et joués de façon superficielle ; seule Robin Wright, à la limite, échappe au recalage. Quant à Harrison Ford, il joue encore très bien (...petit plaisir de voir un mec pleurer après deux heures de ciné qui entretient tristement plein de codes genrés, mais c'est un autre débat), quoique son rôle reste assez passif.
J'ai eu une minute d'excitation, au début du générique. Pas parce que le film se terminait, mais justement parce qu'il avait l'air de commencer : du glitch art sympa doublé d'un morceau électronique menaçant (certes entendu un peu plus tôt pendant une poursuite inutile), enfin une association neuve à l'écran, quoi ! Autrement le seul éclat de futur que permet de voir 2049, c'est le fait que le cinéma a de moins en moins confiance en les capacités d'imagination de ses spectateurs. Il y aura des suites, mais sauf énorme chamboulement dans la production, ce sera sans moi.