La sociologie est un sport de combat (2001)

Une introduction à la fois aux études et aux méthodes de Pierre Bourdieu : déterminisme social, patriarcat (dont masculinité toxique), dissociation de l'homme et du scientifique, processus universitaire collaboratif... Confirmant le talent de Pierre Carles à la réalisation de documentaires, cette introduction est d'autant plus pertinente qu'elle fournit en parallèle des éléments importants de critique. La caméra …

Ghost in the Shell (1995)

Non que je cherche à dévaluer les talents impliqués, mais le Ghost in the Shell original m'a beaucoup rappelé Blade Runner : dans le temps qui est pris pour imaginer la ville du futur et pour la filmer proprement, dans l'enquête légèrement complexe et ultimement accessoire, et surtout dans les interrogations liées au transhumanisme. Parce que la vie est la première des transcendances (cogito, ergo sum), parce que…

Pas vu, pas pris (1998)

Assez similaire sur le fond à Juppé, forcément..., ce plus long documentaire relate les tentatives infructueuses de Pierre Carles en vue de faire diffuser à la télé, et de faire commenter par des journalistes, un court échange enregistré par erreur entre un ministre et un dirigeant de TF1. L'enregistrement en lui-même, qui date d'ailleurs de 1992, ne relève pas du scoop. Il ne fait que confirmer la proximité entr…

Juppé, forcément... (1995)

Pierre Carles révèle avec une fausse malice les biais des journaux Sud Ouest et France 3 Aquitaine à l'égard de la première candidature de Juppé aux municipales de Bordeaux. Malgré sa courte durée, le documentaire ne cède pas au complotisme, et met à mal l'image et les prétentions d'indépendance des médias traditionnels. Les journalistes, mis en face de leur traitement inégalitaire des candidats, fuyant les respo…

Queen of the Desert (2015)

Trois ans après sa sortie allemande, et toujours aucune distribution française en vue, j'ai résolu de mettre la main sur un fichier en ligne. Les décors envoûtants et la photographie soignée m'ont fait regretter de ne pas avoir vu le film sur grand écran, et les personnages sont joués avec une alchimie convaincante, mais le scénario mérite une part des critiques qui lui ont été adressées. Moyennement structuré et so…

John McCabe (1971)

The French title fails to convey the idea that the story is as much about McCabe as it is about Mrs Miller. Then again, even though the striking, evocative music from Leonard Cohen describes her as the main character from the start, the screenplay doesn't introduce her until much later, and it only makes mild attempts at putting a specific focus on her... Still, it remains a good revisionist western story, with f…

Inception (2010)

Ok, what if. What if a movie blatantly called Inception was actually a product of my dreaming mind, meant for the inception of the idea that this world isn't real? And it's saying I should reach for a more fulfilling, truthful life on another plane of consciousness? So maybe someone somewhere's been telling me with this pop culture needle in the whole of human creation, that I've been dreaming all along and I should…

Alps (2011)

Le long-métrage successeur de Canine ne parvient pas à en conserver la structure implacable. Bien que les personnages soient interprétés avec un détachement mécanique (une direction d'acteurs qui sera poussée à son paroxysme dans Mise à mort du cerf sacré), le scénario était diffus au point que je ne voie pas la logique d'ensemble s'en révéler. Des idées en vrac, tout de même. Les interactions sociales s'acquière…

Au-delà du réel (1980)

Après une première moitié bien ficelée, presque rigoureuse dans son intérêt scientifique pour les états de conscience alternatifs, le détour simiesque du scénario était plutôt gênant... Heureusement, les dernières minutes nettement plus fantastiques rattrapent le coup. Aussi osé que Les Diables, mais surtout bien moins gratuit ou grotesque.

Conte d'été (1996)

Les dialogues de Rohmer mettent malicieusement en valeur l'inanité des discours de chaque personnage : d'une part parce que la contradiction les guette à chaque nouvelle phrase, et d'autre part parce que, confronté·e·s à des choix concrets, leurs actes respectent rarement leurs mots. En réalité, même dans le conflit, c'est ici toujours une affaire d'élever sa propre personne, de prétendre à l'exceptionnalité tout en…

The Cell (2000)

Pour la faire simple : le premier long-métrage de Tarsem Singh, c'est son film suivant en beaucoup moins bien. Les séquences de bravade graphique, omniprésentes dans The Fall, sont irrégulièrement distribuées dans The Cell, et entrecoupées par une histoire régressive de FBI vs. tueur de femmes, peuplée de personnages en carton. La musique est pareillement lourde et idiote.

Star Wars : Épisode VIII - Les Derniers Jedi (2017)

Je comprends la controverse autour du film, qui se soucie moyennement d'émerveiller, et encore moins d'amuser. Certes, il y a quelques plans d'esthète, mais ça n'a plus rien à voir avec l'ambition de faire découvrir au public des mondes inconnus et fantaisistes. À l'image de Kylo Ren, Rian Johnson a tenté de couper les ponts avec le passé, avec les précédentes trilogies, et même avec l'épisode 7. Moins d'aventure, m…

Cris et chuchotements (1972)

La mise en scène de Bergman est toujours aussi engageante. Chaque scène, chaque plan a sa valeur, et invite à être lu en profondeur. Toutefois, après avoir vu Les Fraises sauvages et surtout Persona, cette élucidation est moins gratifiante. Les thèmes développés sont en effet très similaires : repli émotionnel, façade sociale, défis liés au genre féminin. Par ailleurs, la photographie est splendide, mais le motif bl…

Le Château ambulant (2004)

Miyazaki a un bon mot pour tout le monde : les soldats qui font des avances indésirables à Sophie, la sorcière des Landes et son amour jaloux, madame Suliman qui finit par arrêter la guerre d'un claquement de doigts avec un sourire en coin, et même Hauru qui se soucie plus de sa teinture que de sa famille de substitution. Bien sûr, la prévalence de l'amour et de la compassion font l'attrait émotionnel du film, et…

Le Roi de l'évasion (2009)

Bien que la photographie et le montage soient moins oniriques que dans L'Inconnu du lac ou Rester vertical, le troisième long-métrage de Guiraudie l'établissait déjà comme une voix importante du cinéma : parce qu'il écrit des personnages gays qui ne sont pas queer, parce qu'il montre une sexualité qui ne glorifie pas la jeunesse ni la perfection des corps, et encore parce qu'il filme la ruralité (et plus particulièr…

L'Apollonide (Souvenirs de la maison close) (2011)

C'est peut-être moi qui ai l'esprit encombré, mais il me semble que des programmes incompatibles s'affrontent dans L'Apollonide. En quoi le tableau timidement naturaliste d'une maison close en 1900 peut-il fournir un commentaire sur la prostitution contemporaine (comme le prétend clairement l'ultime scène) ? Est-il bien sérieux de s'adonner à une décadence de costumes et de musique, face à un enjeu social dont le fi…

Nashville (1975)

La satire des artistes, producteurs, politiciens... qui gravitent autour de Nashville, ambitieux·ses ou hypocrites, incrédules ou désenchanté·e·s, est déjà appréciable en elle-même. Mais la forme chorale du scénario de la collaboratrice d'Altman, Joan Tewkesbury, y ajoute le plaisir du puzzle : en tant que public, il s'agit d'identifier les pièces des personnages, repérer à la volée lesquelles s'emboîtent, se glisse…

Akira (1988)

Revu après quelques années, le scénario est bien plus simple que dans mes souvenirs. Le travail d'adaptation a permis d'écarter les innombrables aller-retours artificiels qui encrassent le manga. L'animation fait honneur aux dessins d'origine, une galerie d'aliénation urbaine. Et l'accent narratif mis sur les émeutes sociales renforce l'ambiance cyberpunk, à défaut de proposer une histoire franchement originale. La …

Jours de tonnerre (1990)

Les gentils gagnent, la donzelle saute sur le héros : le scénario est assez vaseux. Le traumatisme lié à l'accident aurait pu constituer plus qu'une séquence narrative, mais bon, forcément ça ne vend pas autant. Par contre, j'aime toujours autant le travail esthétique de Tony Scott, ou du moins de l'équipe qu'il dirige à chaque nouveau film. Décors maximalistes, photographie et musique exacerbées, montage rythmé …

Le voyage de Morvern Callar (2002)

Le portrait est plutôt arbitraire, mais chaque plan vibre du dévouement d'une femme réalisatrice pour la protagoniste à laquelle elle a décidé de donner vie. Quoique moins caractérisée que dans le précédent Ratcatcher, la photographie reste très soignée. Et la bande-original témoigne d'un goût et d'un éclectisme encore plus rares : Aphex Twin, Boards of Canada, Can, Taraf de Haïdouks...