Alps

Alpeis

un film de Yorgos Lanthimos (2011)

Le long-métrage successeur de Canine ne parvient pas à en conserver la structure implacable. Bien que les personnages soient interprétés avec un détachement mécanique (une direction d'acteurs qui sera poussée à son paroxysme dans Mise à mort du cerf sacré), le scénario était diffus au point que je ne voie pas la logique d'ensemble s'en révéler.

Des idées en vrac, tout de même. Les interactions sociales s'acquièrent par mimétisme. Cela s'oppose à la compréhension du non-vivant qui, dans Canine, passait par le langage. Elles se maintiennent par le mélange de plaisir et de crainte qui forme le souhait de l'appartenance au groupe. Elles conservent irrémédiablement un caractère artificiel.

La rupture des conventions est source de panique et de honte, mais elle peut être absoute avec l'accord des participants qui n'ont pas commis d'infraction. C'est la différence principale entre les deux personnages féminins : la première voit l'affront commis dans la scène d'ouverture ultimement pardonné, tandis que la seconde est exclue, excommuniée, du fait de son silence qui équivaut de facto à une absence de repentir.

Lanthimos est autant cinéaste que sociologue, et je me demande à quel point le coup au visage porté à l'infirmière est une mise en scène littérale du « perdre la face » de Goffman.