Yume Nikki

un jeu de Kikiyama (2004)

Yume Nikki ne semble pas se soucier d'être joué ou non ; son existence propre est sa première réussite, sa principale préocupation. L'exploration libre des cauchemars de cette fille recluse, peuplés d'autant de déserts labyrinthiques que de créatures indifférentes, trace un portrait kaléidoscopique aux teintes d'isolement social et de violence traumatique, où les pinceaux se mêlent aussi de questionnement de genre et de video game escapism.

Aucune création de ce média ne saurait mieux se revendiquer du surréalisme, tout en parvenant à conserver l'interactivité, à rendre engageante la découverte du personnage. Ce dédale n'est pas habité de symboles, mais de manifestations oniriques indéchiffrables, dont l'assemblage seul est susceptible de porter un sens complexe, par ailleurs toujours irréductible par les mots. L'infiltration trouve sa source dans nos instincts morbides, et profite de la confusion de nos lacis psychologiques pour persister...