Au-delà du réel (1980)

Après une première moitié bien ficelée, presque rigoureuse dans son intérêt scientifique pour les états de conscience alternatifs, le détour simiesque du scénario était plutôt gênant... Heureusement, les dernières minutes nettement plus fantastiques rattrapent le coup. Aussi osé que Les Diables, mais surtout bien moins gratuit ou grotesque.

Conte d'été (1996)

Les dialogues de Rohmer mettent malicieusement en valeur l'inanité des discours de chaque personnage : d'une part parce que la contradiction les guette à chaque nouvelle phrase, et d'autre part parce que, confronté·e·s à des choix concrets, leurs actes respectent rarement leurs mots. En réalité, même dans le conflit, c'est ici toujours une affaire d'élever sa propre personne, de prétendre à l'exceptionnalité tout en…

Fugue in Void (2018)

It's rather embarrassing to say, because its creator obviously put a lot of heart and effort into it, but Fugue in Void too often feels like a rehash of NaissanceE. Admittedly a strong source of inspiration to Moshe Linke, both games offer atmospheric experiences inside neo-brutalist environments. Obviously, these architectural tendencies are not bound by any copyright, but Fugue in Void has pretty much the same …

The Cell (2000)

Pour la faire simple : le premier long-métrage de Tarsem Singh, c'est son film suivant en beaucoup moins bien. Les séquences de bravade graphique, omniprésentes dans The Fall, sont irrégulièrement distribuées dans The Cell, et entrecoupées par une histoire régressive de FBI vs. tueur de femmes, peuplée de personnages en carton. La musique est pareillement lourde et idiote.

Star Wars : Épisode VIII - Les Derniers Jedi (2017)

Je comprends la controverse autour du film, qui se soucie moyennement d'émerveiller, et encore moins d'amuser. Certes, il y a quelques plans d'esthète, mais ça n'a plus rien à voir avec l'ambition de faire découvrir au public des mondes inconnus et fantaisistes. À l'image de Kylo Ren, Rian Johnson a tenté de couper les ponts avec le passé, avec les précédentes trilogies, et même avec l'épisode 7. Moins d'aventure, m…

Shrug Island - The Meeting (2018)

Contrary to most games feeding from conflict, Shrug Island - The Meeting thrives on balance. A follow-up to a most lovable short film, it not only conveys the same rare feeling of connectedness, but it succeeds in harnessing interactive media in order to express it with even more resonance. Following yet another cycle of seasons, Li and Shri are back on the Island. Although separated, they can interact with their…

Cris et chuchotements (1972)

La mise en scène de Bergman est toujours aussi engageante. Chaque scène, chaque plan a sa valeur, et invite à être lu en profondeur. Toutefois, après avoir vu Les Fraises sauvages et surtout Persona, cette élucidation est moins gratifiante. Les thèmes développés sont en effet très similaires : repli émotionnel, façade sociale, défis liés au genre féminin. Par ailleurs, la photographie est splendide, mais le motif bl…

Le Château ambulant (2004)

Miyazaki a un bon mot pour tout le monde : les soldats qui font des avances indésirables à Sophie, la sorcière des Landes et son amour jaloux, madame Suliman qui finit par arrêter la guerre d'un claquement de doigts avec un sourire en coin, et même Hauru qui se soucie plus de sa teinture que de sa famille de substitution. Bien sûr, la prévalence de l'amour et de la compassion font l'attrait émotionnel du film, et…

Le Roi de l'évasion (2009)

Bien que la photographie et le montage soient moins oniriques que dans L'Inconnu du lac ou Rester vertical, le troisième long-métrage de Guiraudie l'établissait déjà comme une voix importante du cinéma : parce qu'il écrit des personnages gays qui ne sont pas queer, parce qu'il montre une sexualité qui ne glorifie pas la jeunesse ni la perfection des corps, et encore parce qu'il filme la ruralité (et plus particulièr…

L'Apollonide (Souvenirs de la maison close) (2011)

C'est peut-être moi qui ai l'esprit encombré, mais il me semble que des programmes incompatibles s'affrontent dans L'Apollonide. En quoi le tableau timidement naturaliste d'une maison close en 1900 peut-il fournir un commentaire sur la prostitution contemporaine (comme le prétend clairement l'ultime scène) ? Est-il bien sérieux de s'adonner à une décadence de costumes et de musique, face à un enjeu social dont le fi…

Yume Nikki (2004)

Yume Nikki ne semble pas se soucier d'être joué ou non ; son existence propre est sa première réussite, sa principale préocupation. L'exploration libre des cauchemars de cette fille recluse, peuplés d'autant de déserts labyrinthiques que de créatures indifférentes, trace un portrait kaléidoscopique aux teintes d'isolement social et de violence traumatique, où les pinceaux se mêlent aussi de questionnement de genre e…

Nashville (1975)

La satire des artistes, producteurs, politiciens... qui gravitent autour de Nashville, ambitieux·ses ou hypocrites, incrédules ou désenchanté·e·s, est déjà appréciable en elle-même. Mais la forme chorale du scénario de la collaboratrice d'Altman, Joan Tewkesbury, y ajoute le plaisir du puzzle : en tant que public, il s'agit d'identifier les pièces des personnages, repérer à la volée lesquelles s'emboîtent, se glisse…

Akira (1988)

Revu après quelques années, le scénario est bien plus simple que dans mes souvenirs. Le travail d'adaptation a permis d'écarter les innombrables aller-retours artificiels qui encrassent le manga. L'animation fait honneur aux dessins d'origine, une galerie d'aliénation urbaine. Et l'accent narratif mis sur les émeutes sociales renforce l'ambiance cyberpunk, à défaut de proposer une histoire franchement originale. La …

Jours de tonnerre (1990)

Les gentils gagnent, la donzelle saute sur le héros : le scénario est assez vaseux. Le traumatisme lié à l'accident aurait pu constituer plus qu'une séquence narrative, mais bon, forcément ça ne vend pas autant. Par contre, j'aime toujours autant le travail esthétique de Tony Scott, ou du moins de l'équipe qu'il dirige à chaque nouveau film. Décors maximalistes, photographie et musique exacerbées, montage rythmé …

Le voyage de Morvern Callar (2002)

Le portrait est plutôt arbitraire, mais chaque plan vibre du dévouement d'une femme réalisatrice pour la protagoniste à laquelle elle a décidé de donner vie. Quoique moins caractérisée que dans le précédent Ratcatcher, la photographie reste très soignée. Et la bande-original témoigne d'un goût et d'un éclectisme encore plus rares : Aphex Twin, Boards of Canada, Can, Taraf de Haïdouks...

Cuphead (2017)

Pour respirer, j'avais besoin d'un jeu sans message, qui n'exige rien du cerveau, à part peut-être l'accomplissement de quelques fonctions reptiliennes... Le design des multiples boss est varié et stimulant, mais une fois les patterns bien assimilés, il ne s'agit guère plus que d'exécuter les bons réflexes aux bons moments. L'histoire est un prétexte creux pour simuler une progression vers un but insignifiant. …

BoJack Horseman (2014)

Pendant les deux premières saisons, la coqueluche animée de Netflix me rappelait incessamment Mad Men, retravaillée pour un plus large public sur la base d'un humour rythmé et raisonnablement acide. Ça se regarde très bien, mais ça tenait un peu de la redite, qui plus est affaiblie par le constant second degré qui empêche les éléments dramatiques de remuer en profondeur. Et puis, pour les deux saisons suivantes, …

Tess (1979)

D'habitude, je parle avec réserve de Roman Polanski. Il reste impliqué dans (au moins) une affaire criminelle et immonde dans les années 70. Mais le feuilleton judiciaire qui a suivi, surmédiatisé et interminable, un différent jeu de pouvoir, bien qu'il ne m'écœure pas autant, me laisse dubitative. Par ailleurs, depuis Repulsion jusqu'à La Vénus à la fourrure, Polanski et ses actrices ont régulièrement composé des p…

DMT: The Spirit Molecule (2010)

Plusieurs intervenant·e·s de ce documentaire semblent avoir des connaissances dignes d'être partagées au sujet du psychotrope. Malheureusement la mise en scène leur fait gravement défaut. Le montage, peu structuré et sans introduction, éparpille ses objectifs, ne parvient pas à choisir, peine à communiquer un message durable. La première demi-heure est émaillée de théories qui, sans être farfelues, n'ont fait l'o…

Au-dessous du volcan (1947)

Journal d'une odyssée alcoolique et infernale, Under the Volcano se démarque par une narration intensément psychologique, qui colle à l'indécision, à la confusion et à la souffrance de ses trois personnages principaux. Le style, expressionniste dans son adhésion subjective à ces âmes perdues, et simultanément d'un vocabulaire riche et exigeant, donne son intérêt à la lecture, mais la rend aussi particulièrement diff…