Une fois n'est pas coutume, je tâcherai de rester concise.
Je supprimerai mon compte SC le 10 décembre prochain. On fera un grand feu de joie avec Maratz.
Trois raisons principales à ça.
Si vous suivez un peu mon activité, ou si vous avez lu certains textes déjà lointains, vous n'êtes pas sans connaître mon scepticisme vis-à-vis de l'approche de la culture opérée par le site. Sans nier qu'il m'ait permis de nombreuses découvertes, et surtout plusieurs rencontres essentielles, je trouve son modèle, construit autour des notes, puéril et irresponsable. Je me suis expliquée ailleurs et je n'y reviendrai pas. Sur un même plan éthique, les publicités invasives rendent de plus en plus désagréable mon utilisation de l'interface, qui s'assimilait déjà à de la résistance, ou du parasitisme, en tout cas quelque chose de pas apaisant.
La raison suivante, plus marquée et un peu plus récente, tient à ce que, en gros, je ne crois plus en l'activité critique. Les notes, la plupart des textes, et même les débats menés dans les sphères ***philes, poussent l'inceste jusqu'à une stérilité généralisée. Le site, qui encourage à la gloutonnerie de culture sans soutenir d'autre résultat qu'un fade consensus autour d'élites privées de caractère, est un vecteur de premier plan pour cette vaine agitation. Mais les critiques professionnelles me laissent tout aussi désabusée. Arrivée au bout de mon exploration cinématographique, je ne parviens plus à comprendre cette excitation qui pousse à produire ou consommer des fac-similés d'oeuvres pourtant autosuffisantes (pendant que la plupart des oeuvres largement distribuées ressemblent déjà à de vains recopiages). Quant à savoir si l'immersion dans ce monde était le seul moyen pour développer mon individualité, l'assurance de mes positions, et l'horizon de mes connaissances : je n'en suis pas convaincue.
Ironiquement, mon sentiment de saturation est lié à l'assimilation diffuse de nombreuses oeuvres (au premier rang desquelles la Recherche tentaculaire et titanesque de Proust), qui m'ont lentement fait comprendre, d'un point de vue aussi personnel que fondamental, la prévalence de l'acte de création face à celui de consommation. J'ai quitté mon bureau et je me suis engagée dans des projets artistiques qui m'occuperont quelques mois, sinon quelques années. L'expression individuelle m'ouvre à des impressions profondes de dignité, que je ne conçois pas émaner du remâchage des productions d'autres artistes. Aussi, quand bien même l'activité de commentaire m'intéressait encore, j'ai déjà constaté que je n'ai plus d'énergie à accorder à une telle entreprise secondaire.
Voilà. C'est un peu radical, mais eh, pourquoi vivre à moitié ?
J'ai bidouillé quelques scripts pour récupérer les données que j'avais temporairement cédées à SC, et je travaille à la mise en place d'un site perso qui les archivera, mais qui servira surtout à partager mes productions actuelles et futures. Prévenez-moi si vous souhaitez garder contact. Bon courage pour vos propres projets !
Lettre de résiliation
Bonjour, bonsoir,
Une fois n'est pas coutume, je tâcherai de rester concise.
Je supprimerai mon compte SC le 10 décembre prochain. On fera un grand feu de joie avec Maratz.
Trois raisons principales à ça.
Si vous suivez un peu mon activité, ou si vous avez lu certains textes déjà lointains, vous n'êtes pas sans connaître mon scepticisme vis-à-vis de l'approche de la culture opérée par le site. Sans nier qu'il m'ait permis de nombreuses découvertes, et surtout plusieurs rencontres essentielles, je trouve son modèle, construit autour des notes, puéril et irresponsable. Je me suis expliquée ailleurs et je n'y reviendrai pas. Sur un même plan éthique, les publicités invasives rendent de plus en plus désagréable mon utilisation de l'interface, qui s'assimilait déjà à de la résistance, ou du parasitisme, en tout cas quelque chose de pas apaisant.
La raison suivante, plus marquée et un peu plus récente, tient à ce que, en gros, je ne crois plus en l'activité critique. Les notes, la plupart des textes, et même les débats menés dans les sphères ***philes, poussent l'inceste jusqu'à une stérilité généralisée. Le site, qui encourage à la gloutonnerie de culture sans soutenir d'autre résultat qu'un fade consensus autour d'élites privées de caractère, est un vecteur de premier plan pour cette vaine agitation. Mais les critiques professionnelles me laissent tout aussi désabusée. Arrivée au bout de mon exploration cinématographique, je ne parviens plus à comprendre cette excitation qui pousse à produire ou consommer des fac-similés d'oeuvres pourtant autosuffisantes (pendant que la plupart des oeuvres largement distribuées ressemblent déjà à de vains recopiages). Quant à savoir si l'immersion dans ce monde était le seul moyen pour développer mon individualité, l'assurance de mes positions, et l'horizon de mes connaissances : je n'en suis pas convaincue.
Ironiquement, mon sentiment de saturation est lié à l'assimilation diffuse de nombreuses oeuvres (au premier rang desquelles la Recherche tentaculaire et titanesque de Proust), qui m'ont lentement fait comprendre, d'un point de vue aussi personnel que fondamental, la prévalence de l'acte de création face à celui de consommation. J'ai quitté mon bureau et je me suis engagée dans des projets artistiques qui m'occuperont quelques mois, sinon quelques années. L'expression individuelle m'ouvre à des impressions profondes de dignité, que je ne conçois pas émaner du remâchage des productions d'autres artistes. Aussi, quand bien même l'activité de commentaire m'intéressait encore, j'ai déjà constaté que je n'ai plus d'énergie à accorder à une telle entreprise secondaire.
Voilà. C'est un peu radical, mais eh, pourquoi vivre à moitié ?
J'ai bidouillé quelques scripts pour récupérer les données que j'avais temporairement cédées à SC, et je travaille à la mise en place d'un site perso qui les archivera, mais qui servira surtout à partager mes productions actuelles et futures. Prévenez-moi si vous souhaitez garder contact. Bon courage pour vos propres projets !